De fait, ce nouveau « Grand Moyen-Orient » conçu sur des découpages confessionnels, nationaux et ethniques très arbitraires ne serait pas plus sûr que l’actuel. Au contraire, il deviendrait une véritable poudrière. Mais cela ne semble pas perturber Ralph Peters qui déclarait dans une conférence prononcée en 1997 : « Le rôle imparti de facto aux forces des États-Unis consistera [dans le futur] à tenir le monde pour la sauvegarde de notre économie et ouvert à notre assaut culturel. À ces fins, nous devrons commettre un bon paquet de massacres ». Peters est également l’auteur d’une autre formule lapidaire qui résume bien l’idéologie des néoconservateurs : « Gagner signifie tuer » (Armed Forces Journal, septembre 2006).
Selon le chercheur Pierre Hillard ( voir Balkans Infos, septembre 2006), « les propositions de Ralph Peters et les appels lancés à un changement radical des frontières du Moyen-Orient ne sont évidemment pas le résultat des réflexions d’un seul homme soucieux d’occuper son temps. De nombreuses études ont été lancées au sein des instances militaires américaines comme dans de nombreux think tanks appelant à revoir les limites frontalières de ces Etats ». A cet égard, il est notable que Ralph Peters est membres du Project for the New American Century, un think tank (groupe de réflexion) néoconservateur et pro-israélien présidé par William Kristol, dont l’objectif est la promotion de la domination mondiale américaine et qui rassemble les principaux dirigeants de l’administration Bush : Dick Cheney, vice-Président des Etats-Unis, Donald Rumsfeld, secrétaire à la défense, Elliot Abrams, émissaire de la Maison Blanche pour le Proche-Orient, Lewis Libby, un proche de Benyamin Netanyahou, et Paul Wolfowitz, actuel directeur de la banque mondiale qui a été la cheville ouvrière de l’agression et de l’occupation de l’Irak.