L’article 2 du projet de Constitution voté par la commission prévoit que les « principes de la charia » constituent la « principale source de la législation », une formulation assez consensuelle en Egypte, qui ne fait pas des préceptes au sens strict de la loi islamique la source unique de la loi. L’article a été adopté à l’unanimité. D’autres dispositions non encore votées, pourraient permettre d’élargir les domaines d’ application de la charia. Les fondamentalistes salafistes souhaitaient ainsi rendre la référence à la charia plus contraignante. Mais de nombreux libéraux et nationalistes, de même que l’église copte orthodoxe -qui représente 6 à 10% de la population- qui ont boycotté l’assemblée constituante, avaient dit ne pas vouloir aller au delà de la formulation de l’ ancienne Constitution.
générale, alors que le pays traverse une grave crise politique déclenchée par le renforcement des pouvoirs du président, accusé de se comporter en dictateur, et que de nouvelles manifestations sont attendues. Les anti-Morsi qui occupent la place Tahrir au Caire depuis une semaine dénonçaient une procédure hâtive, qui aggrave les tensions. »Il n’est pas logique de passer au vote alors que le pays est aussi divisé », affirmait un manifestant, Abdel Nasser Zidane , un chômeur de 42 ans. « Les Frères musulmans font leur propre Constitution, pas celle de l’Egypte », assurait de son côté Tamer Harby, 30 ans.
L’Egypte est secouée depuis plusieurs jours par de nombreuses manifestations, assorties parfois de violences qui ont fait cinq morts et plusieurs centaines de
blessés. Certains opposants appellent à une nouvelle manifestation anti-Morsi vendredi place Tahrir, tandis que les islamistes préparent de leur côté un rassemblement ailleurs près de la mosquée principale du Caire, loin de la célèbre place Tahrir rassemblements de soutien au président samedi.
Les Frères ont toutefois indiqué jeudi que leur manifestation au Caire ne se tiendrait pas sur Tahrir, contrairement à ce qui avait été annoncé, laissant entendre que les risques d’affrontements étaient trop élevés.
Commentant ces manifestations, le président islamiste s’est réjoui du fait que le peuple réagisse de la sorte. « Tout cela est positif , le peuple exprime son opinion, dit ce qu’il pense, le climat est sain ». « Je vois que l’opposition exprime ses idées et les partisans (du pouvoir ) disent leur opinion et assument leurs responsabilités », a-t-il encore remarqué.
Mais cette réflexion du Président ne peut cacher le fait évident que l’Égypte est désormais divisée plus qu’elle ne l’avait jamais été. Les conditions et les ingrédients de confrontations violentes entre « pro » et « anti » islamistes, sont en train d’être réunies et amplifiées. En prévision de nouvelles émeutes et confrontations, les blindés et les soldats de la Garde Républicaine ont pris position tout au tour du palais présidentiel ce jeudi matin. Le pays s’installe dans l’une des grandes crises et semble s’y engouffrer de plus en plus.
Sami Sherif