Vers une guerre des religions en Tunisie entre « l’islam national » malékite et « l’islam étranger » wahhabite
Par Salem BENAMMAR
La guerre des religions aura-t-elle lieu en Tunisie ? Mais contrairement à sa grande soeur chrétienne, où les chrétiens persécutaient les protestants, celle-ci est fomentée par une minorité activiste schismatique hyper sectaire et ultra violente qui se veut le vrai Islam et qui veut éradiquer l’Islam officiel ayant pris forme à Kairouan et ayant façonné le caractère tolérant actuel des tunisiens.
Deux conceptions de l’Islam qui s’opposent avant qu’elles n’en viennent à en découdre dans un bain de sang. Deux Islam à des
années-lumière l’un de l’autre. Un Islam véhiculé et importé par la Qaïda locale, celui synonyme de la trahison, de la haine de l’autre, de l’intolérance, du puritanisme de l’hypocrisie, de la perte de l’identité nationale et de l’indépendance du pays, du djihad, de la pédophilie, de la polygamie, du mal vivre, des injustices sociales, des inégalités, de la corruption, de la relégation de la femme, du racisme, de l’antisémitisme, des abus de pouvoir, du népotisme, de la dictature de la religion. Un Islam rejeté en bloc par la majorité des tunisiens qui s’arcboutent à leur Islam hérité de leurs aïeux. Celui qui a cimenté leur unité et qui fut le moteur de leur lute pour l’indépendance nationale. Un Islam du bien vivre ensemble où juifs, chrétiens, agnostiques et musulmans vivaient en bonne harmonie, ébranlée en 1967 par une crise venue d’Orient. La spécificité de l’Islam tunisien est mise à mal par le péril venant de l’Est. Un Islam du respect des droits de la femme. Celui du consensus et de la modernité. Celui que la Qaïda tunisienne se plaît à le présenter comme étant le sous-produit du sionisme auquel la Tunisie de Bourguiba doit le C.S.P.
Plus le mensonge est gros, plus il a l’allure de vérité. Fourbes, pervers, fabulateurs et apostats, les islamistes sont capables de dénier au Prophète lui-même l’authenticité de son Message, ils ne vont pas se priver de couvrir d’insanités et de calomnies l’Islam qui a concouru à la construction de la personnalité tunisienne et qui a permis à Bourguiba de libérer l’héritière de Didon et de la Kahina du carcan des traditions qui sont loin pourtant en avance sur le modèle de société qu’Ennahdha veut imposer aux tunisiens. L’Islam que cette secte sataniste veut vouer aux gémonies, n’est pas un Islam collaborationniste comme le leur. Il a été le catalyseur de l’indépendance de la Tunisie, comme celle de l’Algérie. Il est celui qui a toujours résisté à l’invasion wahhabite dans les mosquées dès le début du 19e siècle. Un Islam de la dignité de l’homme et de l’orgueil national. L’Islam tunisien, est un Islam nationaliste et patriote. A la différence de l’histoire sulfureuse de l’Islamisme qui doit son avènement tant en Arabie à la fin du 18e siècle qu’en Egypte dans les années 1920 aux occupants britanniques. Contrairement au leur, l’Islam tunisien n’est
pas un Islam de godillots et de pantins à l’instar du leur. Il n’est pas un pion sur l’échiquier des grandes puissances et une marionnette dont elles tirent les ficelles à leur guise.
L’Islam malékite au nom associé à l’histoire de la Tunisie depuis 1400 ans est bel et bien celui de la grandeur et de la splendeur du monde musulman auquel il doit une de ses pages des plus glorieuses pages celle de la conquête d’Espagne, tandis que celui dont les islamistes se targuent, qui n’a d’Islam que le nom, est l’Islam de la honte, de la vassalisation, de l’ignominie, de la terreur et de l’abandon de la souveraineté nationale. Comparer le vrai Islam de la Tunisie à celui d’Ennahdha n’est pas une faute c’est un crime. Comme si l’on pouvait comparer l’humanisme au nazisme. Ce n’est pas par hasard que l’Islam tunisien a choisi le camp des libertés en 1939-45 à la différence de l’islamisme qui a combattu au sein des forces nazies. Ce n’est par hasard non plus que les malékites ont toujours défendu leurs frontières nationales, tandis que les islamistes se terraient comme des rongeurs qu’ils le sont dans leurs tanières. Ce sont des musulmans tunisiens malékites morts et blessés pendant la Révolution du Jasmin, et non pas des islamistes qui profitaient de leur exil doré en Occident et de la générosité de leurs mentors wahhabites et iraniens. C’est grâce aux malékites tunisiens qu’ils sont sortis de leur néant. Vivement qu’ils y retournent et que la Tunisie tunisienne et plurielle retrouve sa quiétude et sa sérénité.
Salem Benammar