L’assassinat odieux de l’activiste patriote tunisien Mohamed Brahmi intervient à moment crucial de l’histoire de la révolution tunisienne et de celle des événements gravissimes qui se passent en Syrie, en Egypte et en Irak.
C’est le troisième assassinat politique qui se produit depuis la fuite du dictateur Ben Ali et le remplacement de son régime par la troïka qui doit gérer provisoirement le pays en attendant qu’une nouvelle constitution soit promulguée et que des élections législatives et présidentielles soient organiser pour la mise en place des institutions poste révolutionnaires.
La ressemblance des circonstances du déroulement de ces trois meurtres, le fait qu’ils aient concerné des personnalités dont les convictions politiques et le militantisme les plaçaient plutôt dans un même courant de pensée, celui anti-islamiste et le fait qu’ils
se sont produits à un moment où ce sont les islamistes d’Ennahda qui mène le gouvernement de transition, attestent qu’une seule main était derrière et que la Tunisie risque fort bien de voir nombre d’autres opposants à l’actuel régime éliminés par le même procédé dans les semaines qui viennent…
Ce soir-même alors que nous mettions cet article sur le web, une dépêche nous est parvenue de Gafsa annonçant la mort d’un autre militant du Front Populaire, Mr. Mohamed Bel Moufti suite à des blessures au niveau de la tête, causées par un projectile lancé par les forces de l’ordre sur la victime. La situation sécuritaire en Tunisie commence ainsi à prendre une allure jamais connue dans le pays au temps de la dictature et menace encore de gagner en gravité.
Ce risque tout à fait possible aux yeux de plusieurs observateurs, incite nombre de citoyens tunisiens à avoir des doutes quant à la volonté du gouvernement islamiste d’œuvrer pour l’intérêt de tout les tunisiens et le soupçonnent de vouloir consacrer seulement la stratégie d’Ennahda. Plus grave encore, nombreux à présent ceux qui accusent directement ce mouvement de «continuer à protéger les assassins de Chokri Belaid, de contribuer à la propagation de la violence, du terrorisme intellectuel et politique et de semer la discorde pour préserver ses propres intérêts». Hamma Hammami, porte-parole du Front populaire, appelle d’ores et déjà «les Tunisiens, de toutes les régions, à la désobéissance civile jusqu’à la chute de la coalition au pouvoir et à la dissolution de l’Assemblée nationale constituante».
Dans un communiqué publié le jeudi 25 juillet, le Parti des travailleurs impute la responsabilité de l’assassinat de Mohamed Brahmi, coordinateur du courant populaire, au régime au pouvoir, gouvernement, présidence, ANC et Troïka. Il recommande aux composantes de la société civile d’entamer des concertations en vue de la formation d’un gouvernement de salut national qui dirigera la Tunisie et engagera des préparatifs pour l’organisation des élections libres et démocratiques.
Nous publions ci-dessous, un éloquent article que nous avons emprunté à notre confrère Tunisie-Focus et qui met beaucoup de lumières sur ce qui s’est passé depuis l’assassinat du grand militant Choukri Balaid et sur les circonstances qui ont été celles de ces odieux meurtres .
Explosif : Toute la vérité sur l’assassinat de Mohamed Brahmi
et sur le terroriste Boubaker el-Hakim
Par Karim ZMERLI
Lotfi Ben Jeddou, le ministre de l’Intérieur, n’a pas dit toute la vérité sur les assassins de Mohamed Brahmi. Ou bien il prend les Tunisiens pour des idiots, ou bien il est idiot lui-même, ou bien encore il travaille plus pour Ennahda que pour la Rans épublique. Pourquoi Mohamed Brahmi a été tué ? Pourquoi c’est seulement maintenant qu’on révèle l’identité des assassins de Chokri Belaïd ? Pourquoi n’ont-ils pas été arrêtés avant de commettre ce second crime politique ? Qui est réellement Boubaker el-Hakim et où se trouve t-il ? Depuis jeudi, beaucoup d’informations et de désinformations, des analyses logiques et des élucubrations débiles inondent les réseaux sociaux. Voici notre synthèse et nos révélations, afin que nos lecteurs puissent y voir plus clair et découvrir toute la vérité.
