Par Abdelaziz IKKROU
Un marxiste léniniste reconverti, ne se voyant plus victime mais seulement militant opposé à l’injustice et l’arrogance.
Ne fut-il pas étiquette dans un passé pas lointain par feu Dris Basri de déviant politique incorrigible? S’exclamant même qu’il était devenu une sorte de conseiller et propagandiste de service?
Pourtant à le voir en grande discussion avec le parterre d’érudits et autres nouveaux nantis de pouvoir, on le voit toujours au fond indifférent aux entré-loupettes. Poursuivant son chemin avec assurance ne s’éloignant jamais du but recherché, ne prêtant pas attention aux angles dorés des demeures institutionnelles feutrées et bien agencées que lui offre son nouveau statut.
Rappelons-nous, n’avait-il pas poussé son cri presque nerveux contre la pratique de la torture qu’il a subie lui-même, et dont la cour européenne des droits de l’homme en a relevé certaines exactions se basant sur des enquêtes et investigations après les attentats terroristes immondes du 16 mai 2003.
Mais attention, ce n’est pas parce que le Maroc par sa faiblesse infra structurelle judiciaire incarcérale, est contraint à améliorer la situation en s’octroyant les moyens nécessaires pour déplorer davantage son image, qu’il soit à ce point vilipendé sans raison fondée seulement au désir d’un lobby à la boite de véreux concussionnaires connus internationalement.
A vrais dire, il y a longtemps que le Maroc s’est habitué aux allégations des serviles de l’anti-thèse le concernant, pour lesquels quoiqu’il fasse , il ne serait pas avantagé, de par leur colère mêlée d’étonnement à propos de sa lancée singulière en démocratie. Et dont les récent encouragements du rapporteur spécial des Nations-Unies contre la torture, Mr. Juan Mendez en sont un témoignage vibrant que d’autres essayent de déformer, instillant des contre-vérités.
Mais qui est-il HEREZENNI Ahmed dans la société civile marocaine?
Homme austère rationnel et rigoureux de surcroît compliqué à cerner, un peu de par son origine guercifienne dont il est toujours épris. A ses débuts il fut dévoré par une inflexibilité à toute épreuve, qu’au demeurant lui a servi d’exercer un charme irrésistible sur ses compagnons de route d’hier, surtout durant sa longue incarcération en tant que détenu politique, et même d’ aujourd’hui de la société civile luttant contre toutes les formes d’exploitation des démunis. Toutefois il n’en a jamais manifesté un sentiment de supériorité, comme ce qu’on voit chez certains zélés des micros des radios et plateaux de télévision en mal d’affirmation, s’attelant par ailleurs à vibrer sous l’ardeur des consignes ne pouvant répondre à leur passion. Redevenant bizarrement splendidement épanouis vu qu’ils sont vangilisés smaltoisés pierrecardanisés et que sais-je encore ! Croyant bien faire oubliant l’essentiel, car finalement ne montrant que leur repentir de cooptation et récupération sans plus. De fait, lui, il use du mot là où il faut rationnellement, distillant avec subtilité le fond de sa pensée, dont les sous entendus s’y font sentir toujours après, sans aucun amalgame sur ses propres lignes de démarcation que sa valeureuse audition par l’IER avait mis en exergue.
Ce faisant, après s’être nommé par Sa Majesté, et installé à la tête de l’instance équité et réconciliation, il a aussitôt rompu avec l’emploi de la langue technicienne que comprennent les initiés seulement, ensuite marché fièrement sur les traces de son prédécesseur l’immense et regretté Benzekri. Rendant à cette démarche unique dans le monde arabo-musulman l’émotion qu’elle produisit au départ, et dont le Maroc s’en est trouvé fièrement sous l’impulsion royale rejetant le spectre des années de plomb qui l’encombrait. Ainsi, SI Ahmed comme on l’appelle dans le milieu, a refusé d’établir ses priorités de traitement des dossiers des victimes encore en suspend, et ce sans se baser sur les clivages politiques ou autres corporatismes. De fait, c’est en relation avec ce qui s’est passé dans d’autres pays qu’il a construit cette profonde conviction, pour éviter tout dérapage, prenant son temps en usant de tous les artifices procéduraux légaux. Ceci le conforte parce qu’il avait compris que le pouvoir avait besoin de gens comme lui.
