Les égyptiens n’ont pas dormi cette nuit. Tous avaient les yeux braqués sur les écrans de télévision. Vers 3 heures du matin (heure du Caire), le siège de la campagne de M. Morsi, le candidat des Frères Musulmans grouillait d’activités. Le porte parole de Morsi qui s’est présenté devant la presse a annoncé les résultats provisoires arrêtés après le décompte des voix exprimées dans 97,67% des bureaux de votes. Ces résultats donnent 52, 5 à Morsi. Quant à Shafik, il n’a pu obtenir que 47,5 des votes, selon ces résultats. C’est un écart de voix séparant les deux candidats d’à peu près 1 million.
Quelques minutes après Morsi s’est présenté devant les correspondants des médias et a fait une déclaration à travers laquelle il a remercié tous ceux qui avaient contribué à sa victoire. Le candidat Morsi a tenu dès ce moment à faire cette déclaration pour dire qu’il est d’ores et déjà le Président de tous les égyptienne, et ce, pour éviter tout équivoque à propos de sa victoire.
Mais cette victoire qui à présent n’est pas contestée et ne le sera pas sûrement après (bien que l’entourage du candidat adverse M. Shafik prétend que seuls 50 % des décomptes de voix ont été fait jusqu’à présent : 4 h du matin au Caire), ne lui permettra pas de gouverner sans pactiser avec l’armée qui s’est réservée beaucoup d’avantages et nombre de compétences à la veille de l’annonce des résultats. De fait, M; Morsi dont les pouvoirs en temps que Président, ne sont pas connus en l’absence d’une constitution, aura du mal à réaliser son programme dès lors qu’à chaque fois il sera obligé de passer par le Conseil Suprême Militaire qui aura gardé la main haute sur nombre de domaines importants.
L’écrivain et spécialiste de l’Égypte, Robert Solé, auteur de « Le Pharaon renversé, 18 jours qui ont changé l’Égypte » vient de décrire le régime actuel en ces termes: « On peut parler d’un coup d’État militaire déguisé. Des signaux en ce sens se sont multipliés depuis deux semaines. On a d’abord vu que les principaux chefs de la police ont été acquittés. Puis, alors qu’il venait d’être supprimé, l’état d’urgence a en quelque sorte été remis en vigueur, puisque le ministère de la Justice a autorisé l’armée à arrêter des civils. Enfin, le Parlement a été invalidé ».
A ce ci s’ajoute les compétence que les militaires se sont arrogés aujourd’hui avec le « texte constitutionnel complémentaire » qu’ils viennent de promulguer. Décidément la tâche ne sera pas facile pour le nouveau Président qui dès à présent insinuait qu’il n’acceptera pas le rôle d’une marionnette aux mains de chefs militaires précédemment désignés par Moubarak. Robert Solé a qualifié la situation qui prévaut à présent en Egypte comme étant celle d’un pays où « la scène politique […] ressemble à une partie de football interminable avec trois ou quatre équipes présentes sur le terrain et dont les règles changent tout le temps ».