C’est demain samedi, 27 juin 2013, qu’auront lieu les funérailles de Mohamed Brahmi, qui a été assassiné devant chez lui, en plein jour. Il sera enterré à côté d’un autre défunt, Chokri Belaïd, qui a été abattu par le même gang islamo-terroriste. Cet élu d’une Assemblée constituante dont il aurait dû démissionner depuis longtemps, tant ses positions étaient aux antipodes de ce conglomérat d’opportunistes, est parti très jeune, en laissant la Tunisie seule devant son destin.
Qui était Mohamed Brahmi ?
Né en 1955 à Sidi Bouzid, Mohamed Brahmi était beaucoup plus un panarabe nassériste qu’un gaucho-trotskiste. Il était membre des Etudiants arabes progressistes et unionistes jusqu’en 2005, date à laquelle il a décidé de créer le Mouvement unioniste nassériste, un organe travaillant dans la clandestinité. Après la chute du régime Ben Ali, il créa le Mouvement du peuple, au nom duquel il a été élu à l’Assemblée constituante, y représentant la région de Sidi Bouzid, la ville dont les cybers-collabos et les mercenaires des Etats-Unis ont exploité la colère sociale pour déstabiliser la Tunisie. Mohamed Brahmi est un vieux militant qui a été arrêté en 1981 et en 1986, mais qui a été rapidement relâché en bénéficiant d’un non-lieu. Il appartient à une famille modeste mais digne, à l’inverse de la tribu de Mohamed Bouazizi.
Pourquoi a-t-il été assassiné ?
Il a été parmi les tous premiers élus à critiquer violemment les représentants d’Ennahda au sein de cette Assemblée intellectuellement arriérée et moralement infecte. Parmi les premiers aussi à s’en prendre aux opportunistes du CPR et d’Ettakatol, dont celui qui fait office de président de l’Assemblée constituante, l’inqualifiable Mustapha Ben Jaafar. Il a eu l’audace de dire, à la face de tous ces collègues « élus » et viscéralement accrochés à leur 4700 dinars mensuel, que les élections du 23 octobre 2011 ont été trafiqué. Mais là où Mohamed Brahmi a dépassé les lignes rouges, c’est lorsqu’il a courageusement dénoncé la mainmise du Qatar sur la Tunisie, n’hésitant pas à dénoncer les traitres d’Ennahda et du CPR. Dès lors, son nom a rejoint la liste des personnalités à abattre.
Qui l’ont tué ?
Leurs noms ont été communiqués par le ministre de l’Intérieur lors de sa conférence de presse, tenue aujourd’hui même. Il s’agit de Boubaker el-Hakim, Lotfi Zine, Salman Marrakchi, Marwan Belhadj-Salah, Ezzeddine Abdelwali, Ali Herzi, Ahmed Rouiss et Kamel Ghadghadi. Il se trouve que Marwan Belhadj-Salah a été bel et bien tué en Syrie, à Halep, où il a été accomplir son « devoir » de djihadiste, après avoir pris part à l’assassinat de Chokri Belaïd. Il a pu quitter la Tunisie grâce au réseau mafieux et terroriste de Saïd Ferjani et Abdelhakim Belhadj. Si ce ministre de l’Intérieur censé assurer la sécurité des Tunisiens était compétent, il aurait su que Marwan Belhadj-Salah, plus connu sous le nom « Abou Ismail Al Farouk Attounsi » et originaire du Kram, est décédé fin juin 2013 en Syrie lors d’affrontements entre l’armée arabe syrienne et l’armée des traitres et des mercenaires islamo-atlantistes !
Pourquoi ces criminels n’ont pas été arrêtés avant ?
C’est la question que tout le monde se pose et à laquelle Lotfi Ben Jeddou a eu du mal à répondre. Le ministre de l’Intérieur a reconnu lui-même que ce gang était « sous la surveillance de la police depuis quelque temps », parce qu’ils sont les auteurs de l’assassinat de Chokri Belaïd ! Autrement dit, nous savions qu’ils ont commis un meurtre politique, mais nous les avons laissé en liberté…en attendant on ne sait quoi. Pourtant, depuis la mort de Chokri Belaïd le 6 février dernier, la pression nationale et internationale était très forte pour savoir qui a tué cet homme politique. Alors pourquoi un tel laxisme et mutisme ? Tunisie-Secret vous donne la réponse : parce que ce groupe de terroristes devait encore servir à quelques opérations noires et parce que leur arrestation risquait de dévoiler les noms des commanditaires, tous en connexion directe ou indirecte avec Ennahda. Plus grave encore –et c’est là notre révélation- sur les neuf terroristes cités par le ministre de l’Intérieur, trois ont bénéficié de la grâce présidentielle. A savoir : Lotfi Zine, Ali Herzi et Ahmed Rouiss. Cette révélation est parfaitement vérifiable au registre des amnistiés tenu par le ministère de la Justice.
