Par Sami SHERIF
Depuis l’avènement des Frères musulmans à la tête du pouvoir égyptien, l’Iran n’a pas cessé d’exprimer son ardent désire de normaliser les relations entre les deux pays, relations qui avaient été suspendues après la révolution iranienne. Le Président iranien n’a cessé de répéter depuis lors que la révolution égyptienne est un prolongement de celle de l’Iran…Mais le Président Morsi faisait une sourde oreille à ces appels, critiquant même en public l’appui accordé à la Syrie contre ses rebelles. C’est seulement aujourd’hui qu’un signe d’apaisement de ces relations est apparu avec la visite entamée au Caire ce mardi 5 janvier 2013 par le Président iranien Ahmadiejad, et ce, bien que le but avancé pour cette visite est la participation aux travaux du sommet des pays islamiques.
C’est une visite qui intervient après un gel des relations qui a duré depuis 1979. Le protocole réservé par la présidence égyptienne à l’accueil de Mahmoud Ahmadinejad est significatif, car il a été accueilli à sa descente d’avion par le Président Morsi lui-même et a reçu les honneurs dignes d’un grand chef d’État étranger.
Ahmadinejad ne pouvait manquer à ce rendez-vous providentiel pour s’approcher de Morsi, lui-même s’étant rendu à Téhéran il y a quelques mois dans les mêmes circonstances, celle d’un sommet des non-alignés cette fois-ci. Pour le Président iranien, il aurait été maladroit de manquer à ce sommet alors que son homologue égyptien était bien présent à Téhéran au mois d’aout 2012, bien que ceci n’avait abouti à aucun résultat, même pas à un rétablissement des relations diplomatiques. Il est sûr que le Président iranien table sur cette visite pour forcer la main à Morsi pour au moins reprendre ces relations, en attendant le moment opportun pour leur donner un coup de pousse…Sachant que c’est son pays qui était à l’origine de cette rupture avec l’Égypte, puisque c’est l’Iran qui avait mis fin à ces relations en guise de protestation contre Anouar al-Sadate qui venait de conclure les accords de Camps David avec Israël. « Je vais essayer d’ouvrir la voie au développement de la coopération entre l’Iran et l’Égypte », a-t-il dit dès sa descente d’avion.
Pour nombre d’observateurs, les deux pays étant membres de l’Organisation de la Coopération Islamique (OCI), qui tient son 12e sommet mercredi et jeudi au Caire, il serait anormale qu’ils ne reprennent pas des relations régulières, à un moment où l’Égypte a préservé ses relations diplomatiques et autres avec Israël, Etat considéré par les peuples musulmans et nombre d’autre comme un État voyous, ne respectant aucunement la légalité internationale.
Toutefois, des voix se sont élevées parmi les islamistes sunnites et même chez des courant politique pour critiquer cette visite. Des personnalités du courant salafistes ont même protesté contre cette visite et comptent le faire même dans les lieux qu’Ahmadinejad compte visiter au Caire. De son côté, Mohamed Anouar al-Sadate, frère de l’Ancien Président égyptien assassiné par des militaires islamistes, et président du Parti de la Réforme et Du Développement a également critiqué la visite et l’éventuel rétablissement des relations entre les deux pays.
Sami Shérif