Syrie : le raid de l’aviation sioniste visait la destruction d’un site de recherche technologique

Attaque israélienne contre la Syria
Attaque israélienne contre la Syrie

Par Sami SHERIF

Selon de nombreuses sources israéliennes, des avions de guerre israéliens ont effectué la nuit du mardi 29 au mercredi 30 janvier des sorties attaquant au sud de la Syrie à la frontière libanaise, des convois d’armements conventionnels et de missiles chimiques qui étaient prêts, à être transférés au Hezbollah au Liban. Il est de tradition qu’Israël ne communique jamais sur ce genre d’informations militaires.

Le gouvernement israélien n’a en effet donné aucun détail sur la nature de l’opération militaire conduite par ses avions de chasse en territoire syrien. Selon plusieurs sources de sécurité israéliennes et américaines, citées par la presse israélienne et étrangère, l’Etat juif s’est livré à des frappes aériennes contre un convoi de camions transportant des armements …Mais de l’avis de nombreux commentateurs qui se réfèrent à des sources syriennes, il ne fait à présent guère de doute que celle-ci visait un, voire deux sites de recherches scientifiques militaires. Ceci est confirmé par le communiqué de l’Armée Arabe Syrienne qui a fait une déclaration, confirmant l’ »agression » d’Israël, en ajoutant que les rebelles ont collaboré à cette attaque dans la banlieue de Damas, à G’mraia. Le communiqué indique que deux travailleurs ont été tués et cinq autres blessés.

Le Hezbollah a rendu public ce jeudi 31 janvier un communiqué qui confirme cette hypothèse. Il y est fait mention de bombardement d’un site de recherche situé près des frontières libano-syriennes. « Le Hezbollah y exprime sa pleine solidarité avec la direction syrienne, l’armée et le peuple », indique-t-il par ailleurs. Il a très vivement condamné l’attaque présumée d’Israël contre « un centre de recherches technologiques en Syrie ». « L’attaque israélienne contre la Syrie est conforme à l’agressivité et à la criminalité enracinées en Israël. Ce raid est le résultat de la politique visant à empêcher toute force arabe ou islamique de développer ses capacités militaires et technologiques », a indiqué le Hezbollah qui ajoute : « l’attaque israélienne contre la Syrie exige une condamnation unanime de la communauté internationale ».

Selon le communiqué du Hezbollah, ce raid devrait faire prendre conscience aux adversaires du président syrien Bachar al-Assad du danger qu’il y a à viser la Syrie et les inciter plutôt à se concentrer sur « le dialogue politique, seule base possible pour mettre fin au bain de sang ». L’attaque israélienne montre que le conflit syrien entre dans un projet qui vise à « détruire la Syrie et son armée et à nuire à son rôle crucial au sein du front de résistance [à Israël] », ajoute le Hezbollah dans ledit communiqué.

Les autorités iraniennes quant à elles, affirment ce jeudi 31 janvier que  le bombardement israélien à la frontière entre la Syrie et le Liban aura « de sérieuses conséquences pour Tel Aviv », rapporte la télévision officielle iranienne. De son côté,  le Ministre Iranien des Affaires étrangères, M. Ali Akbar Saleh a condamné «l’agression sioniste » contre la Syrie, et a déclaré qu’il s’agissait d’une « politique de l’Occident et des sionistes pour perturber les succès du gouvernement syrien et consolider la souveraineté et rétablir la sécurité et la stabilité en Syrie. »

Les autres capitales du Golf maintiennent un silence de plomb sur cette attaque qui vient juste après une mise en garde émise le mardi 29 janvier par le commandant des forces aériennes israéliennes, le général Amir Eshel, qui a déclaré en substance que « la Syrie est en train de s’effondrer et personne ne sait ce que le lendemain peut nous apporter. Mais nous sommes prêts à toute éventualité.» De fait, les mises en garde d’officiels israéliens à l’égard de la Syrie ont été nombreuses ces derniers temps, tandis que les voyages impromptus à Washington et à Moscou de deux responsables militaires israéliens ne sont pas passés inaperçus. Aviv Kohavi, chef des renseignements militaires, s’est ainsi rendu à Washington pour une rencontre inopinée et secrète avec le chef d’état-major des armées, le général Dempsey Martin.

