Par Abdelziz IKKROU
Cet homme jouissant de son aura à l’international, a fait du festival d’Assilah une fabuleuse histoire. Primo par la gravité et la profondeur des thèmes choisis traités en présence d’un parterre de personnalités de divers horizons, secundo à propos du style décontracté du déroulement des choses par désœuvrement consenti laissant de côté le snobisme du vous protocolaire malgré lui. Ainsi tout le monde sait que pendant son cursus diplomatique, l’hésitation avait été chez lui imperceptible, voire légère parce qu’il connaissait trop la furieuse jalousie qu’on lui fait même aujourd’hui pour ne pas se mettre en danger inutile. Encore qu’il eut éprouvé et supporté pas mal de fois les conséquence des jérémiades provoquées à son insu en vue de le déstabiliser.
Mais qui est-il BENAISSA Mohamed?
Un homme politique donnant l’impression d’être toujours renfermé sur lui même, montrant qu’il est zen alors qu’il l’est de façade, portant son orgueil en même temps que sa rancune. Ex ministre RNIste de la culture, puis des affaires étrangères et de la coopération, illustre festivalier cultivé imaginatif mais sélectif. Toujours oint de parfums, il aime le luxe la délicatesse et la prolixité, qui parfois font de lui un perfectionniste hautain ayant quand même un côté découvreur de talents dans le domaine artistique.
En revanche, il est excellent dans le verbiage et la langue de bois, qu’à la longue il s’était fait dépeint de ce style qui feint facilitant sa fin. S’agit-il du substrat de son rodage diplomatico-ministériel dont l’ambiance lourde agissait sur lui plus puissamment qu’il ne voulait l’admettre ? C’est à croire que c’est le formatage inconditionnel de sa réalisation de soi, surtout quand on le voit encore dans cette pratique d’échange comme aux trente quatrième festivals d’Asilah. A savoir, devenir plus performant en augmentant sa touche personnalisée bâtissant un solide capital-réputation, à la fois en parrainant le vingt septième anniversaire de l’université Mouatamid Bnou Abbad, et en coachant la transformation des tristesses de l’UMA les positivant d’avantage pour essayer de débloquer la situation.
C’est vrai que pendant longtemps en sa qualité de ministre des relations extérieures, il accueillait avec calme et détermination ses interlocuteurs. Et sa curiosité s’éveillait lorsqu’il parlait avec soin des plus fins détails dans ces entretiens. Sauf qu’il aurait eu un problème avec la ponctualité, un mauvais héritage de son long passage à la culture. Pour un diplomate de ce rang, c’était confondre l’ordre avec le désordre. Au point que certains de ses anciens collaborateurs et autres administrés, avaient mené tambour battant une compagne contre cet insaisissable tempérament.
Son périple d’outre atlantique évoqué à l’époque dans la presse par des articles au vitriol parfois non fondés, constituait un intermède difficile pour lui. Par contre, ce qui l’avait profondément marqué durant cette phase, c’était la façon de l’abaissement du rideau sur son évolution. En effet son remerciement pressenti donc, avait causé chez ses détracteurs et ennemis une stupeur, dont ils réprimaient en fait une bonne envie de rire. En revanche, il espérait après avoir cru si longtemps s’éterniser à jamais en fonction, retrouver une autre vie aussi enthousiaste. Comme ce qui est arrivé à d’autres, les considérant moins en vue que lui, parce que portaient eux aussi quelques stigmates des problèmes vécus. N’a-t-on pas dit qu’autrefois, on s’efforçait d’idéaliser le travail pour l’Etat, alors que maintenant on en fait seulement un titre honorifique du reflet de la réussite sociale dans l’Etat ? Finalement quand on s’est rassasié honorifiquement de tout, on ne peut qu’invoquer Dieu partout.
Aujourd’hui en réalité il est écarté, sorti des rangs élevés de la société des décideurs. Il ne poursuit plus le même chemin dans le concert international. On l’appelle actuellement le périmé, surtout en ce temps des tumultes dans la sphère arabe et du tohu-bohu provoqué par Christopher Ross dans l’affaire du Sahara. Sachant que, tous nos valeureux ministres de l’extérieur, l’un après l’autre, se sont investis dans l’affaire du Sahara de tout coeur, songeant que c’était là peut etre le début de leur consécration. A cet effet, ne peut-on pas imaginer un moment que sa solitude menacerait de lever le masque de sa confiance en soi, et d’y dévoiler son ressenti d’exclu? Mais, est-ce que l’histoire de son lien direct avec l’annuaire onusien des années durant permettrait cela? Ce qui est certain, c’est que ça pourrait assurer à Othmani le PJDiste d’exploiter les adresses département par département concernant telle ou telle approche pour faire face à l’Algérie et sortir de la diplomatie de la parole ? Parce qu’apparemment c’est Amrani qui s’en occupe sous la coiffe de Fihri en tant que conseiller de Sa Majesté le Roi Mohamed VI.
Il y a là un sillon à creuser, car l’originalité de cette approche réside indéniablement dans son interactivité transactionnelle, surtout en évitant de donner des indications évoquant la prière du mort absent. Parce que les irréductibles du pouvoir algérien ne semblent pas encore en mesure de ceder, tirant derrière eux la caravane du polisario truffée de terroristes résidus de la fin de Kadhafi. De fait nos diplomates décideurs comme ceux sur le terrain sont désormais serrés en bon ordre dans les rangs les traits marqués par les ombres mouvantes de ces colonnes terroristes dans tout le Sahèl. Aussi, devant tout l’équipement de cette armada de la terreur le Maroc n’a de choix que de ne pas s’endormir sur ses lauriers, et se tenir prêt à toute éventualité. En plus, certainement, Dieu en cette journée sacrée annonçant la nuit du destin du mois de ramadan preservera notre pays de ces aventuriers de la kalachnikov et des missiles portatifs.
Abdelaziz Ikkrou