Paul Ryan, l’arme anti-Obama de Mitt Romney

Pour autant, son indépendance et sa capacité à faire des choix bipartisans ne doivent pas tromper. Ses options tranchent clairement avec celles des Démocrates mais également avec celle d’une partie considérable de la partie la plus modérée des Républicains. Il est en faveur d’une privatisation partielle du programme Medicare, le programme d’assurance-santé gouvernemental destiné aux plus de 65 ans, aux handicapés et aux personnes en phase terminale de certaines maladies. C’est un partisan ferme de la réduction des déficits publics et des coupes budgétaires, tout autant qu’un promoteur puissant d’une vaste réforme fiscale. Il bénéficie du soutien de lobbys puissants parmi lesquels la National Rifle Association ou « lobby des armes ».

Mais surtout, Paul Ryan est un homme du Midwest américain, solidement ancré, tout autant que soigneusement initié au fil des années aux arcanes de la politique telle qu’elle se fait à Washington DC, la capitale, entre jeux d’influences, alliances inattendues, répartition des rôles et calculs à très longue visée. Considéré comme l’un des principaux « penseurs » de la mouvance républicaine, Ryan est l’intellectuel un peu austère et à la machoire solide dont beaucoup attendent qu’il mette en ordre le parti pour faire pâlir l’étoile au firmament de Barack Obama.

L’alliance d’un Mormon et d’un Catholique En vidéo : Comment Paul Ryan peut aider Mitt Romney sur le terrain

Le New York Times souligne un autre aspect lié au choix de Paul Ryan. Jeff Zeleny et Jim Ruittenberg écrivent ainsi ce matin:

« Le choix de M. Ryan signifie que cette année sera la première fois en 80 ans qu’aucun candidat de l’un des deux principaux partis politiques n’aura servi sous l’uniforme. M. Romney, un Mormon, et M. Ryan, un Catholique, représentent également la rareté qu’aucun des deux candidats Républicains n’est de foi protestante.»

La National Public Radio souligne par la voix de Mark Memmot que ce choix est « une surprise ». « Alors que Ryan était sur toutes les listes depuis que le temps était arrivé de spéculer sur le choix probable de Romney, la sagesse conventionnelle indiquait qu’il était plus susceptible de choisir quelqu’un comme le sénateur de l’Ohio ou de la Floride, M. Rob Portman ou le Sénateur Marco Rubio. » Sa consoeur Liz Halloran estime quant à elle que « Romney, en choisissant une jeune et controversée étoile de la droite conservatrice, a fait le pari que les Républicains qui ont pu être enclin à rester à la maison en Novembre vont maintenant voter – et voter en plus grand nombre que ceux qui finalement n’en bougeront pas justement parce qu’il a fait ce choix.»

Satisfaction dans le camp Obama Pour le camp Obama, Paul Ryan est pour le moment considéré comme l’adversaire rêvé. Ses options viennent en effet nourrir une campagne extrêmement agressive qui vise à souligner que le programme de Mitt Romney constitue une opération destinée à donner aux plus riches en se servant de le porte-monnaie de la classe moyenne et des moins aisés. Aamer Madhani et Catalina Camia soulignent dans le quotidien populaire USA Today:

« L’effort de la campagne d’Obama pour définir Ryan comme hostile à la classe moyenne a commencé au début de cet été, et les bailleurs de fonds du président ont noté à plusieurs reprises la proximité de Romney avec la conception budgétaire de Ryan. » Et les deux journalistes rappellent que le mois dernier, Jon Soltz, le président du groupe des « VoteVets », les vétérans à tendance démocrate, a déclaré aux journalistes que le soutien de Romney au budget Ryan démontre un manque de compréhension de ce qui est important pour les anciens combattants.

USA Today cite Larry Sabato, analyste politique à l’Université de Virginie, pour lequel la campagne Obama et les Démocrates « salivent » à l’idée de combattre Ryan. Selon Sabato, le choix de Portman, sénateur de l’Ohio ou de Marco Rubio, sénateur de la Floride, aurait pu mettre une pression supplémentaire sur Obama sur un champ de bataille important. Mais même avec Ryan sur le ticket présidentiel, Sabato dit qu’il croit que le Wisconsin penchera encore du côté démocrate. Pour lui, les équipes de campagne d’Obama « vont se concentrer sans relâche sur l’assurance-maladie et d’autres aspects du budget de Ryan. Les démocrates sont soulagés de voir que le choix n’est pas Portman ou Rubio. Ils aurait pu emporter les grands Etats avec eux. Ryan est un point d’interrogation géant pour la plupart des gens. »

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