La formation gouvernementale présentée le soir du jeudi 4 octobre par le premier ministre élu, Moustapha Abou Chagour, n’a pu avoir l’avale de la nouvelle Assemblée Nationale libyenne. Elle a été critiquée dans la journée par plusieurs élus de l’Assemblée nationale, dont le siège a été envahi par une centaine de protestataires. Un élu de la ville d’Al-Bayda a expliqué ce vote en disant : « Nous avons voté pour rejeter le gouvernement proposé par Abou Chagour et nous lui avons donné un délai jusqu’à dimanche 7 octobre pour proposer une nouvelle liste ».
La liste présentée par le chef du gouvernement comportait les noms de 29 ministres, dont une seule femme et nombre de noms ayant servi au sein du gouvernement de transition sortant d’Abderrahim Al-Kib. Par contre, elle et ne compte aucun représentant de la principale coalition
libérale qui dispose d’une représentation assez large au sein de l’assemblée élue, la preuve en est qu’Abou Chagour, un technocrate de 61 ans, n’a été élua été élu premier ministre le 12 septembre qu’avec seulement deux voix d’avance sur le chef de l’alliance des libéraux, Mahmoud Jibril.
L’analyste Miftah Bouzeid, rédacteur en chef du journal Barniq, basé à Benghazi, avance à ce propos que «personne n’est satisfait du gouvernement proposé et que plusieurs des candidats ne sont pas connus et n’ont pas fait leurs preuves dans le gouvernement précédent. « Je ne vois pas un tel gouvernement durer », a averti Bouzeid. De l’avis d’un certain nombre d’élus, «Abou Chagour n’a pas formé le gouvernement qu’il avait promis. Ce n’est ni un cabinet d’union nationale ni un gouvernement représentatif de toutes les régions ». Les Frères Musulmans représentés par le Parti de la Justice et de la Construction ( PJC ), ne sont pas non plus, satisfaits de la formation proposée, bien qu’il avaient voté pour Abou Chagour. Selon ses représentants, « Ce n’est pas le gouvernement de consensus national auquel nous aspirions pour faire sortir le pays de sa crise actuelle. Ce n’est pas non plus un gouvernement où les technocrates dominent ».
Un autre évènement a marqué ce vote négatif, c’est celui de irruption au siège de l’Assemblée de groupes de manifestants pour protester contre la composition du gouvernement. « Cela est un précédent dangereux », s’est exclamé l’un des membres de l’Assemblée invités à une émission de télévision en directe. « Ils viennent d’entrer au Congrès sans que personne ne les arrête », ajouta-t-il. Un autre élu, lui aussi présent à l’émission a blâmé M. Abou Chagour, en arguant de l’incapacité du premier ministre à mettre en place une véritable coalition gouvernementale pour expliquer cette intervention de la rue dans le processus de la mise en place du gouvernement. C’est justement ce qui s’est passé puisque les manifestants libyens originaires de Zawiya (région de l’Ouest libyen), qui n’étaient pas armés, sont entrés dans les locaux du CGN, et ont fait part de leur mécontentement à l’Assemblée, contre l’absence, dans le nouveau d’un représentant de cette région.
Sami Shérif