En Afghanistan, l’OTAN fait face à l’«ennemi de l’intérieur» …

 Par Chahid BENDRISS

Quoi qu’il en soit, le rythme des attaques ne faiblit pas. Depuis le début de l’année, 13% des pertes de la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF), déployée en Afghanistan sous l’autorité de l’Otan, ont été causées par des attaques dites « Green on Blue ». Le 31 août, trois soldats australiens étaient tués dans le raid meurtrier d’un sergent de l’armée afghane dans la province de l’Oruzgan. Lors d’un incident récent, un policier afghan qui venait de prêter serment a immédiatement commencé à tirer, tuant deux formateurs américains sitôt qu’on lui remettait sa Kalachnikov entre les mains… Dans la région de la Kapisa, des soldats français sont également tombés sous les balles de policiers afghans qu’ils formaient.

Un symptôme révélateur de l’évolution de la guérilla moderne selon l’historien militaire Martin Windrow, expert des guerres coloniales qui estime que le niveau de violence des forces locales contre leurs alliés occidentaux n’a aucun précédent : « Dans ces conflits, les guérilleros cherchent généralement à infiltrer les forces de sécurité locales pour obtenir des renseignements sur les intentions de l’ennemi ou de subvertir les opérations ennemies plutôt que de monter des attaques contre des soldats occidentaux ».

Les questions de l’après 2014 Bien que le secrétaire général de l’OTAN ait assuré que le calendrier de retrait restait le même, l’organisation a décidé de réagir. Les mesures de prévention des attaques internes pourraient inclure des procédures de contrôle renforcées, de contre-espionnage améliorée, ainsi que des séances de sensibilisation culturelle. Déjà le 22 août, le commandement des forces spéciales américaines en Afghanistan avait suspendu l’entraînement des futurs policiers pour un mois ou deux et les soldats américains ont reçu ordre de garder leurs armes chargées, même dans leurs bases.

L’ennemi de l’intérieur. C’est l’une des principales préoccupation des forces engagées en Afghanistan depuis plusieurs semaines et notamment l’annonce du retrait progressif des troupes de l’OTAN. D’où l’obligation de prendre le sujet à bras le corps. Interdiction de parler d’ « ennemi de l’intérieur », il sera désormais question d’attaques internes, « insiders attacks », ou encore « green on blue attacks » c’est à dire commises par un homme portant l’uniforme des forces de sécurité afghanes contre les troupes de l’Otan.

Présentées par les militaires comme une « menace systémique et croissante », les « attaques internes » sont un sujet délicat à aborder pour les politiques américains, déjà bien en peine d’expliquer ce que font encore les Boy’s en Afghanistan. Alors se faire tirer dessus par un soi-disant allié…

Le 20 août, le journal Military Times écrivait : « Ces 10 derniers jours, les forces afghanes ont attaqué leurs partenaires de la coalition à sept reprises, tuant neuf Américains. Cette année, il y a déjà eu 32 incidents de ce genre, tuant 40 personnes. Comparativement, en 2011, on recensait 21 attaques internes provoquant la mort de 35 soldats ».

Selon le général Allen, le commandant de l’ISAF, environ 25% des attaques « Green on Blue » sont le fait d’insurgés infiltrés, alors que ce nombre avait été précédemment évalué à 10%. La majorité des attaques seraient dues à des différends culturels ou disputes personnelles entre Afghans et Occidentaux : des plus graves, les civils afghans ne supporteraient pas les attaques surprises de nuit sur les habitations, aux plus « futiles ». Ainsi l’utilisation systématique de l’expression « FUCK ! » par les américains devant les femmes afghanes serait prise au premier degré par les membres des troupes afghanes…

Un symptôme de la guérilla moderne

Selon le Washington Post, l’Afghanistan a également décidé de mettre un coup de rangers dans la fourmilière.

Plusieurs centaines de soldats auraient été expulsés récemment de l’APL (Police locale afghane). « Cela implique des centaines de soldats», a déclaré le général Abdul Manan Farahi, le chef du renseignement au ministère afghan de la Défense, sans donner plus de précisions. Les soldats viendraient de diverses régions du pays notamment du sud et de l’est du pays, principaux bastions des insurgés talibans qui n’hésitent d’ailleurs pas à revendiquer leurs attaques contre les forces occidentales. Difficile de juger de l’efficacité de telles mesures tant que le rythme des « insiders attacks » ne faiblira pas. Sans compter que l’OTAN doit mettre en place une force de sécurité (militaires et policiers) d’environ 350.000 hommes. Un rythme qui interdit toute analyse approfondie des profils des candidats.

Les attaques internes constituent un défi quotidien pour les pays de l’OTAN engagés dans une stratégie de retrait progressif d’Afghanistan, qui implique la mise en place d’une force de sécurité afghane fiable et capable de participer à des opérations de maintien de la paix dans le pays en 2014. Mais surtout un véritable point d’interrogation pour l’après…

De quelle autorité disposeront ces forces de sécurité formés par des forces souvent qualifiées d’occupation et quel camp choisiront les afghans une fois les derniers soldats de l’OTAN partis sachant le peu de crédibilité dont dispose le gouvernement de Kaboul.

Par chahid Bendriss

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