Egypte : Le Haute Cour Constitutionnelle « enfonce le clou » et « verse de l’huile sur le feu »

Par deux arrêts solennels, le Tribunal Constitutionnel égyptien a décidé de rendre caducs tout ce que le Parlement avait pris comme décisions depuis  l’élection de ses membres dont « le tiers fut élu d’une manière entachée d’irrégularité » selon cette juridiction. L’un de ces arrêt qui portait sur la légalité de loi sur l’interdiction faite aux anciens collaborateurs immédiats de l’ex président Moubarak de se présenter aux élections, a décidé   la non constitutionnalité de cette loi.

Selon des sources militaires, Le Conseil Miltaire Supérieur qui dirige de fait le pays depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, se trouve cette après-midi en réunion extraordinaire et pourrait annoncer ce soir qu’il va reprendre le pouvoir législatif jusqu’à l’élection d’une nouvelle Assemblée du Peuple.

Les deux sentences ainsi rendues, ont des conséquences immédiates  sur la stabilité des institutions puisque les élections parlementaires devront être refaites, et le candidat Ahmed Shafik, le dernier Premier Ministre de Moubarak est autorisé à maintenir sa candidature aux présidentielles. Le Tribunal a poussé ainsi au désordre qui menace de s’installer dans la scène politique en Egypte.

Déjà le candidat des frères musulmans Mohamed Morsi a qualifié ces décisions comme  consacrant un coup d’Etat contre la révolution. Aussi, est-il possible de voir la situation politique dégénérer, surtout que les jeunes de la révolution menacent d’occuper les places publiques au cas où le candidat Shafik l’emporterait et que l’armée s’est donnée les instruments juridiques pour contrer toute « atteinte à l’ordre public » après l’annonce des résultats des présidentielles du 16 et 17 juin.

Le Mouvement révolutionnaire du 6 avril considère de son côté que la Haute Cour Constitutionnelle a consacré la légitimité à l’ancien régime, en sauvegardant Ahmed Shafik  dans la course à la présidence et en se prononçant pour la dissolution du parlement. Il a pris ces décisions qui constituent fort bien une provocation pour la révolution.

Selon le célèbre journaliste égyptien, Abdelhalim Kindil, ladite juridiction a tout basculé dans l’air et qu’à présent l’Egypte est dans une mauvaise posture. De son avis, une seule solution est en vue sur le plan constitutionnel, c’est de considérer le prochain président  qui sera élu le 16 et le 17 juin, comme simple président provisoire pour un an, durant lequel d’autres élections législatives et présidentielles seront organisées.

D’autre par, une centaine de personnes ont manifesté déjà devant le bâtiment de la Haute cour égyptienne, situé dans le sud du Caire, où les forces de sécurité, la police militaire et des unités anti-émeutes se sont déployées massivement, a rapporté une journaliste de l’AFP. « Le peuple veut isoler les fouloul », « on veut plus des fouloul », ont scandé les manifestants, utilisant ce terme péjoratif pour désigner les « restes » de l’ancien régime. « Nous rejetons aussi bien Chafiq que Morsi et nous sommes prêts à revenir à Tahrir », la grande place au coeur du Caire qui fut l’épicentre de la révolte de 2011, a affirmé l’écrivaine Samara Sultan, 30 ans. « Nous avons besoin de personnes qui puissent reconstruire une nouvelle Egypte », estime pour sa part le cinéaste Ahmed Saïd qui, comme de très nombreux membres des mouvements pro-démocratie, est farouchement hostile à M. Chafiq. Ce soir, on s’attend à des des manifestations monstres des mécontents contre les décisions de la Haute Cour et surtout contre la légalisation de la candidature de Shafik et la dissolution du parlement élu.

 

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