Aujourd’hui vendredi 16 novembre 2012, des milliers de Jordaniens ont manifesté à Amman, réclamant le départ du roi Abdallah II. Pour la première fois dans l’histoire de la Jordanie depuis sa création comme un Etat tampon par les britanniques en 1946, qu’une telle revendication est clairement scandée par une foule immense que la police a empêchée de s’approcher du palais royal.
« Le peuple veut la réforme du régime. Liberté, à bas le roi Abdallah », ont scandé près de 100.000 manifestants, dont des islamistes, de militants de gauche et des mouvements de jeunesse. « La liberté vient de Dieu. Abdallah, ton temps est révolu », ou « Le peuple veut la chute du régime. Abdallah, il faut réformer ou partir », ont-ils encore crié devant la mosquée Housseini, dans le centre d’Amman.
De l’avis de l’un des dirigeants du parti d’opposition des Frères musulmans, « le nombre de ceux qui réclament la chute du régime et en train d’augmenter à cause des politiques erronées qui ne tiennent pas compte des exigences du peuple ». « Cela ne peut pas et ne doit pas être ignoré. Le régime doit mener des réformes avant qu’il ne soit trop tard ».
L’après -midi, de nouvelles manifestations ont eu lieu ailleurs dans le reste du pays, dans presque toutes les villes du royaume. C’est l’annonce de hausses excessives de prix des carburants qui ont déclenché ces troubles mardi dernier. Depuis lors, une centaine d’incidents sous forme d’émeutes, de mises à sac et de violences, ont eu lieu et ont été la cause d’un décès parmi les manifestants dont 71 ont été blessés. En principe, c’est pour le 23 janvier prochain que des élections législatives étaient programmées. Ce mouvement de contestation risque fort bien d’obliger le roi de reporter à une échéance ultérieur le scrutin que les Frères musulmans, principale force politique de l’opposition, comptent déjà boycotter.
L’Administration américaine qui; parait-il, consacre au roi Abdellah 3 millions de $ mensuellement à titre d’aide pour la couronne est très inquiète pour ce qui se passe dans ce pays où l’influence des Frères Musulmans s’accroit au jour le jour. Mais la diplomatie américaine a considéré ces derniers jours que ces manifestations marquaient l’existence d’une « soif de changement », à l’instar du Printemps arabe dans des pays voisins ». Le porte-parole adjoint du département d’Etat, Mark Toner a en effet déclaré jeudi que « Le peuple jordanien a des inquiétudes économiques et politiques et a des aspirations. Nous pensons que la feuille de route du roi Abdallah II pour des réformes y répond. Mais, comme on l’a vu ailleurs, il y a une soif de changement » en Jordanie.
Sami Shérif (Sources : L’Orient Le Jour et l’AFP)