Un livre d’introspection livré par une animatrice de télévision : « Dans la tête de Shéhérazade. … »

Par Chahid BENDRISS

L’ouvrage : Shéhérazade est d’origine marocaine. Elle anime une émission de télévision en deuxième partie de soirée. Elle invite des célébrités et des personnes moins connues à débattre de divers sujets qui les touchent particulièrement. Mais qu’en est-il d’elle? C’est ainsi qu’elle va faire son introspection, repenser à son adolescence, à ses difficultés de lycéenne, à ses amis d’alors.

Critique : Je ne sais pas trop si je recommande ce livre ou non… Pendant ma lecture, j’ai souvent été tentée de le reposer, car plusieurs choses m’agaçaient. Cependant, je suis contente de l’avoir lu.

D’abord, je n’ai pas aimé la structure. Les chapitres racontent en alternance le présent de Shéhérazade et son adolescence. Bien sûr, cette structure apporte plus d’intérêt au roman, mais j’ai trouvé que tout était trop morcelé. En outre, alors qu’elle raconte un épisode de son adolescence, l’héroïne intervient pour dire plusieurs fois que si elle avait su que cela se serait passé ainsi, elle n’aurait pas agi. Je déteste ce procédé: le narrateur raconte une histoire, n’en dévoile pas la fin, mais explique qu’elle a été heureuse ou désastreuse par de petites phrases qui ne font que laisser entrevoir, et qui font que le lecteur ne peut qu’imaginer, et attendre. Puis, le narrateur reprend son récit, et au bout de quelques pages, recommence à dévoiler des pans de l’histoire sans vraiment le faire. C’est un procédé assez déloyal, car il gâche le plaisir du lecteur (il sait déjà comment ça s’est terminé) tout en lui faisant émettre des hypothèses.

De plus, cette bande d’adolescents qui se donne de grands airs m’a agacée, excepté Adil, qui était le seul à ne pas s’encombrer d’artifices. On me dira que cette attitude, c’est de leur âge, et que c’est compréhensible. C’est vrai, mais ils m’ont ennuyée. Leurs relations n’étaient pas vraiment saines, et étaient basées sur une certaine envie…

Pourtant, le présent de Shéhérazade rattrape quelque peu cela. La jeune femme comprend que pour aller de l’avant, elle doit exhumer ses blessures, se mettre à nu, faire un pas vers ce qui n’a jamais été résolu. J’ai aimé qu’après toutes ces années, après qu’on a essayé d’enfouir les événement sous un monceau d’oubli, le dialogue puisse se renouer, que les choses puissent être dites avec franchise. Les deux parties forment un contraste intéressant, car les personnages adultes se montrent vrais. Ils ont mûri, réfléchi. C’est ce que dit Sophie au chapitre 28 qui montre le chemin qu’elle a parcouru. Bien sûr, tout n’est pas rose: Sophie n’est peut-être pas si heureuse en amour, mais elle s’est construite, et finit par s’exprimer avec sincérité, sans complaisance ni tabous sur ce qui est arrivé et sur sa façon d’agir à l’époque.

D’autre part, j’admire la façon dont Shéhérazade gère son histoire d’amour. Elle souffre, mais ne tente pas de se mentir. À la toute fin, elle se montre claire et décidée. Le lecteur ne sait pas comment cela tournera, mais on sent que la jeune femme a sa vie bien en main.

L’idée que certains «sacrifices» ont permis l’épanouissement de deux personnages (n’oublions pas la dernière fille de Nadia), est assez pénible. Pourtant, ces deux personnages n’auraient sûrement pas eu une vie positive si deux autres ne s’étaient pas «effacés».

Chez les éditions : Albin Michel.

Chahid Bendriss

 

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