Par Sami SHERIF
Les islamistes égyptiens ont fait savoir que les droits des femmes allaient à l’encontre des principes de l’Islam et « l’égalité hommes-femmes ne veut rien dire dans la culture musulmane ». Ce mouvement intégriste estime que la société égyptienne n’est pas concernée par la Déclaration des Nations-Unies sur les Droit des Femmes. Mais le représentant de l’Etat égyptien aux travaux de la 57e session annuelle de la Commission de l’ONU sur le statut de la femme, a dû s’incliner avec ceux du Soudan, de l’Iran et quelques autres à la volonté d’une majorité écrasante des membres de cette commission qui a pu finalement, en souscrivant à quelque amendements-compromis, adopter le texte final d’une Déclaration dite contre la violence faite aux femmes.
C’est à l’occasion de la faite des femmes du 8 mars dernier et en commentant les travaux de la 57e session annuelle de la Commission de l’ONU sur le statut de la femme qu’un certain nombre de responsables du mouvement des Frères Musulmans ont annoncé leur refus de la déclaration de l’ONU sur les droits des femmes, contre la violence fait aux femmes. Selon eux, cette déclaration «inclut des articles qui contredisent les principes établis de l’islam, sapent l’éthique islamique et détruisent la famille, qui est la base de la société, selon la Constitution égyptienne. Si on l’adoptait, cette déclaration parachèverait l’invasion culturelle et intellectuelle des pays musulmans, éliminant la spécificité morale qui préserve la cohésion des sociétés islamiques.»
Rien dans cette Déclaration n’encourage à y souscrire, tel est leur conclusion à propos de ce texte qui n’était jusq’à aujourd’hui qu’un projet en discussion au sein de la commission onusienne. « Empêcher la violence conjugale, autoriser les épouses à travailler ou voyager sans accord du mari, à avoir la même autorité que le père sur les enfants, à hériter autant que les hommes, permettre aux femmes non mariées d’avoir des relations sexuelles, accorder des droits aux enfants nés hors mariage », toutes ces stipulations constituent pour eux des éléments qui illustrent fort bien les signes d’ « une véritable « invasion » culturelle à combattre…
Se sentant en perte de vitesse par rapport aux salafistes et cherchant en conséquence à se faire mieux voir de la frange conservatrice de la population, les Frères Musulmans ont ainsi décidé d’endosser sans remords l’habit d’islamistes et tablent sur le fait qu’ils auront de cette manière la possibilité d’attirer le vote salafiste lors des prochaines élection législative, vote avec lequel ils pourront remplacer celui des quelques progressistes qu’ils ont perdu juste après les dernières élections de la constituante.
Tellement à leur garde, ils ne se cachent pas derrière de vagues professions de protection des valeurs traditionnelles. C’est au nom du droit à la différence culturelle, q’ils avouent bel et bien vouloir continuer à faire de la femme une mineure. Mais la crédibilité de leur position nécessitait l’appui d’AL Azhar, seule autorité religieuse indépendante à décider pour ce genre d’affaire.
Aujourd’hui, l’Onu a pu à faire; non sans concession il est vrai, ratifier ce document par l’Egypte officielle. Mais l’essentiel des stipulations concernant la femme ont
été maintenues dans la version adoptée. Au départ, l’Egypte; avec au pouvoir un homme issu de cette même organisation des Frères musulmans, même s’il l’a officiellement quittée pour mieux remplir ses devoirs de président, semblait aller jusqu’au bout avec sa position. Mais il parait que le Président Morsi s’est laissé convaincre de l’opportunité d’y souscrire d’une part pour plaire à ses amis occidentaux, et de l’autre pour des raisons qui tiennent à l’impératif d’améliorer son attractivité vis à vis des libéraux pour les convaincre de revoir leur position quant à leur refus de participer aux élections prochaine, et ce, en leur donnant des gages quant à la façon dont sera rédigée la prochaine constitution, puisque celle-ci sera tenu de respecter les stipulations de la nouvelle déclaration onusienne.
Sami Shérif