Maroc : Aherdane Mahjoubi, le politique au soupir révélateur non caché, et au désir d’avenir longtemps guère facile à oter

Par Abdelaziz IKKROU

Sa principale difficulté vint des sécessionnistes nombreux l’ayant déstabilisé, malgré qu’il ait eu à porter avec lui les clefs du parti. Mais le maître d’oeuvre était vraiment d’une assurance dextre qu’il pu faire sans rétissance sa besogne et mener avec patience ses plans loin de toute négligence. Actuellement, il porte dans sa conscience un gros souvenir, faisant celui qui continue tranquillement  à occuper sa vraie place politique, alors qu’il évoque grossièrement un homme replié sur lui-même.  
Allons! Même si la baraka est vraiment avec lui, il n’est plus ce zayegh par le poids politique qu’il pesait. Cela ne serait pas si aisé, vu son âge avancé pour se hâter à attiser  les débats et interrogations.
Mais qui est-il vraiment AHERDANE Mahjoubi pour vivre dans cette étrange sollicitation de claustration forcée ?
Un homme politique qui fait toujours figure de leader historique parmi les siens. D’ailleurs, la soirée du théâtre Mohamed V en 2012 à Rabat en son honneur à coté d’Ahmed Snoussi ex ambassadeur lui aussi un homme de l’ancien temps, a fait réfléchir sur la vulnérabilité des hommes politiques se contentant de situations subalternes. Parce que ces derniers, les uns derrière les autres en s’engageant et grimpant jusqu’en haut ils n’atteignaient que rarement le cercle fermé du porte flamme comme l’était lui. Mais , il leur fallu toujours quelque temps quand ils y arrivent pour s’accomoder à la nouvelle posture, pas comme aujourd’hui pour certains. A ce titre, même si, lui n’avait pas gagné tous ses grands combats, il faisait partie d’une génération au service d’une réalité brute quelque peu dérangeante mais faisait honneur à son talent. On le sait maintenant, il n’avait ni peur du machinisme, ni d’opposer ses petits acquis à sa souffrance jonchée d’aventures en dents de scie par des moments de gêne, d’hypocrisie, d’humiliation et de gloire.
A ses débuts l’ovation formidable qui saluait ses faits et gestes, se répercutait jusqu’aux confins lointains du monde rural surtout chez les amazighs. Mais du fait  d’un  soupçon de démagogie de sa part, il faillit choir plus d’une fois en  approchant trop involontairement  les quelques  malhonnêtes ahurissants  au sein de son  mouvement dont l’histoire marocaine porte encore des stigmates. Pourtant, c’était un pugnace avéré aux idées erratiques contrastant avec leurs objectifs de l’époque. Au fond, il était viscéralement partisan du dogme libéral dont il portait fièrement le dossard en tant que féodal, cœur même de l’essence de sa makhzenisation à outrance. Qu’au demeurant après Nairobi contrairement à Boucetta le titulaire à l’époque du maroquin des affaires étrangères, il dut meme faire effort pour maitriser sa colère concernant l’affaire du Sahara marocain, dont il est convaincu qu’elle ne peut etre traitée que par le « Baroud » de par son expression préferée. Par ailleurs outre ses qualités de peintre, de temps en temps il tâtait au pinceau des esquisses, à même de satisfaire et confirmer ses penchants de notable à l’ancienne.
Formé par l’armée française, il se trouvait mieux que quiconque avec Dr Al Khatib pour servir la continuité dans le pluralisme limité de l’époque et sauvegarder l’union sacrée autour du trône. Dans ce projet l’impatience le dévorait tellement qu’il était prêt à abattre tout obstacle qui oserait surgir pour l’y empêcher. Mais la tragédie d’Abbas Messaadi, conséquence de la monopolisation du nationalisme le secouait et  révélait en lui rageusement  le coté dénonceur des dévotions sans âme d’antan. Néanmoins par la suite en tant que premier gouverneur de Rabat-Salé sa hargne n’apparaissait plus qu’un souvenir furtif dans un environnement d’espérance engloutie par le film accéléré des événements. Cependant, on le surnommait Zayegh, ergoteur au plus fort de son aura sur le symbolisme unissant le monde rural, les résistants convertis et les oulémas modérés. Bref à cette époque on parlait de la Beiaa sans limite chez ses tous ses amis et adeptes, alors que chez les modernistes parisienophiles seulement avec déférence, mais têtes baissées par “AL IHTIRAM WA TAQDIR” au Roi.
Ce faisant après tant d’années du côté du pouvoir, bizarrement à voir comment Basri son ennemi des circonstances électorales l’avait aussi surnommé de la sorte, en l’occurrence Zayegh pratiquement pour des raisons identiques. Sauf que pour les modernistes à l’époque, il ne s’agissait pas comme le préconisaient autrefois certains à l’instar du général moulay Hafid comme Basri après, et le veulent aujourd’hui les zélés hypocrites de faire plier si ce n’est accroupir les hommes, comme d’antan chez beaucoup de dynasties du Machreq, le nez pratiquement à ras le sol. Dont certains s’en saisissent actuellement avec grognement plus au moins audible déclenchant une veritable guerre de communication sur les réseaux sociaux seulement entre eux. Et aussi une perturbation des consciences voire meme commotion chez les opportunistes stratèges de cette confusion de l’interpretation de la nouvelle constitution, du moins sur le volet de HAFLAT AL WALAE. En effet, une salve de critiques tirées par les cheveux  contre ces “TOQQOUSS” s’élevent en plein jour, alors meme que le commandeur des croyants n’en fait qu’une vaillance et loyauté à son peuple, le montrant portant avec dignité cette résponsabilité sans nuance ni abandon, et n’obligeant par ailleurs personne à faire ni le baise-main ni à concourir en mode de titubation devant lui. Finalement, il est temps qu’on nous épargne les explications emphatiques comparatives, faites à l’insu de tous, par des chercheurs irrationnels des ressemblances historiques. Vu que le Maroc moderne n’a rien avoir avec ça et n’a aucunement de leçon à recevoir de personne, surtout des sanguinaires de la trempe de Bachar Al Assad, et son megaphone à l’ONU Al Jaafari que Loulichki le représentant du Maroc a cloué référentiellement et sans complaisance au pilori lors de la récente passe d’arme tonique entre eux.
Ahardane membre du 3ème gouvernement de Feu Hassan II
Personne n’ignorait qu’Aherdane était toujours trahi par ses proches protégés sur recommandations préconçues pour le déstabiliser. Mais l’histoire a montré qu’il s’en accommodait vigoureusement, tellement il en avait subi de ces sécéssions intimement soufflées aux exécutants. A la rigueur il s’en rappelle encore, notamment  de la croisière libyenne des années quatre vingt où le démon de luxure qui possédait l’octet missionnaire était le pire qu’il eût à connaître, la perte définitive du parti MP. Encore que pour lui, ce n’était jamais le moment d’avoir peur, se sachant habile plein d’astuce pour faire toujours front à ce genre de situation. Son exil volontaire mais éphémère en Espagne était un mode aristocratique de révolte, qui logiquement sortait du cadre habituel de son rejet d’asservissement à Basri. Justement c’était là sa force, même accablé de soucis il les surmontait par sa vulnérabilité réversible à l’exemple de sa création du nouveau parti le MNP avec une poignée de fidèles, adhérant aveuglément à son discours. Dont beaucoup de notables tels  Fadili, Sgougou, Maaouni, Moussaoui, Ouzaroual, Amehrouq, Chbaatou, Bouhout, Qasmi, Addi Oubihi, Mohattane, et surtout l’indémodable Hachmi Smouni en plus d’autres allomorphes où suppléants avec lesquels il avait réalisé une percée honorablement significative aux communales et legislatives dès 1993. Ce qui l’avait libéré de sa culpabilité renfermée faisant l’admiration de tous ses fans suiveurs, contrairement à la rancune que lui portait certains gouverneurs zélés. Et qu’en même temps il les subjuguait par son impartialité d’oubli et de pardon, envers ceux qui l’avaient trahi leur donnant un nouvel espoir.
Ahardane décoré par SM Mohamed VI
En réalité, il portait des jugements réducteurs sur ces tentatives politiques qui  n’offraient aucun espoir qui vaille, mais rendaient seulement les lignes de démarcation du mouvement populaire insaisissables. Il faut dire; c’est ce qu’il cherchait lui aussi dans son intime raisonnement, en exigeant de son entourage juste obéissance sans discussion ni murmure. En somme cette existence en dent de scie l’avait aidé d’exprimer ses opinions et garder la même ligne politique qu’au demeurant s’avérait tout de même payante, lui permettant d’occuper des maroquins en maintes conjonctures. Aujourd’hui pour donner un gage de sa bonne volonté il avait accepté le délitement du MNP dans le MP et reprendre  sa  vraie place. Ecore  une preuve de sa longévité  politique, que certains  prennent comme  argent comptant  de sa  proximité voire sa complicité avec l’esprit du makhzen même après Basri.

