Comment avait-il pu croire à ce point pouvoir devenir patron du GATT, dans un monde aux passions bipolarisées? De son ratage l’ayant entrainé pour un moment dans un torrent sans retour, il en garde toujours un souvenir d’irréalité, heureusement pour lui passé sous l’oubli.
Ainsi, il est allé lentement jusqu’à la salle des ambassadeurs où se mélangent chaleur et froideur glacée selon les circonstances, pour avoir une autre chance de se positionner sachant qu’il allait lui falloir livrer bataille de nouveau.
Mais qui est-il ABOUAYOUB Hassan?
Auparavant un technocrate polyglotte nanti de ses diplômes, qui avait fait preuve sans nuance de sa fascination pour la politique. Cependant, il fut prématurément parachuté au MP parce qu’il avait montré ce désir de servir son pays. Tout le monde lui reconnaît sa compétence invétérée, toujours stoïquement fidèle à ses convictions et n’a nullement besoin d’être éclairé par son entourage. Mais reste sourcilleux aux allures bourgeoises à la limite du snobinard tout en gardant la proximité nécessaire avec ses sponsors politiques. C’est ainsi qu’il a toujours occupé une place très honorable, surtout dans ses différentes fonctions ministérielles.
Telle est l’impression qui se dégage de lui, une illustration de quelqu’un dont la personnalité ne souffre pas l’indifférence, suscitant enthousiasme et intérêt qui font de sa carrière un modèle du genre. Toute fois il y a longtemps, il ne manquait pas d’ambition internationale. N’y avait-il pas postulé au directoire du GATT, rebaptisé par la suite OMC face à un asiatique? Donnant l’impression, que son heure était venue, bien que la conjoncture ne lui était pas propice. L’engagement était superflu, parce que selon les fins connaisseurs de la politique marocaine de l’époque il a dû se soumettre à cette proclamation. Pour preuve quand on rouvre le dossier de sa candidature et qu’on fait une lecture en filigrane des conditions de cette aventure, la comparaison avec son rival parait plus abstraite de ce que l’on croyait. En effet il eut fallu pour lui au préalable prendre les enjeux internationaux en ligne de compte, vu la conjoncture géopolitique de l’époque sans nul doute coupée d’intérêts et de trahisons.
Longtemps après ce ratage désolant on pouvait lire dans son regard une angoisse, sans oublier son premier accès de tristesse passagère jusqu’à l’âme. Ensuite avec un sourire encourageant il était devenu précautionneux hésitant, considérant ces instants d’un air perplexe invoquant seulement Dieu. Fatalement à l’orée des grands changements qu’a connu la décennie qui a suivi, il n’a fait que jaspiner dans l’attente de son repêchage diplomatique. D’abord parisien avec ses soubresauts et acquiescements, puis romain dans l’espoir de revigorer l’image anti-sororité laissée auparavant par une jérémiade féminine en pleine réception officieuse dont son prédécesseur en avait fait les frais. D’ailleurs les marocains sont bluffés voire rassasiés par l’interposition des conjointes en mal d’affirmation et de positionnement dans l’enceinte des départements de la diplomatie, voulant compétitivement montrer qu’elles sont toujours derrière chaque diplomate de haut rang.
A cet égard, au moment de sa nomination, dressé sur ses talons, il avait l’air d’un homme triomphant dûment sûr de lui, mais dont la durée de son séjour italien ne dépendra pas que de sa volonté. C’est vrai, tout le monde lui a souhaité bonne chance espèrant qu’il soit à la hauteur des défis, d’autant plus les conditions de travail sont nettement plus avantageuses pour lui parce qu’il parle aussi l’italien. L’homme assurément assume cette responsabilité conformément à sa ligne de conduite rodée de longue date. En effet on retrouve chez lui la passion d’autrefois celle d’un travailleur acharné, mais cette fois-ci en harmonie avec les exigences du temps présent du Maroc qui va de l’avant surtout après le souffle printanier du M20F. Y a qu’à voir comment il a organisé les tables rondes entre investisseurs marocains et italiens dans le but de réactiver l’attraction du Maroc pour ces gens là, et aussi de la communauté immigrée notamment les jeunes diplomés lauréats des universités. Ajouté à cela sa mobilisation quasi quotidienne en faveur des marocains et marocaines victimes du tremblement de terre qu’à connu l’Italie.
Au fond c’est exaltant, le mieux pour lui c’est de se mettre à l’abri et d’obtempérer pour voir plus clair. En effet, par solidarité circonstancielle entre coalisés qui n’est nullement fusionnelle, il ne peut pas participer à un quelconque enfumage du gouvernement Benkirane pour sa propre légende politique, et surtout qu’il se trouve sous le voile de subordination chancelière pjdiste. Mais docilement peut avaler avec un plaisir et bonne humeur le timing de toute opportunité, que lui offrirait son destin politique. Sur cette injonction la nouvelle constitution lui ouvrirait peut être une autre destinée, celle de postuler à la chefferie du MP. Et/où dans un futur encore incertain mais “pas lointain”, à la présidence d’un gouvernement d’union nationale en évitant des élections anticipées pour palier à la gestion actuelle abracadabresque des affaires de l’exécutif de par ses psalmodies médiatiques de la peur. Par ailleurs loin de la ligne traçée par la déclaration de politique générale préconisant la résponsabilité et l’abnégation devant le parlement par objectifs visés et programmes à réaliser.
Déjà il comprend comme tout un chacun qu’avec le climat de tension paroxystique entre les pjdistes et les coalisés surtout le ministère de l’intérieur qui veille au grain, on ne sait jamais ce qui pourrait advenir de cette coalition. Le cas échéant il laisserait ses détracteurs partagés entre fureur et doute, surtout qu’après l’éclatement de la bulle du G8, beaucoup d’analystes devinaient qu’il aurait aimé hypothétiquement mettre ses propres impulsions politiques à le tracter contrairement à son chef actuel au parti et ministre de l’intérieur, qui lui a choisi l’éloignement du G8 peut etre pour des raisons devenant plus évidentes maintenant.
Abdelaziz Ikkrou