D’après un quotidien arabophone algérois, Volkswagen aurait récemment eu plusieurs réunions à Rabat avec de hauts responsables du ministère du Commerce, de l’Industrie et des Nouvelles Technologies afin de préparer l’implantation de son unité de production au Royaume. Le groupe allemand, qui avait prévu initialement d’installer sa 2èmeusine d’Afrique en Algérie, serait finalement revenu sur sa décision, préférant opter pour la Kenitra Automotive City ou Tanger Med comme sites d’implantation.
Selon les informations rapportées par la presse algérienne, le constructeur automobile allemand Volkswagen, aurait entamé des pourparlers avec les autorités marocaines dans l’optique de transférer au Maroc son projet d’usine prévu initialement dès 2010 pour Alger. De fait, le management de l’entreprise aurait rencontré à plusieurs reprises au cours de ces dernières semaines les responsables du ministère à Rabat « pour préparer l’installation de l’usine, en arrêter les modalités et fixer les objectifs communs », rapporte le site lematin.dz. La décision était arrêtée, le constructeur allemand devrait opter pour la Kenitra Automotive City ou bien Tanger Med comme sites d’implantation, révèle pour sa part l’Economiste.
Pour rappel, Alger avait déjà très mal pris le fait que Renault choisisse Meloussa (dans la région de Tanger) comme site d’implantation pour son usine de construction nord-africaine, considérant que cette dernière lui revenait de droit. Malgré l’ire provoquée, l’industriel français avait tout de même opté pour le Maroc parce qu’il estimait ce dernier en avance sur son voisin dans le volet des équipements automobiles. Un choix avisé.
Car de fait, les lacunes du tissu industriel algérien sont nombreuses. A ce titre, le patron de Renault Algérie, Stéphane Galoustian, dénonçait dès 2008 les défaillances qui singularisent la réalité industrielle du pays : « Où sont les zones franches ? Où est ce tissu industriel qui serait à même de contribuer à la création d’une industrie automobile ? Comment voulez-vous y parvenir si le gouvernement vous institue encore une taxe de 1 % sur le chiffre d’affaires ? ».
Plusieurs « tares » expliquent pourquoi les constructeurs automobiles délaissent l’Algérie
Quatre ans plus tard, ces questions se posent toujours, les choses n’ayant évolué que peu ou prou de l’autre côté de la frontière. Rongée par une corruption systématique, l’Algérie continue en effet de crouler sous un cadre législatif obsolète et le poids d’une bureaucratie « assommante » faites de « procédures administratives pesantes et anachroniques » commente lematin.dz. Le pays souffre aussi toujours de l’absence de système bancaire fiable et moderne et de ressources humaines qualifiées ; autant de facteurs qui, lorsque cumulés, viennent peser lourd dans le choix des constructeurs automobiles – motivés par un souci d’efficience et de rentabilité – de s’implanter d’un côté ou de l’autre de la frontière.
En ce sens, si à l’image de Renault, les dirigeants de Volkswagen choisissent eux-aussi de s’installer du côté marocain dans les mois à venir, plus qu’un coup dur pour l’Algérie, ce sera un violent soufflet infligé aux leaders d’opinion algériens dont la tendance à dénoncer systématiquement « l’opportunisme » du Maroc masque de fait la profonde incapacité à donner à leur propre pays les moyens – colossaux – à la mesure de ses ambitions.