Paul Ryan, l’arme anti-Obama de Mitt Romney

Par Chahid BENDRISS

Alors que Barack Obama n’a jamais culminé aussi haut dans les sondages depuis son entrée dans une campagne très offensive pour sa réélection, le choix de Paul Ryan comme candidat à la vice-présidence par son adversaire Mitt Romney annonce une contre-attaque puissante du parti Républicain.

La semaine qui vient de s’écouler a été périlleuse pour Mitt Romney. Jeudi, pour le dixième jour consécutif, il enregistrait une côté de popularité au plancher, selon le sondage rendu public par ABC et le Washington Post. 40% des sondés se disaient favorables à sa candidature contre 49%, le plus mauvais score pour un candidat aux élections présidentielles depuis 1984 aux Etats-Unis.

A l’inverse, Barack Obama bénéficie de la confiance de 53% des personnes interrogées. Gary Langer, le responsable des enquêtes d’opinion d’ABC, souligne que le président connait ses meilleurs scores auprès des femmes, avec 58% d’opinion favorable. Il a également regagné l’avantage perdu depuis la fin de l’année dernière auprès des électeurs indépendants, à 53% de soutiens.

Dans le camp Républicain, les doutes n’ont cessé de s’exprimer et le malaise de grandir. Les pressions sont arrivées de toutes parts pour réclamer de Mitt Romney qu’il mette la barre à droite toute, pour les uns, ou qu’il choisisse Paul Ryan, pour les autres. C’est cette seconde option que Romney a finalement choisi au finish vendredi soir. Pour le Washington Post, l’aveu est clair:

« Le choix de Ryan, l’architecte d’un plan budgétaire controversé, laisse entendre que Romney croit désormais que s’appuyer sur la seule faiblesse de l’économie ne suffira pas pour vaincre le président Obama », écrit Dan Balz. « L’addition de Ryan au ticket présidentiel montre que Romney est prêt à mener une campagne plus robuste avec un message net construit autour des baisses d’impôts et des dépenses, la réduction du déficit et la réforme du droit fiscal. C’est exactement ce qu’un nombre grandissant de Républicains, inquiets de la direction prise par la campagne de Romney, souhaitaient. » C’est peut-être l’annonce tant attendue d’un coup d’arrêt à ce que CNN qualifiait jeudi de campagne « hypocrite, méprisable, malhonnête ». Rarement dans l’Histoires des élections américaines – jamais peut-être – une confrontation pour les élections présidentielles n’a autant été décriée par les médias du pays. Absence de programmes, esquives, mensonges, tactiques, accusations, excuses, personnalisation, rumeurs, tout a été employé par les deux camps sans que jamais les sujets qui intéressent l’opinion américaine ne parviennent à s’imposer comme les vrais thèmes de campagne.

Le ticket Romney-Ryan est donc la base de la nouvelle machine de guerre républicaine, qui entend bien, cette fois, provoquer dans les esprits une distinction spectaculaire entre les programmes des Démocrates et des Républicains. De ce point de vue, même s’il est risqué, le choix de Paul Ryan est celui d’un virage à 180 degrés.

L’intellectuel du parti Républicain Paul Ryan, 42 ans, est l’héritier d’une famille catholique d’origine irlandaise et allemande installée depuis 1884 à Janesville, dans le Wisconsin, où son arrière grand-père avait fondé une entreprise de bâtiment. Son cousin dirige toujours aujourd’hui l’entreprise familiale. Paul Ryan est né, a été élevé et vit à Janesville avec son épouse, Janna Little et leur trois enfants, Elisabeth, Charles et Samuel. Son père et le père de l’ancien sénateur Démocrate du Wisconsin Russ Feingold, l’un des poids lourds du parti Démocrate connu pour ses convictions bipartisanes et modérées, étaient associés dans le même cabinet d’avocats.

Paul Ryan est diplomé de l’Université de Miami, dans l’Ohio, en sciences politiques et économiques. Il se destinait à devenir physicien, mais il est entré en politique en 1991, lorsqu’il a été recruté comme rédacteur et analyste politique par l’ancien représentant Républicain de l’Etat de New York Jack Kemp. Il fut élu pour la première fois au Congrès en 1998, à l’âge de 28 ans, et il est sorti vainqueur de toutes les élections auxquelles il s’est présenté depuis, au nombre de 7.

Il s’est distingué au fil des années par un talent inné pour lever des fonds et s’est taillé une réputation solide auprès des conservateurs fiscalistes. Devenu, en 2011, président de la puissante commission du Budget à la Chambre des représentants, il s’est immédiatement retrouvé en première ligne face à la majorité Démocrate du Sénat. Très indépendant de tempérament, il n’a pas hésité à voter, par exemple, en faveur du plan de sauvetage de l’industrie automobile de Barack Obama. Il a également voté en faveur du compromis souhaité par la Maison Blanche pour élever le plafond de la dette autorisée pour le gouvernement fédéral, contre l’avis de nombre de ses pairs.

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