Sami SHERIF
Aujourd’hui à 19 heures locales, la glorieuse armée égyptienne vient de signifier au président islamiste Mr. Morsi qu’il n’était plus président. Juste deux heures après, le chef d’état major et Ministre de la Défense, Abdelfattah Al-Sissi, en tenue militaire portant ses galons de général, entouré des principaux chefs religieux du pays et du représentant de l’opposition Mohamed El –Baradei, a fait un discours télévisé à la nation, annonçant que la Constitution était suspendue et que M. Morsi était remplacé par Mr Adly Mansour, le Président de la Haute Cour Constitutionnelle, qui devra prêter serment dès demain jeudi.
Lors de cette même allocution télévisée, Abdelfattah Al-Sissi a aussi fait une allusion à un épisode qui remonte au mois de novembre et qu’il n’a visiblement toujours pas digéré. Il a mentionné à ce propos qu’il avait proposé auparavant un dialogue national, que le président Morsi avait décliné à la dernière minute. C’était en pleine crise sur le projet de Constitution, que le président islamiste déchu avait décidé de faire passer en force malgré les protestations de l’opposition. Les manifestations autour du palais présidentiel avaient causé plusieurs morts entre pro et anti-Morsi. Pour sortir de la crise, Abdelfattah Al-Sissi avait convié toutes les forces politiques à une table ronde le lendemain. Le président, après avoir dit oui, avait fait comprendre qu’il était hors de question d’être ramené au même rang que ses opposants. Finalement, la réunion, acceptée par l’opposition, n’a jamais eu lieu.
L’armée a ainsi tenu à son ultimatum par lequel elle avait convié le chef d’Etat islamiste à « satisfaire les revendications du peuple ». Elle lui avait donné
lundi 48 heures pour y parvenir menaçant d’imposer sa propre «feuille de route». L’ultimatum étant arrivé à expiration à 16h30, l’armée a pris rapidement le contrôle de la télévision d’Etat et a déployé des troupes et des blindés dans les rues et sur les ponts du Caire. Elle a fermé toutes les stations de radio et de télévision tenues par les Frères Musulmans et procéder à nombre d’arrestations parmi leurs responsables.
Dès la fin de l’allocution du Chef d’Etat Major, c’est la fête dans tout le pays. Au Caire des centaines de milliers d’égyptiens opposant à Morsi et campant depuis déjà 3 jours dans la célèbre Place
Attahrir, s’éclatent de joie. Klaxons, feux d’artifice, tambours, pétards, sifflets et cris de joie. La bande son de la deuxième révolution égyptienne, c’est tout ça à la fois.
Un peu plus tôt dans la journée, Mohamed Morsi avait appelé sur sa page Facebook officielle à «former un gouvernement de coalition et de consensus afin d’organiser des législatives à venir». Il avait déjà catégoriquement refusé mardi soir de quitter le pouvoir, mettant en avant la «légitimité» de son élection démocratique, il y a un an. Il avait rejeté l’ultimatum de l’armée, affirmant qu’il ne se plierait à aucun «diktat».
A présent, il n’a pas d’autres choix, il n’a qu’à se résigner à une décision populaire mise en œuvre par l’armée gardienne des lieux depuis le premier président de la république Najib. Son intervention salutaire a mis fin par ko à ce 2ème round de la révolution du peuple égyptien qui semble vivre des moments exceptionnels de son histoire tumultueuse n’en finissant pas de le faire rêver. Une partie délicate commence dès aujourd’hui, dès lors qu’il devra choisir le Président qui lui convient …
La Rédaction de jwek.com félicite le peuple égyptien et sa glorieuse armée pour cette réalisation grandiose. Nous leur espérons qu’ils puissent réussir à remettre en fonctionnement les institutions du pays, mises à mal en 1 un an de règne seulement par des islamistes incompétents et irresponsables.
Sami Shérif