Par Sami SHERIF
Aujourd’hui lundi 14 janvier 2013 la Tunisie a célébré le deuxième anniversaire de la victoire de la révolution du “jasmin” qui a conduit à la chute du régime du dictateur Zine Al Abidine Ben Ali le 14 janvier 2011, dans une ambiance trouble marquée par des divergences assez profondes entre protagonistes politiques et par une division de l’opinion publique et des manifestations de chômeurs et d’ouvriers.
Des observateurs estiment que l’origine de cette situation se trouve dans le retard pris dans l’élaboration du texte du nouveau projet de constitution pour lequel une assemblée a été démocratiquement élue il y a déjà un an. La troïka dirigée par le mouvement islamique Ennahdha au pouvoir est accusée de “prolonger” la transition et de retarder ainsi la rédaction de la nouvelle constitution dont dépend l’organisation des prochaines échéances (élections présidentielle et parlementaires) pour jeter les fondements du pouvoir et garantir la stabilité politique.
Les partis politiques de l’opposition ont critiqué les performances du gouvernement. Les projets et programmes de développement dans les zones démunies “n’ont pas été concrétisés” et un net recul des investissements nationaux et étrangers a été enregistré, selon M. Ahmed Ibrahim, chef du parti Al Massar.
Pour sa part, le dirigeant du Parti républicain, Isam Chabi, a estimé que la célébration du deuxième anniversaire de la victoire de la révolution avait un goût “d’inachevé” car les aspirations et les revendications des Tunisiens “n’ont pas été concrétisées” dans le domaine de l’emploi et la lutte contre la pauvreté, notamment.
Sur le plan économique, le gouvernement provisoire tunisien a en fait réalisé en 2012 un taux de croissance de 3,5% par rapport à 2011, année à laquelle celui-ci avait atteint son plus bas niveau soit 1,8% du produit intérieur brut (PIB). Mais des experts économistes ont reproché à la Troika d’avoir omi de prendre les mesures nécessaires pour réduire la pauvreté qui a déjà atteint 24,7% dans les différentes régions du pays s et le chômage qui avoisine désormais les 18% soit 800.000 chômeurs.
D’autres experts ont estimé pour leur part, que les troubles sociaux dont les grèves, les sit-in et la situation sécuritaire sont des facteurs qui ont négativement influé sur la dynamique économique ce qui a poussé 2.600 investisseurs à quitter le pays, outre la fermeture de plus de 200 entreprises et la perte de 150.000 emplois.
Les partis au pouvoir estiment par contre que les troubles que connait la Tunisie s’expliquent dès lors que toutes les composantes de la société “sont à la recherche d’une position dans le nouvel espace politique, social, économique et sécuritaire”.
Mais hier encore un groupe de wahabites s’est pris à un mausolée à Tunis-même en le mettant en feu et en le détruisant sous le regard ébahi des habitants le vénérant. Malgré que le Président Marzouki s’est rendu dans les lieux pour calmer ces habitants, la tension régnait en maître et le président y a passé de très mauvais moments.
À Ben Guerdane, la situation n’a pas l’air de connaître l’apaisement. Le jeudi dernier, dit « jeudi noir » en raison des troubles graves qui avaient secoué la région, les dégâts importants causés au commissariat de police était encore visibles. Lors de ces évènements, les agents de sécurité se sont retirés des commissariats, après l’épuisement des stocks de gaz lacrymogène et ont refusé de tirer sur les manifestants. Juste après le poste de la douane a été envahi et les manifestants se sont emparés de ce qu’ils ont trouvé dedans comme les climatiseurs, les ordinateurs ainsi que les voitures stationnées dans le parking, avant de l’incendier.
De même, le local du parti Ennahdha a été saccagé : les protestataires ont défoncé la porte, cassé des chaises et des tables et brûlé quelques livres et documents, d’après le responsable local Mohamed Chandoul. Avec l’arrivée des militaires des casernes de Ben Guerdane et Zarzis, le calme est revenu dans la ville. (APS)
Sami Shérif