Algérie : l’intelligentsia s’inquiète de l’avenir du pays en l’absence d’une opposition crédible

euple cherche opposition…

Djamaledine Benchenouf
Djamaledine Benchenouf

Par Djameledine  BENCHENOUF 

Ce qui se passe dans notre pays, en ce moment, est proprement hallucinant. Nous ne savons même pas où se trouve notre propre Chef de l’Etat, ni dans quel état il se trouve. Les seuls qui communiquent sur lui, un tant soit peu, sont des hommes politiques français, dont le Président Hollande lui-même. Parce que notre président invisible, depuis des années déjà, n’accepte de se soigner qu’en France, et que dans des hôpitaux de l’armée française. Dans cette France que le régime utilise comme un juteux fond de commerce mémoriel, depuis 1962. Cette France que le régime stigmatise à longueur d’année, de mille et une manières, qu’il nous désigne comme l’infâme colonisateur, et même le néo-colonisateur, au moment où les barons de cette même clique qui a mené le pays aux chaos se soignent dans le même pays, tant décrié, tant désigné à la vindicte moutonnière, dans ce pays même où leurs enfants ont fait leurs études, où ils disposent de somptueuses résidences, et d’épais comptes en banque.

Nous ne savons donc pas ce que devient notre Président, où il se trouve, dans quel état il se trouve, et quand il va daigner rentrer au bercail, s’il est encore de ce monde. Nous sommes tous suspendus aux lèvres de François Hollande et de Laurent Fabius. Encore que depuis qu’ils ont été interpellés par quelques citoyens algériens qui leur ont demandé de s’occuper de leurs affaires, les dirigeants français ne communiquent plus sur les nôtres que de façon très officieuse, en off, en soufflant des scoops à BFMTV et autres chaînes des copains-coquins, sionisants de préférence.
Et en Algérie, pendant ce temps, pendant que les uns et les autres s’abîment en de vaines conjectures, pendant que le peuple FLN et RND tourne en rond, en bêlant, en attendant qu’on lui dise quoi faire, s’il doit crier son soutien au président, où s’il doit le huer, s’il doit se répandre à ses pieds, où s’il doit lui tomber dessus, la situation se dégrade à une grande vitesse. Il suffirait d’une étincelle pour que le pays tout entier s’embrase, que la colère explose, dans l’anarchie et la violence débridée.
A quelques encablures de l’échéance présidentielle, les Algériens ne savent même pas qui va être désigné à leur tête, comme cela se faisait d’habitude, par un groupe de décideurs, comme on dit en Algérie. Personne ne sait qui va sortir du chapeau de ces décideurs, puisque eux-mêmes ne le savent pas. Ils ne sont plus cette dizaine de gros généraux, qui faisaient et défaisaient les rois. Aujourd’hui, ils se comptent en dizaines, tous aussi voraces les uns que les autres, tous aussi obtus, qui ne voient même pas qu’ils sont en train de scier la branche royale sur laquelle ils sont assis.
L’opposition au régime, qui n’a d’opposition que le nom, est dans la même expectative, et la même sidération. Elle est là, bouche ouverte, à attendre qu’on lui dise quoi faire, même pas capable de lancer l’alerte, avant le chaos et la dévastation. Elle est aux abonnés absents. Et les seuls qui s’agitent, un tant soit peu, parmi elle, sont d’anciens chevaux de retour, qui ont frayé avec le régime, qui ont été généreusement défrayés par lui, leur vie durant. Ils nous disent des choses et d’autres, et militent même pour l’avènement d’une deuxième république, comme s’ils voulaient nous enfoncer dans le ciboulot que la première république a besoin d’être quelque peu dépoussiérée. En nous hurlant leur deuxième république à l’oreille, ce sont eux, leur carrière, et leur connivence avec le régime qu’ils veulent dédouaner. Et ils feignent d’oublier, que le peuple tout entier les voit louvoyer, entre mensonge et contre-vérité. Parce que le peuple algérien sait pertinemment, jusque dans sa chair, dans sa vie, et même dans l’avenir compromis de ses propres enfants, qu’il n’y a jamais eu de première république. Juste une mafiocratie qui a confisqué le pouvoir depuis l’indépendance du pays, qui ne l’a jamais lâché, et qui ne le lâchera que contrainte et forcée. Et ce peuple ne cherche pas à fonder une deuxième chose après une première qui n’a jamais existé. Il veut juste qu’on lui dise où est passée l’opposition au régime. Quelqu’un pourrait-il le lui dire ? Il y a quelqu’un ?
Djameledine  Benchenouf  

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