A qui profitait l’Omerta ?
Tenir secret les noms des assassins de Chokri Belaïd arrangeait donc tout le monde : Rached Ghannouchi, celui qui avait déclaré que les « salafistes violents lui rappellent sa jeunesse », Moncef Marzouki qui, depuis que les islamistes l’ont installé à la présidence, a libéré 17000 criminels, les 8000 restants ayant été amnistiés avant le 23 octobre 2011, et enfin le ministre de l’Intérieur lui-même, qui se la joue républicain alors qu’il est aux ordres d’Ennahda. Ce trio mafieux a décidé de sacrifier le gang en question parce que la pression de l’opinion publique et de la classe politique est devenue insupportable et dangereuse compte tenu des événements en Egypte. Il fallait bien faire une petite concession pour éviter le pire. Cette concession devait être faite le 25 juillet, non sans avoir pris les précautions d’alerter ce groupe terroriste pour qu’il disparaisse dans la nature et pour certains, à l’extérieur de la Tunisie. C’est le cas du chef de gang, Boubaker el-Hakim.
Déjà en 2005, Libération retraçait le parcours terroriste de Boubaker el-Hakim
C’est un extrait de l’article de Patricia Tourancheau, titré « Destination fatale » et publié dans Libération le 22 février 2005 : Le 11 juin 2004, la Direction de la surveillance du territoire (DST) retrouve la trace des frères El-Hakim… en Irak par un SMS adressé à un activiste de la mosquée Iqra de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) : «Le groupe est bien arrivé. Je vous contacterai si j’ai besoin d’aide.» Depuis la reprise de l’Intifada dans les territoires palestiniens, les policiers avaient noté une radicalisation des esprits dans le XIXe arrondissement de Paris et quand l’intervention militaire américaine en Irak rallie, le 29 mars 2003, 100 000 manifestants à Paris, les Renseignements généraux repèrent «un groupe de jeunes du XIXe très engagés et virulents… Ils remarquent particulièrement les frères El-Hakim en djellaba et keffieh, sans savoir que l’aîné Boubakeur étudie dans un institut islamique en Syrie et que le cadet Redouane va lui emboîter le pas. Puis, ils les perdent de vue. Le SMS leur apporte la preuve que des jihadistes français se trouvent en Irak. Bientôt, la DST apprend que Redouane el-Hakim, 19 ans, a été tué le 17 juillet 2004 lors de combats à Fallouja, bombardé par les Américains. A la même époque, son frère Boubakeur, 23 ans, se fait attraper à la frontière syro-irakienne, sans passeport. Dans une petite cité tranquille du bassin de la Villette, leur sœur aînée Khadija entrouvre sa porte, rajuste son foulard et, debout dans l’encoignure, déverse sa colère contre les médias, la DST, les autorités françaises. Elle s’emporte contre les versions officielles : «Redouane n’est pas parti en Irak, mais en Turquie au printemps 2004 pour acheter des vêtements.»… C’est dans ce coin du XIXe que la mère, les trois fils et deux filles El-Hakim sont arrivés en 1998 «tous habillés à l’européenne». Après la faillite de son échoppe de restauration rapide à Saint-Denis, Redouane plus versé dans la boxe que dans les affaires, a vendu des vêtements sur les marchés avec son frère aîné. De Boubakeur en détention en Syrie depuis huit mois, Khadija dit que c’est «parce qu’il avait perdu ses papiers». Leur mère, partie à Damas débloquer la situation, a retrouvé son passeport avec son visa, les a apportés à l’ambassade de France qui «ne fait rien pour récupérer mon frère», s’insurge Khadija… Quand la guerre éclate en Irak en mars 2003, «le Croissant rouge (organisation humanitaire, ndlr) à Damas explique aux étudiants que les Irakiens ont besoin d’aide : plusieurs jeunes dont Boubakeur y sont allés pour porter secours, pas pour combattre», raconte-t-elle. Au Grand Hôtel de Bagdad, les passeports de ces petits soldats de «l’humanitaire» auraient été «réquisitionnés». Et Boubakeur interpellé une première fois sans papiers à la frontière sur le chemin de Damas, a été renvoyé en France. Après ce retour forcé à Paris, il se marie, travaille sur les marchés «pour payer son billet d’avion 600 euros et ses études qu’il a laissées en suspens à Damas car la bourse ne suffit pas». Boubakeur el-Hakim repart au printemps 2004, avant l’accouchement de sa femme qui doit le rejoindre. Il est intercepté en partance pour la nouvelle terre de jihad. Toujours plantée sur le pas de sa porte, Khadija jure le contraire, avec aplomb : «Ce n’est pas pour le jihad que mes deux frères sont allés là-bas.» Quand on évoque l’intégrisme ou le salafisme, elle tranche : «ça n’existe pas. Il y a une religion, l’islam et un livre, le Coran, c’est tout.»
