Par Sami SHERIF
Feu Saddam Hussein avait justifié son invasion du Koweït par nombre d’arguments, dont le plus curieux était le fait que les koweïtiens venaient en Irak pour débaucher les femmes du pays! Cet alibi dont la connotation politique était moins évidente, laissait croire que les koweïtiens s’adonnaient à l’adultère sans scrupules, ni remords.
Aujourd’hui, c’est une femme politique koweïtienne, candidate malheureuse aux élections législatives du pays, qui évoque ce fléau d’adultère enraciné chez les koweïtiens. Pour l’éradiquer, elle se prononce en faveur de l’esclavage sexuel. Elle vient de déclarer qu’une telle initiative pourrait permettre d’empêcher les hommes koweïtiens « décents, dévoués et virils » de succomber à la tentation de l’adultère. Elle a justifié sa position en s’appuyant sur l’exemple historique d’Haroun al-Rashid, leader musulman du VIIIe siècle qui régnait sur un territoire comprenant l’Irak, l’Iran et la Syrie et qui aurait possédé jusqu’à 2 .000 concubines. Elle a également affirmé que lorsqu’elle s’est rendue à la Mecque, des muftis (leaders religieux musulmans) saoudiens lui ont assuré que cette initiative n’était pas haram (interdit) dans la tradition islamique. Plus concrètement, elle propose que des bureaux de vente d’esclaves sexuels soient ouverts sur le modèle des agences de recrutement de femmes de ménage. Plus inquiétant encore, elle a une idée bien précise de l’origine privilégiée des femmes devant pourvoir à ce commerce :
« Par exemple, il y a sûrement eu des prisonnières russes lors de la guerre de Tchétchénie », explique-t-elle. « Alors allons les acheter pour les importer. C’est mieux que de voir nos hommes avoir des relations sexuelles interdites. »
Mais al-Mutairi met néanmoins une condition bien stricte au trafic de femmes : aucune de celles-ci ne devrait être âgée de moins de quinze ans. Voila qui est rassurant ! Enfin, elle a affirmé que cela ferait du bien à ces femmes car une telle situation les empêcherait de mourir de faim. Quelle bonté d’âme !
Si la nouvelle a été assez peu répercutée dans le monde occidental, elle a en revanche fait le tour des pays du Golfe et suscité des réactions contrastées. Sur internet et sur Twitter, plusieurs personnes ont dénoncé cette prise de position, l’une d’elle qualifiant al-Mutairi de « honte pour les femmes du monde entier ». Voila qui devrait encore rendre la tâche plus difficile à ceux qui essaient de nous persuader que l’islamisme dans sa forme wahabite peut être compatible avec la démocratie ou les droits humains.