Comme la Russie, l’Iran soutient la Syrie et l’Irak contre l’EIIL. Tout comme Moscou, Téhéran s’est également engagé à combattre l’EIIL, mais ne se joindra pas à la coalition anti-EIIL de Washington.
Nouvelle(s) invasion(s) et projets de changement de régime en préparation?
Comme cela a été révélé le 20 juin 2014, pour Washington le gouvernement fédéral de Nouri Al-Malaki à Bagdad devait être écarté parce qu’il avait refusé de se joindre au siège américain de la Syrie, s’était aligné sur l’Iran, avait vendu du pétrole aux Chinois et avait acheté des armements à la Russie. La décision de l’Irak de participer à la construction du gazoduc Iran-Irak-Syrie a également contrarié les plans des États-Unis et de leurs alliés pour gagner le contrôle des flux d’énergie du Moyen-Orient et entraver l’intégration eurasienne.[1]
Le gouvernement Al-Malaki à Bagdad a commis deux autres péchés capitaux impardonnables aux yeux de Washington. Cependant, ces offenses doivent d’abord être replacées dans leur contexte géopolitique.
Souvenez-vous du slogan du gouvernement Bush II après le 11 Septembre, 2001, au début de sa série de guerres ? C’était le suivant: « N’importe qui peut aller à Bagdad, mais les vrais hommes vont à Téhéran ! » Ce que voulait dire ce slogan belliciste est que le Pentagone considérait que le chemin de Téhéran passait pas Bagdad et Damas.[2]
Comme pour la Syrie, les péchés capitaux du gouvernement Al-Malaki sont liés au fait qu’il bloquait le chemin de Téhéran. En premier lieu, le gouvernement irakien avait expulsé le Pentagone d’Irak à la fin de 2011, ce qui avait forcé les États-Unis à retirer les troupes américaines directement stationnées à la frontière occidentale de l’Iran. En second lieu, le gouvernement fédéral irakien cherchait à expulser les militants iraniens hostiles et à fermer le Camp d’Ashraf, qui pouvaient être utilisés dans une guerre ou des opérations de changement de régime contre l’Iran.
Le camp d’Ashraf était la base de l’aile militaire de l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI). L’OMPI est une organisation antigouvernementale iranienne qui a comme objectif le changement de régime à Téhéran. Cette organisation a même ouvertement appuyé les attaques menées par les États-Unis contre l’Iran et la Syrie.
Bien que le gouvernement américain ait inscrit l’OMPI sur sa liste d’organisations terroristes, quand les États-Unis et la Grande-Bretagne, leur fidèle allié, ont envahi l’Irak, Washington a commencé à resserrer ses liens avec l’OMPI. Paradoxalement, les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient hypocritement utilisé le soutien de Saddam Hussein à l’OMPI pour qualifier l’Irak d’État soutenant le terrorisme et également justifier l’invasion anglo-américaine de l’Irak. Depuis, les États-Unis protègent l’OMPI.
Depuis 2003, les États-Unis financent l’OMPI. Washington protège l’OMPI pour, d’une part, faire pression sur Téhéran et, d’autre part, se garder la possibilité de l’installer au pouvoir à Téhéran dans le cadre d’une opération de changement de régime contre l’Iran. L’OMPI a littéralement été incorporée à l’arsenal du Pentagone et de CIA contre Téhéran. Même après que les États-Unis aient transféré le contrôle du Camp d’Ashraf à Bagdad, le Pentagone a maintenu des troupes à l’intérieur du camp de l’OMPI.
En 2012, les forces de l’OMPI ont été transférées à l’ancienne base militaire américaine de Camp Liberty, qui est maintenant appelé par un nom arabe, le Camp Hurriya.
Le chef du bureau d’Istanbul du Christian Science Monitor, Scott Peterson, explique que les responsables américains ont commencé à réellement soutenir l’OMPI au début du printemps arabe en 2011. Ce soutien est lié aux rêves de changement de régime de Washington. Scott Peterson écrit que les responsables américains « parlent rarement du passé violent et anti-américain de l’OMPI et présentent ce groupe non pas comme des terroristes mais comme des combattants de la liberté ayant ‘des valeurs semblables aux nôtres’, comme des démocrates en attente prêts à servir d’avant-garde au changement de régime en Iran. »[3]
Washington n’a pas abandonné ses rêves de changement de régime à Téhéran
Washington n’a pas abandonné ses rêves de changement de régime à Téhéran. Est-ce une coïncidence que le soutien des États-Unis et de l’Union européenne à l’OMPI augmente alors que la menace de l’EIIL en Irak commence à recevoir une grande attention ?