Par Sami SHERIF
Depuis un certain temps, Jacob Cohen, un marocain de confession hébraïque ne cesse de nous apprendre des choses sur cet Etat qui ne ressemble à aucun autre, celui d’Israël. Construit avec l’aide de l’occident sur une terre dont les habitants ont été acculés à l’exile collectif ou à la résignation avec tout ce qui l’accompagne comme humiliations, répressions, expropriations et destructions de biens au quotidien, cet Etat ne cesse d’étendre les réseaux de sionistes qu’il s’est constitués dans le monde. Avant même sa naissance et celle de son armée dite « de défense » et jusqu’à nos jours, de jeunes sionistes étrangers d’Europe et d’Amérique débarquent chaque année en milliers à Haifa ou à Ben Ghérioun pour servir au sein des structures de sécurité pendant un an sabbatique qu’ils offrent à leur « terre Promise ». Aujourd’hui, avec cet ouvrage tout à fait particulier, il nous ouvre une fenêtre sur un autre secteur de sécurité tout aussi primordial pour cet Etat et à propos duquel l’information est quasi inexistante.
Il nous apprend que l’Etat d’Israël possède un réservoir extraordinaire et inépuisable d’agents bien introduits dans tous les domaines et pratiquement tous les pays. Il suffit d’évoquer le Bnaï Brit (franc-maçonnerie juive internationale) et ses 500 000 membres, tous prêts à défendre Israël à n’importe quel prix. Il y aurait 3000 sayanim en France. Imaginons la contribution de plusieurs milliers de sayanim aux Etats-Unis, ne serait-ce que dans les domaines financier et cinématographique.
Le premier intérêt du récit, c’est de mettre en lumière cette nébuleuse aussi mystérieuse qu’efficace. Car à moins de se référer à quelques livres écrits par des spécialistes – en particulier anglo-saxons – du fameux Mossad, on ne trouve nulle trace de ces sayanim. Même leur nom n’apparaît pratiquement jamais. Pourtant leur rôle est primordial dans les entreprises d’espionnage et/ou de manipulation médiatique du Service qui les emploie. Cette occultation peut déjà être considérée en soi comme une victoire de ces réseaux. Ils peuvent ainsi agir dans l’ombre, évitant de fait toute contre-attaque, ou même une tentative de créer des réseaux hostiles pour les contrer. On peut aussi se poser des questions sur les médias français qui ont réussi l’exploit de parler d’Israël et du Mossad sans jamais mentionner cette espèce de 5e colonne.
Il va sans dire que l’auteur n’a eu aucun accès ni à des documents confidentiels ni à des témoignages directs. Mais le fait de connaître l’existence des sayanim, et leur dévouement exemplaire à Israël, lui a permis une lecture particulière de certains événements.
Un exemple significatif : L’auteur a été approché par des francs-maçons juifs du Grand Orient, sur la base de son identité évidente. En 2002, alors qu’Israël réprimait violemment la seconde intifada, ces frères français voulaient créer une loge juive et sioniste (en violation des règles du GODF) pour aider leur patrie de cœur. Il était évident qu’ils agissaient pour le compte de structures sionistes. D’ailleurs, les conditions d’installation et de fonctionnement de cette loge montrent à quel point celle-ci a bénéficié de la complaisance des instances supérieures de l’obédience de la rue Cadet.
Le Printemps des Sayanim met également en scène des personnages connus médiatiquement, dont l’influence est considérable, tant par leurs moyens financiers que par leurs réseaux, et qui, sans relâche, défendent la politique israélienne. On l’a vu récemment avec l’attaque brutale de la « flotille humanitaire ». Il s’est trouvé un grand philosophe pour évoquer « la pureté des armes sionistes », et un autre humaniste pour déplorer les « attaques antisémites ».
Il est impossible de tout citer. Mais on ne peut passer à côté de ce fait longuement détaillé dans le récit : Comment SOS Racisme est devenu un auxiliaire des institutions sionistes françaises, notamment l’UEJF, avec qui il travaille main dans la main.
Et finissons avec une touche quasi comique : L’appareil sioniste tentant d’organiser une rencontre de football entre jeunes israéliens et palestiniens (un événement qui a réellement eu lieu dans les 90 à Paris) pour « promouvoir la paix et la compréhension entre les 2 peuples », récoltant des subventions municipales et européennes, embarquant grâce aux rectorats des jeunes de banlieue pour remplir les tribunes, amadouant la Mosquée de Paris pour donner à l’événement une dimension inter-communautaire, et toute une flopée de « people » dont un grand publicitaire, un journaliste de TF1, et tous ceux qui défendent la « paix » israélienne, la pax israelana.
Sami Shérif