C’est d’ailleurs là que se situait alors son point de départ d’abandon de l’opposition systématique par comparaison à autrui. Même de ceux qui s’étaient embarqués avant lui dans le train marocain de consolidation de la culture des droits humains, et avec qui, il œuvre toujours à la performance de la transition démocratique sans confusion. N’oubliant pas le brouhaha enclenché par suite aux positionnements des uns et des autres par rapport au serrage sécuritaire qui a aboutit à la régression d’après 2003. En effet, c’est en menant cette nouvelle existence jugée incohérente par ses détracteurs irréductibles, qu’il s’est avéré un polémiste chevronné malgré qu’il s’en défende. Tellement que ses sorties médiatiques étaient rejetées par ceux là même, le qualifiant sans aménagement de picador d’arène politique lui reprochant son silence à propos du déroulement du processus électoral de l’époque. Sauf qu’ils avaient oublié que ses réponses en points de presse aux profondes résonances, avaient fait naître autour d’eux un faisceau de suspicions pouvant paraître fiction y’a pas si longtemps.
Bref, le concernant, on ne peut pas dire qu’il avait fait de la figuration à la tête du CCDH supportant les critiques de toute part. Une évocation de ce qu’il connaît le mieux, car, c’est cette passion qui l’avait produit, ayant appelé à la fondation de l’observatoire national de la transition démocratique, comme à d’autres initiatives de cet ordre. N’empêche, qu’il lui fallait tenir compte des conditions de travail dans lesquelles il se trouvait, où les règles du jeu étaient moins impératives qu’aujourd’hui après l’adoption de la nouvelle constitution. Et dont on espère que Benkirane, se bouge sa conscience pour chasser le coté inconscient d’avoir laissé le pays avec deux constitutions sans vouloir le reconnaître honnêtement.
Evidemment son chemin était parsemé d’embûches et difficultés par des entreloupettes et diversions discrètement créées, vu le temps passé sur des affaires encore à ce jour non résolues comme cas Manouzi, Benberka et d’autres. Mais son courage se manifestait à chaque étape, en limitant ses angoisses exacerbées de peur de ne pas réussir son défi, surtout des rescapés de Tazmamart Kalaa Magouna Agdz et d’autres lieux de l’arbitraire fermes et villas connues sous les noms PF avec un numéro. Parce qu’entre des revendications légitimes des victimes et celles saugrenues montées sur des supplications par des professionnels de l’émotion, il avait mis en place une technique d’évaluation des faits pour repérer le degré de véracité usant de mémoire visuelle auditive et procédurale. A cet égard, c’était comme une tentative où un assaut de la part du CCDH encouragé par Sa Majesté le Roi Mohamed VI contre une forteresse paraissant imprenable, gardée de surcroît par des bourreaux des droits humains ne voulant rien savoir du changement en cours. Vraiment il a usé de toute sa conviction pour réussir ce challenge, sans rancune ni passéisme, affichant clairement ses idées évitant les discours menant au lynchage populiste où à la préparation de bûchers comme ce qu’on voit actuellement ici et là sous des cieux non lointains.
En revanche, tous ces éléments allaient former osmose dans son esprit en intégrant la commission Mennouni, prenant sa tête entre ses mains dans l’espoir d’éveiller le sens du devoir outrepassant les tergiversations d’interdépendance des créneaux à faire valoir. Sauf qu’il ne pouvait prévoir l’aggravation des divergences entre le mouvement du 20 Février et les appareils des partis en raison des grands décalages de point de vue dans une atmosphère dominée par quelques dérapages sécuritaires. Quoi qu’il en soit, c’est pourtant dans ces moments difficiles que la commission avait repensé la nouvelle constitution révolutionnant le fonctionnement de l’Etat. Par conséquent sa détermination toujours en éveil, de respect des droits humains s’y était solidement renforcée. Pour lui, désormais c’en est fini la forteresse administrative makhzenienne abritant des fantômes usant de comportements et directives d’un autre temps. Il savait à cet égard que la compréhension par la commission de l’état d’esprit du moment, comme la communion avec, étaient deux aimants pouvant faire émerger cette valeureuse constitution conséquence des espoirs euphorisants de plus 75% des marocains.
