Par Sami SHERIF
L’assassinat hier matin de l’opposant Chokri Balaid a eu des répercussions graves sur la stabilité du pays, puisque des heurts violents ont éclaté dans plusieurs villes tunisiennes. La foule qui a envahi nombre de point stratégiques dans ces localités, a appelé à la vengeance. A Tunis la capitale, un policier a été tué par les manifestants l’ayant lapidé à coup de pierres. Le siège du Ministère de l’Intérieur sur l’avenue Habib Bourguiba a frôlé de justesse le saccage. Dans plusieurs localités, des locaux du parti Ennahda au pouvoir ont été brûlés et détruits.
Ces graves évènement ont eu lieu malgré que le Président Marzouki; qui a écourté son voyage devant en principe l’amener au Caire ce jeudi pour y participer au Sommet des pays musulmans, a fait un appel à la retenue et au calme.
Dans un geste d’apaisement de la situation qui risque de se détériorer encore en raison de l’appel à la grève générale fait par l’opposition pour demain vendredi 7 février, jour des funérailles de Chokri Belaïd, le Chef du Gouvernement Hammadi Jbali, a fait un discours où il a annoncé la dissolution de son cabinet composé essentiellement d’islamistes d’Ennahda dans une perspective de
l’installation d’un autre où ne siègeront que des technocrates en attendant les prochaine élections législatives.
Cette décision n’a guère plu à une frange d’Ennahda. Selon le vice-président de l’organisation islamiste, Abdelhamid Jelassi les propos de Hamadi Jebali n’ont pas fait l’objet d’une consultation au sein du parti. Il s’est prononcé mercredi 6 février pour la formation d’un « gouvernement politique de coalition ». Selon Selon ce responsable « la Tunisie a besoin d’un gouvernement politique ». Et pour rassurer ses interlocuteur que la décision du Premier Ministre n’est pas définitive, il a déclaré : « Nous allons poursuivre les discussions avec les autres partis sur la formation d’un gouvernement de coalition ». Quant au numéro un d’Ennahda, Rached Ghannouchi, il ne s’est toujours pas prononcé sur cette question et aucune position officielle du parti islamiste n’a été rendue publique. D’ores et déjà, des divisions se
font sentir au sein de l’appareil, quant aux réponses à apporter aux troubles qui ont suivi le meurtre de Chokri Belaïd. En effet, le chef du groupe parlementaire d’Ennahda, Sahbi Atig a déjà averti le premier ministre en lui rappelant que faute de Constitution, il n’a « juridiquement pas le droit de démettre de leurs fonctions les membres du gouvernement ». Le parti islamiste semble ébranlé par les conséquences désastreuses de l’assassinat d’un leader politique par des terroristes alors qu’il contrôle le gouvernement.
Dès lors, Ennahda va devoir en tout cas très vite trouver une issue pour apaiser les mécontents, tous ceux qui accusent le parti d’avoir alimenté ces derniers mois ce climat de violence qui a abouti à l’assassinat mercredi de Chokri Belaïd. Aussi, faudrait-il s’attendre cette après-midi à un grand match politique qui se passera au sein même du parti islamiste qui est tiraillé entre une aile dure et une aile plus modérée.
Quant au peuple tunisien, il semble qu’il est toujours sous le choc engendré par les violences de ces
derniers. Les citoyens sont partagés entre colère et tristesse. Des manifestations ont éclaté à Tunis et dans plusieurs villes du sud tunisien. Des informations font état d’un mouvement de désobéissance civile qui bolque toute circulation de véhicules dans les artères de Sousa.
Demain sera inhumé le corps du leader assassiné. Il sera journée de grève générale. C’est l’armée qui va se charger d’assurer la sécurité à Tunis, puisqu’on s’attend à une journée difficile, et ce, d’autant plus que le principal syndicat tunisien, l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), , a décidé de s’associer à l’appel à la grève générale ce vendredi.
De leur côté, les syndicats des avocats des magistrats et du parquet ainsi que des enseignants de l’université de la Manouba on annoncé qu’ils seraient en grève eux dès aujourd’hui. Un deuil national a été décidé pour deux jours dans les tribunaux du pays afin de dénoncer la mort de Chokri Belaïd qui était aussi avocat. Même si aucun appel à manifester n’a été lancé, une centaine de militants d’opposition manifestaient ce matin sous la pluie sur l’avenue Bourguiba où hier des milliers de protestataires avaient été dispersés par la police.
Sami Shérif