Egypte : Morsi achève de domestiquer l’armée

Par Sami SHERIF

La révolution du 25 Janvier en Egypte n’est pas encore achevée. Elle ne cesse d’apporter des surprises. Récemment encore, la décision du Président Morsi de renvoyer des dizaines d’officiers supérieurs de la retraite et la révocation d’autres vise le rajeunissement et l’élimination des éléments haut-gradés de l’armée qui appartenaient à l’ancien régime. L’armée égyptienne est la seconde dans le monde arabe à s’être pliée après le printemps arabe à l’autorité civile après celle de la Tunisie.

 Les observateurs estimaient auparavant que l’institution militaire dans le monde arabe serait difficile dompter par les pouvoirs civils amenés par les changements récents, en particulier dans les pays où les présidents appartenaient à l’armée comme en l’Egypte. Mais cette thèse ne s’est pas vérifiée d’abord en Tunisie où l’armée s’est soumise au pouvoir civil installé le lendemain de la révolution, puis récemment en Egypte lors de la mise à l’écart  le Maréchal Hussein Tantaoui et du Chef de l’état-major Sami Annan, le 12 Août dernier et la nomination d’un ministre de la Défense Abdel Fattah al-Sisi considéré comme un proche de la mouvance des Frères musulmans.

La deuxième surprise de la révolution égyptienne, est la nouvelle décision prise par le nouveau Ministre de la Défense Abdel Fattah al-Sisi en coordination avec le Président et décrétant la suspendre d’une frange entière d’officiers supérieurs et le licenciement d’autres, portant le nombre de gradés éloignés de l’institution  militaire et mis en retraite 70 généraux.

L’éditorial d’Al-Qods Al-Arabi affirme que Morsi s’est fait une perception intégrée et dispose à présent d’un plan consistant à construire une véritable armée nationale qui pourra dorénavant servir l’Egypte et non une armée largement marginalisée comme celle de l’ancien régime.

La décision de renvoyer 70 généraux et le rajeunissement des structures de l’armée ne se limite pas à une simple mesure disciplinaire, mais elle a une portée externe dans une zone stratégique et explosive tel que le Moyen-Orient. Israël reste ainsi le pays le plus concerné par ces évolutions, car ses dirigeants reconnaissent que l’armée égyptienne serait le reflet de la nouvelle diplomatie qui semble orientée de manière à écarter petit à petit l’Egypte de « l’esprit de Camp David» et que dorénavant ses chefs seront plus proches de la position des Frères Musulmans que des positions de l’ancien régime.

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