Par Sami SHERIF
Ce dimanche 7 avril, en fin de soirée, le Président Morsi a voulu calmer la colère de la communauté chrétienne coptes égyptienne en annonçant la création d’une commission d’enquête sur les événements récents pendant lesquels 4 personnes coptes avaient trouvé la mort. Cette décision semble avoir été prise en retard, car la communauté copte demande désormais que les frères musulmans au pouvoir et à leur tête le Président Morsi ne peuvent plus bénéficier de la moindre portion de confiance de sa part. Des coptes demandent déjà en public leur départ et n’hésitent plus en privé d’en appeler à l’intervention de l’armée pour les déloger. Il faut dire que la situation se complique pour Morsi et pour ‘ensemble du pays à la veille des élections législatives qui commenceront à la fin de ce mois.
Hier encore, une personne a été tuée devant la cathédrale Saint-Marc du Caire lors des violences qui ont suivi les funérailles de quatre Coptes, pendant lesquelles des slogans contre le président islamiste Morsi ont été lancés. Mohammed Soltane, le chef des services de secours, a affirmé que le jeune ayant trouvé la mort à été touché au visage par des tirs de chevrotine. Dans la soirée, de nouveaux affrontements ont en outre éclaté entre musulmans et chrétiens à Al-Khoussous, au nord du Caire, où les quatre chrétiens ainsi qu’un musulman avaient été tués il y a deux jours, selon la police. Au Caire, la police anti-émeutes, déployée devant le portail principal de la cathédrale Saint-Marc, a tiré des grenades lacrymogènes sur le lieu de culte. Des civils, en majorité des habitants du quartier, étaient postés derrière les policiers et échangeaient pierres, bouteilles et bombes incendiaires avec des jeunes positionnés sur le toit de bâtiments situés dans l’enceinte de la cathédrale.
Les fidèles réunis dans l’enceinte de la cathédrale pour célébrer la messe dédiée aux funérailles des 4 jeunes coptes morts le vendredi dernier dans des affrontements sanglants entre musulmans et chrétiens, scandaient à haute voix des slogans contre le pouvoir islamiste. « Pendant les obsèques, à l’intérieur de la cathédrale, on a scandé ‘A bas le pouvoir du Guide’ et ça a été retransmis en direct à la télévision. Dès sa sortie de l’Eglise, le cortège funèbre fut attaqué par des hordes de jeunes à coup de pierres et de bombes incendiaires. « Nous sortions de la cathédrale avec les dépouilles et nous avions l’intention de nous diriger vers Al-Ittihadiya ([Palais Présidentiel). Il y a eu des altercations avec la police, les habitants du quartier étaient hostiles et se sont mis du côté des policiers. Ils couraient après les chrétiens », a affirmé avec émotion Sami Adli, un Copte. « La police a tiré du gaz lacrymogène sur le siège du patriarcat copte. Quel genre d’Etat permet cela ? Les Coptes ne vont pas laisser passer ça », a-t-il ajouté . « C’est le gouvernement qui veut ça. La seule solution, c’est que l’armée intervienne », a lancé avec colère un quinquagénaire chrétien.
La principale chaîne public de télévision a annoncé pendant la soirée que public dimanche soir que le président Morsi a assuré par téléphone à Tawadros II, patriarche des Coptes orthodoxes d’Egypte, qu’il considérait « toute attaque contre l’église comme une attaque personnelle ». « La protection des citoyens, musulmans et chrétiens, est la responsabilité de l’Etat », a-t-il ajouté selon la même source. Le président islamiste a confirmé dans la soirée sa condamnation des violences et a annoncé avoir demandé « une enquête immédiate ».
Le plus grave dans cette affaire, c’est que les forces de l’ordre ont laissé faire à certains endroits près de la cathédrale les jeune musulmans qui voulaient luncher les chrétiens du cortège funéraire à sa sortie de l’église. Cette gravité était perceptible le vendredi au moment où un simple incident causé par des enfants dessinant une croix gammée sur le mur d’un institut religieux musulman, s’est traduit par des heurts très violents pendant lesquels des échanges de tirs à l’arme automatique ont eu lieu entre des jeunes des deux communautés.
Sami Shérif
Source AFP