A peine débarqués du gouvernement, les secrétaires généraux du Front de libération nationale (FLN) et celui du Rassemblement national démocratique (RND), Abdelaziz Belkhadem et Ahmed Ouyahia – le premier était ministre d’Etat et le second Premier ministre – risquent également d’être poussés à la porte de sortie de leurs partis respectifs par leurs contestataires qui reprennent du poil de la bête.
Hier, les membres du comité central du FLN, qui réclament la tête du secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, ont rendu publics leurs noms, comme ils l’avaient promis il y a quelques jours. On y retrouve toutes les grosses pointures du parti, entre autres, Boualem Benhamouda, Mohamed Boukhalfa, Abderrezak Bouhara, Mustapha Cherchali, Ahmed Abdellah El Hadj, Affane Guézane Djillali, Abbas Mikhalif, Abdelkader Zidouk, Abdelkrim Abada et Abdelkader Bounekraf. 180 membres du comité central ont ainsi divulgué leurs identités, annonçant publiquement leur opposition au patron de l’ex-parti unique.
Dans un communiqué rendu public hier, les signataires précisent qu’aux 180 noms s’ajoutent 41 autres membres du comité central qui ne souhaitent pas, indique la même source, sortir de l’ombre dans le contexte actuel, «pour des raisons professionnelles et autre». Ils sont donc 221 membres du comité central, qui en compte 343, qui demandent le départ de Abdelaziz Belkhadem en l’accusant de «déviation politique, et de violation des statuts du parti». Le patron du FLN a failli d’ailleurs être éjecté de son poste lors de la dernière session extraordinaire du comté central. Il n’a dû son salut qu’à ses partisans qui ont fait usage de la violence pour faire échouer la procédure de destitution qui le visait. Il s’est maintenu de force ! Mais maintenant qu’il semble lâché, le fait qu’il ne figure plus dans la nouvelle équipe du gouvernement en est un signal fort, Abdelaziz Belkhadem est désormais un homme affaibli.
L’opposition l’a bien compris. Elle n’a pas tardé à se manifester après avoir observé une sorte de trêve durant l’été. La publication de la liste des contestataires du comité central s’inscrirait dans une défiance désormais ouverte contre le secrétaire général du FLN. Abdelaziz Belkhadem est sérieusement mis à mal. N’ayant déjà échappé à la trappe que grâce aux protections dont il a pu bénéficier en haut lieu, il n’aura cette fois-ci qu’à compter sur ses propres moyens pour tenter de juguler une opposition qui se renforce et surtout s’organise.
MOUVEMENT DE CONTESTATION : ayant caressé pendant longtemps le rêve de se porter candidat à la prochaine élection présidentielle prévue en 2014, le secrétaire général du FLN ne peut donc que tempérer ses ardeurs sinon y mettre un trait. La raison voudrait qu’en politique, on ne peut pas placer la barre très haut lorsqu’on est aussi contesté dans son propre camp. L’autre perdant de la rentrée politique est incontestablement le désormais ex-Premier ministre.
Faisant lui aussi l’objet d’une fronde au sein du RND dont il est secrétaire général, Ahmed Ouyahia est plus que jamais en mauvaise posture face à ses opposants. Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, les redresseurs du parti ne jurent que par son départ. La contestation, menée pour l’instant par la secrétaire générale de l’Union nationale des femmes algérienne, Nouria Hafsi, et le P/APC d’Alger-Centre, Tayeb Zitouni, se mobilise.
Un seul objectif : démettre Ahmed Ouyahia de la tête du RND. Ses détracteurs lui font endosser la responsabilité de la défaite du parti lors des dernières élections législatives, et le mauvais fonctionnement des structures du Rassemblement national démocratique. «Le parti paye aujourd’hui l’impopularité de son secrétaire général», souligne le communiqué du Mouvement pour la protection du rassemblement. Ahmed Ouyahia est depuis quelques mois dans l’œil du cyclone. Mais cette fois, le fait d’être éjecté du gouvernement aiguise encore plus l’appétit de ses opposants. Le secrétaire général du RND a déjà vécu pareille situation au début des années 2000, avant d’en sortir indemne. Seulement le contexte a changé, les enjeux aussi. Ils sont de plus en plus importants à l’approche de l’élection présidentielle de 2014.
Said Rabia