On peut paraître circonspect, intrépide et accepter d’être critique. C’est un aveu de bonne santé morale qui aide à advancer, à évoluer et à vivre tout simplement la démocratie.
N’est-ce pas que dans son cas, nombreuses personnes ayant besoin d’entrer en relation, croient trouver l’oreille pour cela, n’usant que de louanges même pas de critiques constructive? Contrairement à d’autres en position d’ennemis, prétendant être investis par la soi-disante musculature de leurs pensées, mais profitant des publicités réalisées par la galaxie des médias ne s’attelant qu’à vilipender?
Dans ce contexte, n’a-t-il pas animé les chroniques politiques par son courage de se mettre sur la balance du vote partisan après sa création du PAM ?
Avait-il besoin de le faire alors qu’il ne paraissait pas tourmenté ? Si ce n’est des sorties médiatiques tonitruante de quelques nonistes et autres islamistes zélés, et ce, bien avant le M20F.
Au delà du printemps arabe, la question que l’on est en droit de se poser en démocratie participative, y a –t-il seulement la morale du respect de l’autre, ou, autre chose sans le minimum de cohérence dans les idées?
Mais qui est-il EL HIMMA Fouad? Son projet était-il un punsum?
Serait-il devenu une bulle où un atout ?
Homme du sérail, influent, à la fois circonspect et intrépide, toujours en tête d’affiche que ça soit en ON où en OFF. Pour preuve son officialisation en tant que conseiller du souverain laissant de coté ses rêves et projets politiques auxquels ses détracteurs n’étaient pas arrivés à s’y habituer. A ses débuts, il fut témoin informel au ministère de l’intérieur auprès de Basri sur instructions d’Hassan II, puis devenu acteur formel en plein centre décisionnel dès l’avènement du nouveau règne. Apparemment il était le seul des camarades de classe de Sa Majesté le Roi Mohamed VI à avoir ce double privilège grâce auquel il aurait été le grand frère de la loge des décideurs du début du nouveau règne, et serait le vrai lecteur des logiciels et grilles du monde politique marocain contemporain.
Par contre disaient ses détracteurs, il aurait aussi partagé avec d’autres caciques nostalgiques de l’ancien système, l’existence d’un marché du serrage de la visse de fonctionnement autoritaire. Mais ce n’était pas non sans raison, vu la conjoncture terreau de la nébuleuse terroriste depuis le 11 Septembre 2001, surtout après le calvaire casablancais du 16 Mai 2003. Seulement est-ce que cet état d’esprit compréhensible à l’époque, ne doit-il pas s’absoudre dans le Maroc d’après le Oui référendaire de la nouvelle constitution du 01 Juillet 2011? Et ne continuer à s’exprimer que par le réalisme sans laxisme, dans la transcription, de tous les actes respectant cette même constitution.
Au fond de par ce constat, n’aurait-il pas appris en son temps que porter un projet politique par la création d’un parti, c’est sans doute voir mieux et être différemment vu par les politiques? Avec le recul, ne s’agissait-il pas d’une incitation subliminale à la contribution au renouvellement des partis par le rajeunissement et la mixité effective des compétences? Une sorte d’anticipation sur les événements pour ne plus rester dans la perspective d’abondons des doléances légitimes des marocains. Parce qu’il en était convaincu qu’il fallait faire ce soucouage des cocotiers pour éviter les gestions inadaptées à la réalité structurelle et conjoncturelle sur le terrain. De fait son départ inattendu du ministère de l’intérieur apparaît aujourd’hui comme la caution de sa liberté de mouvement pour pouvoir s’exposer aux divers suffrages votatifs. Ainsi, sa méthodologie suivie par objectifs visés des recommandations des rapports du cinquantenaire, du club think & think et de l’instance Équité et Réconciliation, sonnait comme le grand départ pour construire dans la durée cet avenir politique de masse par les urnes. Qu’au demeurant d’autres, ont réussi, dans les circonstances que tout le monde connait, avec les résultats que l’on connait pour le moment.
