Les toutes récentes déclarations des responsables américains à propos de l’éventuelle mise en oeuvre de leur décision d’armer les groupes de rebelles en Syrie, et d’établir une zone d’exclusion aérienne au delà du Jourdain en profondeur du territoire syrien, atteste de la volonté des USA de faire monter les enchères à propos de la solution attendue de leurs négociations avec les russes pour le problème syrien.
Une telle décision n’apporte rien de tout à fait nouveau sur le terrain puisque l’armement américain et britannique parvenait déjà aux rebelles syriens avant même que les événements sanglants dans ce pays n’en commencent à se produire. Roland Dumas, l’ancien ministre socialiste français des Affaires Etrangères vient de faire une déclaration suivant laquelle, des officiels britanniques lui avaient confié il y a deux ans déjà qu’une guerre se préparait contre la Syrie et que des activités de mobilisation et d’entrainement de mercenaires surtout arabes étaient déjà en exécution.
Cet armement et ces entrainement consacrés aux rebelles ont même pris de l’ampleur avec la rentrée en scène du Qatar et de l’Arabie Saoudite qui ont pris en charge le financement des lots d’armes très sophistiquées achetées en occident et destinées aux rebelles syriens et aux mercenaires qui combattent à leur côté (des informations parlent de 100 milles originaires de 82 pays)
Ce qui est vraiment nouveau, c’est l’information émanant du Ministère Américain de la Défense (Pentagone) suivant laquelle, les jets F-16 stationnés en Jordanie ; ainsi que les missiles Patriot qui y ont été montés au départ pour des soi-disant manœuvres militaires contingentes, resteront en Jordanie après la fin de ces manœuvres, à propos desquelles le pouvoir jordanien prétendait qu’elles n’étaient nullement dirigées contre la Syrie.
Cette déclaration a été accompagnée d’un rapport par le Wall Street Journal hier, soit le 13/06/2013, qui a annoncé que des responsables américains envisageraient la possibilité d’imposer une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la zone sud de la Syrie, zone qui couvre 40 kilomètres de large le long de la frontière avec la Jordanie. Le Journal estime que la mise en œuvre de cette zone exclusive n’aurait pas besoin d’une autorisation du Conseil de sécurité, dès lors que l’aviation américaine opérera uniquement à partir de l’espace jordanien et ne s’aventurerait pas dans celui de la Syrie. Ainsi, les américains n’auront pas à dépêcher des forces terrestres dans le territoire interdit au survole des avions syriens. Seuls les avions et les missiles américains qui survolent le nord de la Jordanie seront utilisés pour empêcher l’aviation syrienne de pénétrer dans la zone d’exclusion aérienne, donnant un avantage aux rebelles pour déclarer qu’ils tiennent une partie du territoire sous leur contrôle permanent…
Par cette manœuvre diabolique, les américains exercent des pressions aussi bien sur le régime syrien que sur les russes qui n’ont plus d’alternative facile à digérer : qu’ils s’inclinent à la volonté occidentale de destituer le régime syrien ou qu’ils répondent à l’escalade par l’escalade en fournissant des armes qui pourraient atteindre les avions américains même dans l’espace aérien jordanien. L’idée, bien sûr, est que si les avions américains attaqueraient les avions syriens à partir de l’espace aérien jordanien, et que les défenses aériennes syriennes tireraient des missiles pour abattre des avions américains, ceux-ci pourraient riposter en attaquant directement la Syrie dans ses profondeurs sans pour autant revenir au Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Et même si la Syrie s’adresserait à ce conseil, il lui sera difficile d’obtenir de lui qu’il fasse cesser l’agression ainsi configurées puisque les USA, le Royaume-Uni et la France bloqueraient en retour tout projet de décision en ce sens.
C’est pourquoi Moscou a critiqué immédiatement la déclaration de Washington sur l’éventuelle mise en place d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie et a invité « les États-Unis à respecter les ententes russo-américaines sur le règlement du conflit syrien », a indiqué jeudi le porte-parole de la diplomatie russe Alexandre Loukachevitch. « Les propos tenus hier par le porte-parole de la Maison-Blanche concernant l’instauration éventuelle d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de la Syrie nous incitent à mettre en doute la sincérité du désir de certains de nos partenaires internationaux et régionaux […] de contribuer au règlement politique dans ce pays », lit-on dans la déclaration de M. Loukachevitch mise en ligne sur le site du ministère russe des Affaires étrangères.
Décidément, l’occident donne l’impression qu’il n’est pas prêt à lâcher du leste dans cette affaire qui augure de faire de cet été en perspective, l’été le plus chaud depuis les canicules qu’avait connues la longue période où s’était déroulée la guerre du Viêtnâm!
Sami Shérif