Par Chahid BENDRISS
Alger s’interroge sur l’avenir de Bouteflika, hospitalisé et soigné une nouvelle fois à Paris, le président algérien ne devrait pas pouvoir se représenter pour un quatrième mandat en 2014.
« L’Algérie doit se préparer à changer de président. Aujourd’hui, la perspective d’un quatrième mandat s’éloigne définitivement. »
Après l’accident cardio-vasculaire d’Abdelaziz Bouteflika, hospitalisé depuis samedi au Val-de-Grâce à Paris, les voix comme celle de Sofiane Djilali, président du parti Jil Jadid (Génération nouvelle), se multiplient pour remettre en question la viabilité d’une nouvelle candidature du chef d’État algérien, 76 ans, dont quatorze au pouvoir, à l’élection présidentielle prévue pour 2014.
L’agence de presse officielle a beau se vouloir rassurante, précisant que l’état de santé du président «évolue bien» et qu’il n’y a «aucune lésion irréversible», le premier ministre a beau affirmer que son problème médical n’était «pas du tout grave», rien n’y fait.
« Le débat sur la succession va être relancé de manière légitime », insiste Omar Belhouchet, directeur de la publication du quotidien francophone El Watan, qui a évoqué la semaine dernière la possible implication du frère du président dans des affaires de corruption éclaboussant le Palais.
Depuis, selon Le Quotidien d’Oran, Saïd Bouteflika aurait été démis de ses fonctions de conseiller.
« Le jeu pourrait s’ouvrir » À la présidence comme au FLN, son parti, les proches cherchent à relativiser. « Bouteflika est un homme résistant et tous ces mensonges ne le touchent pas.
S’il a été décidé de ne pas faire de secret autour de son état de santé, c’est justement pour éviter toute spéculation », assure un fidèle du sérail. «Il est prématuré de parler de quatrième mandat alors que le président ne s’est même pas déclaré candidat! s’emporte aussi Abderrahmane Belayat, coordinateur du Bureau politique du FLN et ancien ministre. Ce n’est pas la première fois qu’il est malade, l’opinion publique le sait, mais il est encore en état de diriger le pays et c’est ça qui importe pour le moment.»
Toutefois, plusieurs opposants n’écartent plus l’application de l’article 88 de la Constitution prévoyant la destitution du président en cas d’incapacité à gouverner et son remplacement par le président du Sénat pendant quarante-cinq jours, le temps d’organiser de nouvelles élections.
« Alors que le pouvoir n’a jamais communiqué sur les précédentes hospitalisations (comme celle de 2005, due, officiellement, à un ulcère hémorragique à l’estomac, NDLR), curieusement, cette fois-ci, on nous dit tout, s’étonne le politologue Rachid Tlemçani. C’est bien la preuve que l’on veut préparer l’opinion publique à des présidentielles anticipées ! Et, sachant que les rangs de l’armée sont désunis, le jeu politique pourrait enfin s’ouvrir. »
Chahid Ben Driss