En effet n’avait-il pas envisagé en partenariat et alliance avec certaines associations et groupements de pensées de proches affinités politiques, s’attaquer aux réformes souhaitées dans la sérénité et la clairvoyance bien avant le déclenchement du soufflé printanier marocain ? N’avait-il pas aidé en ce temps là à atténuer la virulence des sit-in, slogans et marches des jeunes diplômés chômeurs résonnant ici et là sur fond de cherté de la vie. Notons aussi qu’il avait appelé à assurer un développement équitable et équilibré en infrastructure adéquate entre les régions par l’élargissement des champs de leurs attractivités d’investissement surtout les méga projets.
Cependant quoiqu’on en puisse penser, ce fut courageux de sa part d’avoir voulu s’assumer en s’exposant au suffrage de votation que permettait la constitution d’alors. En effet, même les élucubrations politiciennes sur son sort et le pseudo présage sur sa pérennité politique, ne l’avaient fait changer de sa feuille de route. Laquelle comportait en filigrane une dimension opérationnelle limitative de dispersion du champ et du conformisme de la carte politique nationale existante. Ce que l’effet rebond de sa fracassante élection aux législatives 2007 à Rhamna avait notamment démontré renversant ainsi toutes ces formes de spéculation négative de l’époque sur ce désir d’avenir.
C’est vrai qu’à ce moment là, El Himma donnait l’impression que rien ne le tourmentait, sauf peut être les sorties médiatiques tonitruantes de quelques islamistes irréductibles. Même le PJD version 2008, ne lui paraissait pas dédouané de ces discours brouillant le référentiel du PAM, les qualifiant, de jalonnement irrationnel non apaisé, de la situation de par leur teneur d’agressivité. Ce qu’apparemment le confortait dans son positionnement pour un islam tolérant paisible pragmatique et porteur de valeurs sunnites, loin de ces exclamations de réduction de la morale à des clichés propagandistes. D’ailleurs pour ne pas paraitre frustré, il ne se souciait guère, de la foucade de la gauche ambigüe surtout avec une USFP silencieuse sur les déboires de gestion du CIH, un PPS fébrile mais toujours aux abois se cherchant un avenir meilleurs et un PSU tétanisé démesurément affaibli. Ni de l’équilibrisme calculé du PI capricieux oscillant dans ses positionnements, ni du calme à la fois du RNI regardant passivement mais cautionnant et de l’UC intimidée mais soutenant, en plus du semblant de retenue qui n’a d’égal que sa pénibilité de la mouvance populaire.
Cela faisait évidemment événement, vu que l’obturation des partis ne s’y prêtait pas, tellement que son projet sociétal du MTD devenu PAM leur semblait politiquement un pensum. Parce que construit autour d’anciens gauchistes auxquels s’était rallié à guichets levés un conglomérat formé d’opportunistes, transfuges, mastodontes, sportifs, artistes, affairistes et gotha économico-financier, qui musardaient jusque là chacun dans son milieu. C’est à ce moment que tous ces partis politiques s’étaient tus, tétanisés et trop saisis pour parler, le regardant comme un manitou visiblement objecté d’une grande maîtrise du jeu politique. Par contre avait-il besoin de ce genre de mise en perspective pour montrer le sérieux de son discernement pour donner un nouveau sens généreux à l’intéressement des marocains à la politique? En tout cas, il avait conscience de son influence pour s’y impliquer et faire comprendre à tous, la valeur ajoutée de ce que pourrait apporter la complémentarité et le remplacement à la tête des instances dirigeantes au sein des partis. Ainsi au PAM, il avait mis fin aux querelles des positionnements et autres aspirations de remontées rapides, en plaidant pour un partage des rôles. Ce qui avait permis, l’élection à la présidence de son parti, d’un sahraoui, en l’occurrence Biadillah au premier congrès en Février 2009 en remplacement de l’intérimaire Benaddi.
