Par Sami SHERIF
Une tentative de coup d’Etat au Qatar menée par le général Ahmed Ben Ali Attya vient d’avoir lieu le mardi 11 juin. C’est la chaîne de télévision satellitaire saoudienne Al Arabiya qui; la première, a annoncé cette information immédiatement reprise par la chaîne iranienne El Alam et qui s’est propagée du coup sur le net.
Selon Al-Arabiya, citant des sources arabes, un groupe de hauts officiers de l’armée quatarie; une trentaine d’officiers dirigés par le commandant de la garde royale, Hamad Ibn Attayia, a tenté de renverser l’émir Hamad qui a quitté son palais au moyen d’hélicoptère des forces américaines accourues sur les lieux à son secours. Il a été ainsi évacué vers un lieu sûr et inconnu. Ces sources font également état de violents accrochages et d’échanges de tirs entre la garde royale et le groupe de putchistes. Un très grand nombre de soldats américains ont participé activement à ces affrontements. Des hélicoptères américaines survolent toujours la capitale Manama.
D’autres sources nient catégoriquement que l’Emir ait eu à faire face à un putsch militaire et parlent d’une simple collision ayant eu lieu entre deux camions-citernes près du palais présidentiel de l’Émir Hamad. De l’avis de ces sources, cet accident d’ampleur inédite a provoqué une forte explosion qui aurait amené les forces de l’ordre dont des militaires américains à encercler les lieux et empêcher quiconque de s’approcher de la zone.
La nouvelle de la tentative de coup d’état a coïncidé avec une déclaration de personnalités issues des familles proches de l’émir du Qatar et des opposants au régime actuel, dans lequel ils annonçaient la non reconnaissance de la légitimité de l’émir Hamad Ben Khalifa, pour le remplacer par son frère Abdelaziz Ben Khalifa Ben Hamad réfugié en France.
La déclaration de l’opposition qatari, signée par 66 opposants politiques ainsi que des personnalités qataries et des familles régnantes, parmi lesquelles 16 personnalités de haut rang dans cette famille, comportait de graves accusations contre l’émir actuel du Qatar, entre autres, ses relations avec Israël et les Etats Unis d’Amérique. Il est accusé de travailler pour les Etats-Unis et de créer la discorde entre les pays arabes en plus de son implication avec la famille de son épouse dans des affaires de corruption et d’injustice sociale contre des milliers de citoyens qataris.
Les signataires de la déclaration n’ont pas omis de mentionner l’épouse de l’émir, connue sous le nom de « Cheikha Mouza bent Nacer El Mesned », dont les apparitions dans les différents médias, en tenue contraire aux coutumes du Qatar, qu’ils considèrent « indécent». Ses enfants, ajoutent-ils, se sont accaparé le pouvoir et les biens des qataris par l’usage du pouvoir.
A rappeler que l’actuel émir du Qatar a démis son père de ses fonctions, dans l’opération « Palais blanc », cheikh Khalifa al-Thani en 1995, au moment où ce dernier était en voyage. Le prince limogé a refusé pendant de longues années de reconnaître la légitimité de ce coup d’Etat et a vécu pendant cinq ans entre l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, avant de retourner à Doha en 2005 pour assister aux funérailles de l’une de ses épouses.
Depuis, il a eu le titre honorifique « l’émir père », mais il s’est éclipsé totalement des feux de la rampe, et certaines fuites disent qu’il est en résidence surveillée. Alors que d’autres avancent qu’il est dans l’un des centres médicaux réputé de Doha, où il reçoit des soins contre des maladies de vieillesse qui s’aggravent depuis deux ans.
Ce putsch manqué n’a surpris personne. Tout le monde s’attendait à ce qu’il y ait des événements de ce genre étant donné que la famille princière est fortement divisée depuis l’avènement de Hamad à la tête du pays par le renversement de son père. Déjà dans un passé récent, des tentatives de destituer l’émir actuel ont eu lieu. En juillet 2009, les autorités qataries avaient déjoué une tentative de coup d’Etat contre l’émir Hamed Ben Khalifa Al-Thani. L’émir avait alors procédé à l’arrestation de 30 officiers de l’armée dont cinq officiers de sa garde rapprochée et assigné à résidence des cheikhs de sa famille. A l’époque déjà, on parlait de l’implication du commandant Ahmed Ben Ali Attya, chef d’état major de l’armée qatarie, dans ce putsch manqué. Par ailleurs, on n’excluait pas également l’implication de personnalités de la famille régnante dans cette rébellion. En février 2011, l’émir du Qatar a été l’objet d’une autre tentative de coup d’Etat. Notons que le Qatar contient la plus grande base militaire américaine dans la région, ce qui explique la présence de militaires américains qui gèrent en partie la formation des agents qataris.
Le régime instauré par Hamad a tout fait depuis son avènement pour multiplier ses ennemis dans toute la région arabe. Seuls les USA, Israël et le Royaume-Unis le soutiennent. L’Arabie Saoudite le Koweit, les Emirats-Arabes-Unis n’avaient accueilli qu’à contre coeur l’arrivée de Hamad au pouvoir à travers un putsch contre son père. Ils n’apprécient nullement ses comportements et ses positions à propos de nombre d’affaires politiques et financières dans le monde arabe. L’Iran quant à lui, considère Hamad comme un ennemi non moins important puisqu’il a permis aux américains d’installer dans son pays la plus grande base aéro-navale hors des USA et d’où l’aviation américaine pourrait l’attaquer. Honni à l’intérieur de son pays aussi bien par une partie de sa famille que par son peuple, l’Emir n’a pour seuls soutiens que ceux des américains et des israéliens.
Sami Shérif