Dès le dimanche 27 janvier, le Cabinet de Sécurité Israélien, constitué des neufs principaux ministres et des chefs de l’armée et des services de renseignements, s’est réuni jugeant la situation suffisamment inquiétante demandant au  ministre de la Défense, Ehoud Barak de rentrer d’urgence de Davos, tandis que le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait reçu en consultation l’ambassadeur américain à Tel-Aviv.

Les responsables sionistes ne cessent d’affirmer qu’Israël ne peut plus écarter le risque de dissémination des armes chimiques syriennes. Des informateurs infiltrés parmi les rebelles syriens et les commandos de Tsahal qui organisent des opérations ponctuelles de repérage à terre ont permis aux Israéliens d’identifier les sites de stockage des armes chimiques et la nature du gaz qui est stocké. Les militaires assurent que, grâce à leurs satellites, ils maintiennent une surveillance permanente des mouvements autour des zones de stockage.

La télévision syrienne a mis beaucoup de temps pour faire connaitre le communiqué du gouvernement syrien qui a évoqué le raid israélien sur un site de

Détachement de l'Armée Arabe Syrienne au salut d'un officier supérieur syrien
Détachement de l’Armée Arabe Syrienne au salut d’un officier supérieur syrien

recherche technologique, raid rendu possible par des informations fournies par les rebelles. Elle a confirmé, jeudi soir que l’armée israélienne a attaqué le pays en coordination avec les rebelles: « les avions de guerre israéliens ont pénétré dans notre espace aérien et ont attaqué un centre de recherche scientifique dans la banlieue de G’mraia à Damas, après que les rebelles aient échoué plusieurs tentatives d’incursion dans ce centre qui développe nos capacités de défense. «

Selon le communiqué de la télévision syrienne, deux travailleurs ont été tués et cinq autres blessés :  « l’ aviation israélienne a causé de lourds dommages à la propriété, et a détruit entièrement le centre et un garage de véhicules se trouvant à proximité ».  « Nous continuons à dire qu’Israël en attaquant une installation dont le but est l’étude scientifique démontre sa volonté de violer l’espace aérien syrien. Tout le monde sait maintenant qu’Israël aide d’avantage le terrorisme perpétré en Syrie et par cela affecte la population syrienne. Aider ces pays, principalement la Turquie et le Qatar», c’est contribuer au terrorisme, indique le communiqué. « Cette attaque flagrante rejoint une longue histoire de la criminalité et des attaques d’Israël contre les Arabes et les musulmans. Ces actes criminels ne pourront pas affaiblir la Syrie et dissuader les citoyens syriens de la résistance et en particulier la question palestinienne ».

De nombreux commentateurs estime en effet qu’il y a une ample coordination entre certaines factions des rebelles syriens et les services de renseignement sionistes avides d’information sur les sites de fabrication et de stockage des armes syriennes. Des éléments du Mossad parlant couramment arabe et vêtus comme des islamistes opèrent-même au sein de ces factions. Des reportages d’Al-Jazeera et de l’Arabya avaient montré auparavant et sans s’en rendre comptes, des chefs de rebelles criant victoire dans un accent trop marqué pour être celui de vrais syriens…

Hier soir, l’ambassadeur de Syrie à Beyrouth, Ali Abdel Karim Ali, a affirmé que la Syrie se réserve le droit de répondre “par surprise” à cette “agression sioniste” condamnée par les deux alliés indéfectibles de Damas, le Hezbollah et l’Iran.

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon s’est déclaré quant à lui, “sérieusement inquiet” des informations faisant état d’un raid israélien en Syrie, sans être en mesure de les vérifier. La Russie, l’un des derniers soutiens du régime syrien auquel elle vend des armes, a promis de condamner l’action d’Israël si “l’information était avérée”.

Sami Shérif
 

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