Par Sami SHERIF
Professeur de sciences politiques à l’Université hébraïque de Tel-Aviv, Shlomo Avenri, qui a servi en tant que Ministre des Affaires étrangères dans le premier gouvernement de Yitzhak Rabin, a fait une analyse en profondeur des évènements que connait le monde arabe depuis plus d’un an et demie. Il a essayé d’en déterminer les scénarios possibles dans un proche avenir.
De son avis, deux phénomènes semblent s’imposer dans le Moyen-Orient depuis le début du printemps arabe. L’un s’est déjà vérifié et l’autre est en train de prendre forme. Ainsi, c’est pour la première fois dans l’histoire arabe moderne que des dirigeants despotiques, sont renversés et d’autres déstabilisés par des manifestations populaires et non pas par des coups d’Etat militaires, comme ce fut le cas dans le passé.
D’un autre côté ; toujours selon Shlomo Avenri, les monarchies conservatrices de la région; telles que celles du Maroc, de Jordanie et d’Arabie saoudite (à l’exception de Bahreïn) tiennent toujours les rênes bien qu’elles ont du affronter des oppositions dont les revendications étaient parfois radicales. Mais, si dans nombre de cas des réformes et des mesures ont été décrétées avec succès, le régime saoudien reste le plus répressif et ne semble pas prêt pour l’instant à accepter des ouvertures permettant a son peuple de s’exprimer. Même si les revenus pétroliers ont certainement joué un rôle dans la stabilité de ce régime autoritaire, c’est plutôt une certaine légitimité tirée du statut de serviteur des lieux saints qui lui a été salutaire devant une contestation chiite très vigoureuse mais limitée dans l’espace géographique (elle s’est passée dans la zone est du pays). Quant aux monarchies Marocaine et Jordanienne, c’est un autre type de légitimité qui les avait sauvées, une légitimité ayant trait à la filiation des deux Monarques au prophète. Dans ces trois cas, le salut est venu de la légitimité directement associée à l’Islam, sur laquelle repose le système politique dans ces trois Etats.