Au seuil  critique de  sa vieillesse, il  ne se trouve  plus tourné vers ce monde périmé des chefs  de  partis  qui s’amusent  à vouloir  léguer  les héritages politiques à leurs  descendances. Cet esprit étrangement irresponsable dans l’octroi des investitures au moment des élections locales provinciales régionales et  législatives surtout par quotas, aux dépens d’authentiques adhérents qui par conséquent appellent au changement de cette vision. Ainsi, lui,

Aherdane contemplant les 7O ans de sa présence politique

il n’attend  plus  que  d’être reconnu  pour la  postérité en  guise  de services  rendus aux siens en luttant à la  constitutionnalité de la langue amazighe. Comment ne pas voir cela comme puissant acte d’espérance pour la jeunesse du MP grâce au sens retrouvé des réalités après le Oui référendaire du premier juillet 2011. En effet, elle serait une des pierres constitutives de la mouvance populaire de l’ère de la nouvelle constitution après à peu prés un an des élections législatives anticipées. Par contre son alter ego du MP ressent ce constat comme la suite logique du printemps arabe suivi de secousses telluriques du mouvement 20 Février que connait toujours le Maroc. Et c’est à ce titre qu’il a rejoint le PJD sans se soucier de son engagement stratégique au G8 d’alors, parce qu’en plus de finasserie imaginée par anticipation dans les arcanes pour le contrôle de toute dérive le cas échéant, il était encouragé par Aherdane voulant revoir défiler de son vivant la mémoire de sa propre histoire à côté de Feu Al Khatib.

Abdelaziz Ikkrou

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