Par Sami SHERIF
Tout en fustigeant la stratégie «d’apaisement» de l’administration démocrate dans le dossier nucléaire iranien, le candidat milliardaire conservateur Mitt Romney, a fait lors d’une réunion de levée de fonds filmée à son insu, et publiée dans son intégralité par le magazine de gauche Mother Jones, des propos infâmes contre les Palestiniens.
Selon sa conception des rapports de force en jeu dans la région, les Palestiniens sont hostiles à la paix. Ces propos trahissent un racisme viscéral et reflétent un parti pris résolument pro-israélien, donnant ainsi des gages supplémentaires à Israël et à l’influent lobby sioniste l’AIPAC.
Cette petite phrase signifie sans ambages qu’une fois élu, le très fragile processus de paix sera définitivement torpillé. Pour le principal rival d’Obama à la Maison Blanche, les Palestiniens « ne s’intéressent absolument pas à la paix » avec Israël, et « un cheminement vers la paix est presque absolument impensable« . Dan ces conditions, « l’idée de faire pression sur les Israéliens pour qu’ils donnent quelque chose aux Palestiniens en échange de gestes (de ces derniers) est la pire idée du monde ».
Les réactions des palestiniens n’ont pas tardé d’y répondre. Le négociateur palestinien, M. Erakat a réagi avec vigueur : « Nous considérons ces déclarations comme absolument inacceptables », tout en assurant avec force : « Personne n’a davantage intérêt à la paix que les Palestiniens ».
Le candidat conservateur s’était déjà distingué dans le passé sur ce sujet très sensible pour les arabes par des déclarations jugées « racistes »qui ont jeté le trouble et mis les nerfs à vif de ses interlocuteurs palestiniens, notamment au cours de sa visite à Jérusalem, fin juillet. Le présidentiable républicain avait en effet prétendu que l’écart entre leur niveau économique et celui d’Israël s’expliquait par une différence de « culture », s’attirant les foudres des Palestiniens lorsqu’il a qualifié la Ville Sainte de « capitale d’Israël ».
Le porte-parole d’Obama Jay CarneyBarack a qualifié les propos de M. Romney trahissent un manque de « leadership » a critiqué ce dernier en conférence de presse, promettant de faire tout le contraire de Romney : « Le président travaille sur ce dossier depuis le début de son mandat. C’est une question difficile, mais en fin de compte la paix entre les Israéliens et les Palestiniens (…) est dans les intérêts des Israéliens et des Palestiniens, et dans les intérêts des Etats-Unis d’Amérique. Et le président continuera à la rechercher. »
L’autorité palestinienne craignant une éventuelle élection de Romney, compte s’adresser à l’ONU le plutôt possible pour une nouvelle demande d’adhésion. Le négociateur palestinien Saëb Erakat a remis mardi à M. Netanyahu la lettre de M. Abbas, dont le contenu n’a pas été publié, lors d’une rencontre à Jérusalem, la première de ce niveau depuis l’arrêt des pourparlers de paix en septembre 2010. « A la suite des actions entreprises par les gouvernements israéliens successifs, l’Autorité nationale palestinienne n’a plus aucune autorité ni réelle compétence dans les domaines politique, économique, social, territorial et de sécurité », accuse M. Abbas, selon une version du document dont l’AFP a obtenu copie.
De l’avis des responsables de cette autorité, la reprise des négociations, devra être précédée d’une série d’engagements de la part du gouvernement israélien : discussions sur la base des lignes de 1967 « avec des échanges de territoire mineurs et mutuellement agréés », gel de la colonisation, libération des détenus palestiniens et retour à la lettre des accords signés. « Si cela ne se produit pas« , a assuré dès le lendemain M. Erakat, « l’Autorité palestinienne poursuivra sa stratégie concernant les démarches à l’Assemblée générale, au Conseil de sécurité et dans les autres instances de l’ONU ». « Nous avons dit au Premier ministre israélien que nous ne permettrions pas que la situation actuelle perdure« , a-t-il ajouté, lors d’une conférence à Hébron, en Cisjordanie, sur les conséquences d’une adhésion de la Palestine à l’ONU en tant qu’Etat.
AFP
Sami Shérif