Economie en berne pour les cent jours de Hollande

François Hollande a célébré mardi le centième jour de son élection sous de sombres augures économiques et le feu des critiques de l’opposition, qui l’accuse d’attentisme et de laxisme face à la situation intérieure et internationale.

Le président, qui a tenu à marquer les débuts de son quinquennat par un souci d’apaisement et de relative discrétion par rapport à son prédécesseur Nicolas Sarkozy, a interrompu ses vacances pour rendre hommages aux deux femmes gendarmes tuées le 17 juin dernier par un multirécidiviste.

L’Etat mettra en oeuvre « tous les moyens » nécessaires pour lutter contre les violences et l’insécurité, a-t-il promis au lendemain d’une nuit d’émeutes à Amiens (Somme), où des policiers ont essuyé des tirs d’armes à feu.

S’il s’est abstenu de tout commentaire sur ses premiers pas à cette occasion, deux de ses principaux ministres sont montés au front pour défendre le bilan des cents premiers jours d’action du premier chef de l’Etat socialiste de la Ve République depuis François Mitterrand.

Le ministre des Finances, Pierre Moscovici, a vanté la première hausse du smic depuis cinq ans, l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, la suppression de la « TVA sociale », le blocage des loyers, le durcissement de l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et le retour à la retraite à 60 ans pour ceux qui travaillent depuis longtemps.

Il a également annoncé sur Europe 1 pour la fin août des mesures afin de limiter la hausse des prix du carburant.

« Sur ces 100 jours, je ne dis pas que nous avons tout fait mais je suis très fier de ce qui a été déjà engagé dans le respect des promesses de François Hollande », a-t-il dit.

« RIEN À VOIR » AVEC SARKOZY

Le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, critiqué par des associations pour les démantèlements de camps illicites de Roms et leur expulsion vers leurs pays d’origine, a quant à lui défendu sa fermeté tout en niant pratiquer la même politique que Nicolas Sarkozy, qui avait « stigmatisé une population ».

« Cela n’a rien à voir avec ce que nous faisons aujourd’hui », a-t-il expliqué sur France Info.

L’opposition de droite n’a pas la même vision de la situation et dénonce cent premiers jours marqués selon elle par la volonté de défaire tout ce qu’avait fait Nicolas Sarkozy.

« Ce qui me frappe beaucoup, c’est que finalement ces 100 jours, ils ont été marqués essentiellement par une certaine forme de haine anti-sarkozyste », a déclaré sur Europe 1 le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé, qui devrait se lancer fin août dans la course à la présidence du parti.

« Sur le plan de l’état d’esprit, c’est vraiment le conservatisme : on refuse toute réforme importante, on n’en annonce aucune, et on reporte celles qui sont nécessaires dans tous les domaines », a-t-il ajouté.

Il a regretté l’absence de « stratégie économique : aucune mesure pour renforcer la compétitivité des entreprises, relocaliser les activités en France. C’est tout l’inverse : on augmente les impôts des gens et on alourdit les charges des entreprises. »

Les événements d’Amiens, où 16 policiers ont été blessés lors d’une deuxième nuit de violence consécutive dans un quartier sensible de la préfecture de la Somme, ont alimenté les critiques de l’opposition.

Jean-François Copé a dénoncé le « laxisme à tous les étages » qui caractériserait le nouvel exécutif.

LE GOUVERNEMENT ÉVOQUE ENCORE LE « BILAN »

Le gouvernement a renvoyé la balle au gouvernement sortant, responsable selon lui de la situation actuelle.

« L’opposition devrait méditer sur son propre bilan, un pays sans croissance », a estime Manuel Valls.

Quelles que soient les responsabilités, l’heure de vérité sonnera à la rentrée, que le gouvernement affrontera dans un contexte de croissance atone et de chômage élevé.

L’économie française a enregistré une croissance nulle pour le troisième trimestre consécutif sur la période avril-juin, selon les premiers résultats des comptes nationaux trimestriels publiés mardi par l’Insee.

Malgré cette difficulté supplémentaire, le gouvernement devra trouver une trentaine de milliards d’euros de recettes supplémentaires ou de réductions de dépenses en 2013 pour parvenir à son objectif de réduire le déficit à 3% du PIB;

François Hollande a aussi été pris pour cible pour son attentisme présumé dans la crise syrienne, Nicolas Sarkozy ayant ouvert le bal dans lequel se sont engouffrés tous les ténors de l’opposition, François Fillon ajoutant son grain de sel.

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