Pour que des hommes comme lui s’engageassent avec intérêt, afin de jalonner sereinement la vie politique, et ce, pour qu’elle puisse retentir sur de nouvelles bases constitutionnelles, il fallait qu’ils soient eux même convaincus du capital captif des nombreuses étapes de la transformation de l’Etat marocain. Ceux-là en sont des personnages d’exception, assurant avec la société civile cette transition démocratique que vit le Maroc, et, que le gouvernement Benkirane ne devrait aucunement oublier. Il faudrait même pour lui poursuivre la route, sans courir de risques inutiles en appelant à l’évitement des tunnels de la surenchère politicienne, où l’instauration de la peur du lendemain son dada en ce moment. Désormais, ne faut-il pas pour tout chef de gouvernement, regarder du coté des adversaires politiques surtout de l’opposition institutionnelle, pour mieux se voir soi-même en tant que vrai démocrate dans sa propre majorité ? Comme ça, non seulement accepter, mais apprécier les critiques devient alors possible, pour contribuer à renforcer l’alternance, sans tomber dans la Chabatmania ne servant qu’à la consommation journalistique du moment.
Vraiment, ne pense-il pas que le Maroc est attendu par la communauté internationale, d’aider les autres pays souffrant encore du souffle printanier arabe à s’inspirer de son expérience ? Parce que, même si, par moment on a l’impression que la société des nantis de pouvoir, n’a pas tout perdue de son excès de zèle la nouvelle constitution rassure par ses fondements inaliénables sur le devenir du Maroc. Reste seulement à l’équipe de Driss El Yazami son successeur au CNDH constitutionnalisé depuis le OUI référendaire du premier Juillet 2011, de s’atteler au vrai chantier et sortir des stéréotypes verbaux d’Alaamzine. Sinon la fronde naissante non sans raison sur son flan de l’immigration, risquerait de l’emporter et le faire dégager de la société des chouchoutés. Parce qu’il donne l’impression qu’il ne s’imagine pas les dégâts et perturbations en matière d’image, que les querelles des composantes internes et en externe occasionnent au pays. Et dont la cour des comptes en a fait subsidiairement écho sur le volet financier et mauvaise gouvernance. Déjà qu’on lui reproche le fait de ne pas répondre aux invitations de la commission parlementaire pour éclairer les parlementaires, au moment où l’Etat, apparemment penserait à revoir la copie du conseil de l’immigration qui n’a même pas vu sa composition globale établie, pour éventuellement en faire une instance de conseil et réflexion attachée au CNDH.
Dans cette atmosphère de jeu de symphonie de souffrance d’un coté comme de l’autre, que pense SI Ahmed de Driss El Yazami voulant se dresser contre la volonté d’un courant puissant pensant suivre son destin ? Comment alors cet homme intelligent pourrait-il oublier cette raison première de la féroce campagne contre lui ? Pensant tout simplement qu’elle est menée par des sauvageons en colère hérissée que de mots à feu, comme ce qu’il avait vécu de visu dans l’une de ses réunions face à une jeune fille du M20F, faisant celle brûlant ses papiers dans le couloir passage au centre de la salle dans un état de transe sans commune mesure. D’ailleurs épouvanté de l’audace de cette jeune fille, dans un premier temps vu qu’il était prostré se confondant avec sa chaise, il a préféré se taire et ne pas l’interrompre pour ensuite lui répondre point par point disant des mots évocateurs qu’il n’en pouvait acquiescer des balivernes et sornettes de la sorte.
Abdelaziz Ikkrou