Par Sami Sherif
Contrairement aux attaques perpétrées contre le Cinéma Africart, la chaîne Nessma TV et l’Espace Abdelliya, qui n’avaient pas eu de grandes répercussions sur le fonctionnement du gouvernement tunisien tenu par le parti islamiste Ennahda, la prise d’assaut de l’ambassade américaine à Tunis révèle au grand jour la faiblesse de ce gouvernement. Sur le plan diplomatique, suite à ces violences, les Etats Unis ont rapatrié une centaine de leurs ressortissants. Sur le plan intérieur, la polémique concernant le dispositif de sécurité devant l’ambassade et la question du maintien ou non du ministre de l’Intérieur, divisent Ennahda, le parti au pouvoir. Ali Larayed est accusé de ne pas avoir été à la hauteur des débordements de vendredi.
Or plusieurs députés parlementaires d’Ennahda encouragent à mots couverts le ministre à remettre sa démission.
Tijani Dahmane, président de la commission des finances pour Ennahda déclare : « Avec plus de précautions, normalement, on n’aurait pas du arriver à ce point là. Dans tous les pays du monde, ceux qui se respectent, les responsables qui se respectent doivent réfléchir. Donc, il faut qu’il y ait une commission qui doit déterminer quels sont les tenants et les aboutissants de l’affaire et de conclure ce qu’il faut faire ».
Latifa Béchi, rapporteur de la commission justice et députée d’Ennahda, réclame des explications au ministre de l’Intétieur. « Il serait intéressant de l’inviter à notre assemblée et de l’interroger. On ne peut pas demander sa démission sans comprendre réellement ce qui s’est passé, pour déterminer les responsabilités justement », dit-elle.
Jamais le parti Ennahda n’a étalé ses divisions au point d’envisager la démission de l’un de ses ministres. Les membres du parti se querellent aussi sur la stratégie à adopter face aux éléments salafistes violents.
La direction d’Ennahda estime que le tout répressif risque de faire des martyrs et de radicaliser les membres d’Ansar el-charia. D’autres réclament la stricte application de la loi. En d’autres termes, des interpellations.
Néanmoins Rachid Ghannouchi, leader du mouvement Ennahdha. Le cheikh a dénoncé, dans une déclaration accordée vendredi 14 septembre 2012 à Express FM, les violences et les protestations survenues à l’intérieur et aux alentours de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis et à l’école américaine.
Pour Washington, les autorités tunisiennes ont clairement failli à leurs obligations, l’ambassadeur américain Jacob Walles l’a dit au ministre tunisien des Affaires étrangères Rafik Abdessalem. Des membres du gouvernement et d’Ennahda, le parti islamiste au pouvoir, regrettent une décision « disproportionnée ». Taxé de complaisance avec les salafistes depuis plusieurs mois, Rached Ghannouchi le patron du parti islamiste a sur i.télé condamné les violences mais dit comprendre la colère face au film islamophobe :
« C’est un acte condamnable selon la loi et selon la charia. Selon la loi, les missions diplomatiques sont sous la protection de la loi de la société et de l’Etat. Et la charia protège les ambassadeurs. Je m’oppose à ce qu’ ont fait les manifestants en France comme en Tunisie. Je suis pour la liberté de manifester pacifiquement. Et je comprends qu’il sont atteint dans leur coeur comme moi. Mais s’ils basculent dans la violence, la violence est condamnable ».
Les opposants à Ennahda jugent, en revanche, le parti au pouvoir responsable de la situation. C’est le cas de Nejib Chebbi, député du parti républicain, un parti d’opposition. Ainsi, l’attaque contre l’ambassade américaine a – t – elle révélé la faiblesse et du parti Annahda et du gouvernement qu’il dirige.
Le parti « Al Joumhouri » ( republicain ) a, officiellement, demandé la démission de Ali Laârayedh ,ministre de l’Intérieur a affirmé, Issam Chebbi, porte-parole du parti.
Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi matin, Chebbi a précisé que son parti a demandé l’ouverture d’une enquête indépendante afin de déterminer les responsabilités de chacun concernant les affrontements sanglants aux abords de l’ambassade américaine à Tunis ( 4 morts 50 blessés dont plusieurs en état grave ): « Les membres de notre parti mettent en cause la responsabilité du ministre de l’Intérieur sur l’insécurité grandissante dans le pays ».
Chebbi a souligné, également, la nécessité de changer l’actuel ministre de l’Intérieur et de nommer une personnalité nationale neutre et politiquement indépendante .
Issam Chebbi a, également, affirmé que l’Assemblée Constituante procèdera lors de la prochaine réunion plénière à l’audition du ministre de l’Intérieur, Ali Laârayedh, à propos des récents débordements sécuritaires. Il a ajouté que le ministre sera invité à démissionner et qu’en cas de refus, il y aura recours à la motion de censure contre le gouvernement.
Il faut rappeler l’intervention de Néjib Chebbi ,membre du bureau politique du même parti à l’assemblée constituante dans laquelle il a fait assumer au ministre Laârayedh la responsabilité totale des débordements sécuritaires dans le pays depuis plusieurs mois .
Sami Shérif