La campagne présidentielle de 2017 est marquée par les révélations et les affaires dans lesquelles sont impliqués les candidats. L’ONG internationale SumOfUs* a mis les pieds dans le plat : dans une étude inédite, elle met en lumière les conflits d’intérêts dans lesquels baignent les principaux candidats à la présidentielle ainsi que les soupçons et les faits avérés qui pèsent sur eux. Comment peut-on envisager de donner l’accès à la plus haute fonction de l’État à des individus dont les intérêts réels ne sont pas vraiment ceux de la majorité ?
« La campagne présidentielle de 2017 restera comme celle des conflits d’intérêts. Les révélations et scandales se sont succédé, entachant la candidature d’une grande partie des prétendants » note SumOfUs, qui s’inquiète de la situation qui a pour corollaire une « crise de confiance à l’égard des dirigeants politiques et des institutions étatiques », mais pointe aussi le manque de réactions dans les médias. L‘ONG SumOfUs lutte pour une plus grande transparence dans la vie publique, au bénéfice des citoyen.ne.s. Pour apporter sa pierre à l’édifice, elle publie un rapport de 25 pages sur les conflits d’intérêts qui concernent François Fillon, Benoît Hamon, Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon ainsi que les membres de leur équipe.
« Susciter une prise de conscience »
L’ONG ne traite que « des conflits d’intérêts avec des entreprises, les soupçons ou faits avérés« . Les auteurs se sont appuyés sur la loi de 2013 relative à la transparence dans la vie publique et ont retenu pour leur travail la définition suivante du conflit d’intérêt : « les situations dans lesquelles une personne chargée de défendre un intérêt particulier ou général est en position – ou peut être soupçonnée d’être en position – d’abuser de sa fonction pour défendre un autre intérêt ». SumOfUs ne s’est pas uniquement penché sur les cas qui sont répréhensibles au niveau pénal, mais alerte de manière plus générale à propos de « toute situation susceptible d’occasionner un doute sur l’impartialité et l’indépendance d’un acteur« . Le rapport s’intéresse uniquement aux cinq candidats en tête des sondages ainsi qu’aux membres de leurs équipes ; à regret, aucune donnée n’est proposée à propos des six autres candidats.
L’analyse a permis de mettre en lumière 52 conflits d’intérêt potentiels ou avérés. Les candidats qui font l’objet de l’étude sont concernés à divers niveau et alors que certains se distinguent par les très nombreux conflits d’intérêts dont ils font l’objet, d’autres sont relativement épargnés, à en croire les résultats de l’analyse. L’ONG espère que son rapport permettra de « lever le voile sur le sujet, lancer au sein de la population un véritable débat et susciter une prise de conscience vis-à-vis des conflits d’intérêt qui portent atteinte à « l’exemplarité de la République » revendiquée par les acteurs politiques ». Les 4 candidats en tête concernés
François Fillon
François Fillon, qui avait pourtant fait de son exemplarité un argument de campagne, a été rattrapé par la justice ces derniers mois, suite aux révélations faites par le Canard Enchaîné. Empêtré dans accusations à propos de l’incompatibilité entre ses activités au sein de de son cabinet de conseil 2F et ses activités parlementaires, il est entouré d’une équipe de campagne qui nage dans les affaires : nombre de ses proches se sont retrouvés dans des situations où leurs fonctions politiques entraient en conflit direct avec des fonctions dans des instances privées, laissant planer le soupçon de favoritisme et de tentative d’influence pour poursuivre des intérêts personnels ou économiques. L’ONG cite notamment le rôle de Valérie Pécresse qui déclare le plus de participations financières : 14 au total. Il s’agit d’actions de sociétés cotées françaises et étrangères, toutes détenues via un plan d’épargne en actions : Accor, Air Liquide, AXA, Bouygues, Carrefour, Edenred, GDF Suez, Lafarge, Publicis, Safran, Unibail, Valéo, Philips et SAP.
Benoît Hamon
Benoît Hamon, pour sa part, semble relativement épargné par les conflits d’intérêts. Son équipe de campagne n’est cependant pas vierge de tout soupçon : SumOfUs rappelle notamment l’affaire « Pigasse » qui avait touché Arnaud Montebourg en 2012. L’étude cite également Nicolas Hazard, responsable entrepreneuriat de sa campagne, et fondateur du Comptoir de l’innovation (Inco) qui a obtenu des financements de Google, Axa, eBay et Amundi, la plus grande société de gestion financière. L’ONG donne tous les détails de ces soupçons dans son étude.
Marine Lepen
De son côté, Marine Lepen est visée par une enquête pour « financement illégal » ; dans le même temps le micro parti Jeanne fait toujours l’objet d’observations particulière de la part de la justice. Surtout que la candidate du FN est entourée d’une équipe sur laquelle les soupçons se multiplient. Nombreux, à l’image de David Rachline, sont concernés par des enquêtes judiciaires. L’ONG souligne un fait remarquable : aucune mention concernant la lutte contre les conflits d’intérêt dans son programme 2017.