Boubaker el-Hakim n’est pas mort et il se trouve quelque part en Libye
Né à Paris le 1er août 1983, de parents tunisiens, Boubaker el-Hakim est un terroriste notoire dont l’ancien régime de Ben Ali avait demandé l’extradition par le biais d’Interpol (6 mai 2001). Les services tunisiens l’ont repéré par rapport à son gourou, un certain Farid Benyettou, chef du « groupe des Buttes-Chaumont » et membre d’Ennahda. Il a été mis en examen et écroué à Paris en janvier 2005, parce qu’il était considéré par les enquêteurs comme le chef spirituel et recruteur du groupe de jeune parisiens qui cherchaient à rejoindre le djihad en Irak. Le 4 juin 2005, Boubaker el-Hakim – dont le frère Radwan, 19 ans, a été tué en juillet 2004 en Irak -, a été mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » par le juge de la section anti-terroriste du Parquet de Paris, Jean-François Ricard. Il a ensuite été placé sous mandat de dépôt par un juge des libertés et de la détention (JLD), conformément aux réquisitions du parquet. En 2008, il a été condamné à 8 ans de prison ferme. Il n’en a fait que quatre, puisqu’il a été relâché en décembre 2012. Comme d’autres pays européens, la France voulait se débarasser de sa racaille islamo-terroriste. Deux semaines après sa libération, il est rentré en Tunisie ! Moins de deux mois après son retour, il a participé à l’assassinat de Chokri Belaïd, le 6 février 2013 ! D’après nos informations, il se trouve actuellement en Libye.
L’implication d’Imed Daïmi, secrétaire général de ce qui reste du CPR
Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Imed Daïmi est, comme les 95% qui constituent le CPR, un islamiste recyclé dans la vitrine droit-de-l’hommiste d’Ennahda, à savoir le parti de Moncef Marzouki. Ce visage « innocent » cache un dangereux fédérateur d’activistes qui rallient le grand banditisme au militantisme islamo-cépériste. « C’est vous qui avez donné 1.800.000 dinars à la sécurité parallèle et à des associations louches et terroristes », lui avait lancé, sur les ondes de Shems FM, le redoutable Lazhar Akremi, avocat, ex-secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur chargé de la Réforme des services de sécurité, et actuel porte-parole de Nida Tounes. Lazhar Akrémi avait raison et savait de quoi il parlait. Imed Daïmi est l’un des mercenaires du Qatar, principal soutien des Frères musulmans et et robinet financier du djihadisme teroriste, y compris celui d’Al-Qaïda. Le 2 juillet dernier, Imed Daïmi s’est envolé à Doha en compagnie de Rached Ghannouchi. Comme l’a écrit Business News, « Le CPR n’a publié aucune information sur l’objet de cette mission bien spéciale et sur ses résultats. Les lecteurs imaginent bien ce que M. Daïmi est allé chercher chez les Al-Thani ». Mais comme ne le sait pas encore notre confrère, Imed Daïmi est ami sur facebook avec Ahmed Rouissi et Lotfi Zine, les deux terroristes impliqués dans l’assassinat de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, et dont les noms figurent sur la listes des amnistiés par Moncef Marzouki !!!
Karim Zmerli