Il est vrai que ces mêmes réticences politiques sentant leurs lignes de démarcations bougées ou même explosées par cette nouvelle donne, avaient doublé d’effort pour lui porter ombrage, l’accusant de vouloir récupérer en sa faveur le consensus national sur le Sahara. Quel strabisme politique ! Alors que pour lui, il s’agissait d’une preuve en plus de sa contribution par la réorganisation et la fonctionnalité du PAM sans tomber dans les pièges du parallélisme d’approche à l’exemple du FDIC en 1964. N’était-ce pas là un essai de rupture avec les stéréotypages d’arrière pensée des commanditaires du flou, et ce pour être prêt à toute éventualité de malveillance quelque en soit l’origine surtout en ce temps là? Notamment par cette anticipation d’efficacité à donner corps au nouveau concept de régionalisation avancée, et du renforcement de la thèse marocaine par les actes et non les illusions partisanes.
Étrangement, cette vaillance et surtout ce choix tacticien s’exprimaient dans la froideur et la méfiance. On dirait, qu’il présageait des lendemains politiques difficiles peut être même désenchantés, vu le soupçon d’interventionnisme administratif le tirant davantage vers le haut. Malgré cela, l’homme n’osait jamais se mettre au devant de sa démarche, car dans la discrétion de ses directives, seul comptait le résultat final. Après tout, Abdallah Kadiri du PND, ne s’était-il pas insurgé s’exclamant à haute voix! « El Himma ne serait-il pas l’un des maîtres des alpagues furtives ? Toujours en proie de saisir l’opportunité d’alpaguer, il l’aurait recueilli uniquement parce qu’il lui semblait posséder une valeur électorale ». Le pauvre Kadiri manquait de discernement et de patience, ne voulant pas jouer au serviteur muet comme beaucoup d’opportunistes dans l’attente de jours meilleurs. Suite à quoi, on lui intimait de se taire où se faire valoir ses droits en recourant à la justice. Par contre d’autres par ailleurs peu nombreux savaient que des pamistes opportunistes zélés, excellaient trop bien au jeu des souffrances pour récalcitrants. Ils préféraient se prémunir d’eux par le silence où l’acquiescement à distance à défaut d’accepter la transhumance.
Bien sûr sous cette emprise, les islamistes s’étaient unis aux partis de gauche oubliant leurs différents idéologiques. Ils firent un semblant de front commun renversé, contre ce soi-disant nouvel intrus. En effet la contestation prospérait, puis le doute s’installait, et la razzia sur les deux chambres du parlement et sur les collectivités communales s’estampait, ensuite, des défections s’annonçaient, provoquant un sentiment d’insolidarité avec lui. Ainsi la crise au sein du PAM semblait inévitable parce qu’on commençait ouvertement à le critiquer. De ce fait la trêve du silence était rompue et tout le monde s’écriait alors, ce projet était-il un fantasme où une bulle? Les supports médiatiques partisans comme d’autres indépendants en avaient même fait leur dada national, de sorte qu’ils étaient devenus ouvertement résistants, mais à la longue ils étaient poncés par le souffle et l’endurance de ce mentor au sang froid.
A dire vrai c’est drôle encore d’assister à cette médisance orchestrée contre lui, alors que sur le fait ce n’était pas aussi prompt à dénoncer. Parce qu’il y avait des connivences de complaisance de toute part, voire même à ce jour une proximité frôlant l’hypocrisie politique en sourdine vis-à-vis de lui. Qu’au final, le M20F qualifiait, de vieille supercherie de transvasement allégorique trompeur, entre dirigeants des partis dont il aurait voulu arrêter l’écoulement emphatique. Au moyen duquel tous continuent hélas à expliquer la conceptualisation future de l’imaginaire collectif des marocains en matière de probité de droiture de transparence et de bonne gouvernance, bref de la démocratie. Oui, c’était un constat d’une contradiction flagrante dans leurs comportements vis-à-vis du PAM, tels des frondeurs manipulés scandant à tort son crépuscule l’assimilant au RCD tunisien où PND égyptien. Sauf qu’à ce moment, parmi ces partis certains ont même failli à aimer la réflexion du M20F, sur leur manque d’ambition avant le déclenchement de l’expression de la jeunesse marocaine. Laquelle au début n’était apparentée à aucune tendance et voyait en la notabilisation de beaucoup de ces dirigeants une sorte d’affront à la population. Mais même maintenant, qui croire après tout ce vacarme de spéculation spécialement distillé aux petites gens, en vue de projections conceptuelles sur l’avenir de tous ces partis. Alors qu’il s’agit toujours d’une situation, qui interpelle montrant encore la traçabilité d’un interventionnisme, et surtout informe voire incite à la réflexion sur les tentatives politiciennes de façonnage des devantures des partis.
