Par Sami SHERIF
Les camps de Tindouf au cœur de l’escalade du terrorisme au Maghreb et au Sahel : un rapport intitulé «les défis de la sécurité en Libye et dans la région du Sahel», couvrant le mois de décembre 2012 et émanant du Centre Stratégique des Etudes de la Marine Américaine se trouvant en Virginie aux États-Unis, considère d’une manière catégorique qu’une infiltration par d’Al-Qaïda au Maghreb islamique des milices du POLISARIO dans les camps de Tindouf sur une grande échelle, constitue fort bien une « menace directe» pour la sécurité des pays du Maghreb et du Sahel. Cette nouvelle donne augure d’une perspective régionale tout à fait dangereuse s’illustrant par une alliance entre les militants séparatistes et les combattants extrémistes, réunis de par leurs intérêts, comme en témoigne la situation dans le nord du Mali.
Les rédacteurs du rapport soulignent qu’«il existe des preuves d’infiltration par Al-Qaïda des camps de Tindouf, et des informations fiables confirme l’arrivée de dizaines de membres du Polisario au nord du Mali pour apporter un soutien à des groupes terroristes dans ce pays dans la région du Sahel. »
Le rapport a noté que « la détérioration de la sécurité dans la région du Sahel a conduit automatiquement à l’exacerbation de la situation économique, sociale et humanitaire dans les camps de Tindouf, en particulier chez les jeunes», une situation qui affaibli la crédibilité de la direction du Polisario, qui fait l’objet de «doutes croissants » de la par des habitants civiles de Tindouf, maintenue sous une pression sécuritaire et une souffrance au quotidien en plaine zone saharienne au sud-ouest algérien. Le rapport mentionne que nombre de voix se sont élevées à Washington appelant à « fermer » ces camps devenant « un point de faiblesse face à la lutte contre le terrorisme dans une grande région stratégique s’étendant du Maghreb au Sahel ».
Il reprend les termes d’un autre rapport publié en 2012 à Washington par le Centre international d’études sur le terrorisme de l’Institut Potomac intitulé « Le terrorisme en Afrique du Nord et de l’Ouest et en Afrique centrale et qui avait estimé que «les camps de Tindouf qui existent sous l’influence des milices du Polisario constituent désormais un terrain fertile pour le recrutement des réseaux terroristes, des contrebandiers de tous types et de bandes criminelles. Par conséquent, leur fermeture est devenue une priorité. »
Pour l’un des auteurs du rapport, en l’occurrence Mr Yonah Alexander, en raison de la menace posée par le « Al-Qaïda au Maghreb islamique», il est impératif pour la communauté internationale de faire de l’expulsion des résidents permanents de ces camps une priorité urgente, et ce, en conformité avec les protocoles et les conventions internationales pertinentes.
Le rapport qui a été présenté lors d’un séminaire tenu au Club national de la presse à Washington, sous le mot d’ordre : « la coopération internationale pour combattre le terrorisme », a insisté sur la nécessité de trouver une solution définitive à la question du Sahara, qui constitue « un obstacle à la sécurité dans la région et un handicap à l’émergence d’un Maghreb réconcilié et coopérant réellement et activement avec la région du Sahel « .
Le rapport souligne que les arrestations qui ont eu lieu l’année dernière dans la région, confirment l’existence de liens étroits entre « Al-Qaida au Maghreb Islamique » et les réseaux criminels de l’Amérique latine qui tentent désormais à mettre en œuvre de vastes opérations de contrebande de drogues vers l’Europe avec la complicité des membres du Front Polisario.
D’autre part, le rapport souligne que le conflit du Sahara « ouvre la porte à l’expansion des activités d’Al-Qaïda dans la région (…), qui est devenu un terrain fertile pour ce groupe terroriste », comme en témoignent les enlèvements qui ont eu lieu dans le cœur des camps de Tindouf, et qui ont abouti à l’enlèvement de trois citoyens Occidentaux travaillant dans le cadre d’opérations humanitaires, avant d’être libéré récemment pour obtenir une rançon en millions d’euros.
Le rapport cite la fondation américaine, « Carnegie Endowment» qui avait mis en garde les responsables américains contre les activités criminelles et les tensions sociales dans les camps de Tindouf, qui constituent donc une autre menace pour la stabilité et la sécurité en Afrique du Nord et la région du Sahel dans son ensemble.
Sami Shérif