Aussi, depuis le début du printemps arabe, El Himma avait improvisé un campement de méditation pour le directoire sûr du parti, et affiché une volonté de modération pour en accompagner le déroulement. Pour ceux qui le connaissent ce n’était pas une reculade d’expiation, mais une résolution d’anticipation sur les risques d’emmurement du PAM. Sauf que le blocage psychologique des frondeurs, était déjà là quand foisonnaient les propositions des partis syndicats associations et société civile pour la nouvelle constitution, en marge des marches revendicatives hebdomadaires nonobstant ponctuées de débordements malheureux. De fait, même aujourd’hui ces dérapages sont toujours rapidement circonscrits parfois violemment, malgré que les responsables de l’ordre public s’en défendent annonçant que leur attitude n’est ni caprice ni haine. Et c’est pour ça qu’ils exercent objectivement ce devoir de rétablissement de l’ordre, ajoutant qu’ils ne le font pas dans l’allégresse et l’enchantement comme sous d’autres cieux non envieux. Dit comme ça, c’est peut être bon mais pour savoir ce qu’il y a dans les profondeurs des non dits il faut etre au parfum à couvert où un peu près du poste de commandement.
Cependant dans ce nouveau PPM paysage politique marocain, El Himma s’est senti trahi en se trouvant lié au PAM par un deal qui n’a jamais été respecté. De facto, il a sombrement réfléchi à son sort, mais au moment de prendre la décision il s’accorda le temps d’une ultime hésitation, car son avenir politique partisan était en jeu. En revanche, et ce n’est pas renchérir dans l’analyse en pensant que sa préoccupation, plutôt sa phobie c’était qu’un jour il entende Adieu l’Ami, vu la cristallisation de Benkirane sur son éloignement du jeu politique. Mais nul ne pouvait le prédire, alors que son salut était de jeter l’éponge et ne pas continuer son bonhomme de chemin en période d’après législatives, sa nomination surprise en tant que conseiller du Roi bien rodé aux dossiers sensibles était saluée par tout le monde.
Dans l’attente du mea-culpa des partis politiques à son vis-à-vis, lequel après dix mois des législatives et la constitution du gouvernement, ne peut se concevoir que total. N’ayant tous vu que son coté ombre mais discret vu leurs déclarations laconiquement sentencieuses exprimant le doute, en comparaison à l’autre coté de la lampe à huile usant de l’emphase, mais sortie vainqueur par les urnes. Curieusement il n’en éprouvait pas une pénible impression, tout simplement parce que peut etre qu’il était convaincu qu’il pourrait s’offrir un autre atterrissage hors champ politique partisan. Sachant que les dépannages, au sein des partis par suite, aux avaries de fonctionnalisation, comme les encouragements à l’adhésion contraires à l’ordre consenti, pourraient encore être plus décriés. D’ores et déjà la nouvelle constitution adoptée au premier Juillet 2011 est satisfaisante à cet égard.
Certes il est déjà arrivé ce moment où lui et son principal détracteur d’avant et même d’aujourd’hui en l’occurrence Benkirane, doivent oublier tout ce qui n’était pas la base de se retrouver pour travailler ensemble. Aussi, la réponse du chef du gouvernement à ces questionnements n’a pas tardé à arriver, parce qu’épuisé d’avoir couru trop vite tout seul, fatigué par ses sorties médiatiques aventureuses par leurs contenus, il s’est laissé tomber à genoux pour s’excuser. En effet leurs mains pour l’intérêt suprême des marocains et du pays, commencent à se croiser et se nouer, chacun dans son rôle institutionnel. A cet effet, dans l’avenir ils tacheraient de vider mutuellement méthodiquement avec application leurs “mzioudates” sans cri de fureur ni détresse de terreur. Comme ça Benkirane constatera sans stupeur que son regard ne vacillera plus dans le vide que lui procurait l’ivresse de ses paroles d’avant.
Abdelaziz Ikkrou