Egypte : la dérive « turque » du régime provisoire égyptien

Un détachement des forces de sécurité telles qu'elles viennent d'être équipée

Un climat tendu règne à l’heure de clôture du 2ème tour de l’élection présidentielle, alors que les militaires ont pris l’initiative de légiférer en matière constitutionnelle.

Ce soir en Egypte, c’est la fin du 2ème tour de l’élection présidentielle. Depuis le début de ce deuxième round très séré entre Ahmed Morsi, le candidat des frères musulmans et Mohamed Shafik,  candidat autonome,  mais s’avérant proche des militaires au pouvoir et de l’ancien régime. Aucune manifestation ni accrochage majeurs n’ont été signalés dans l’ensemble du territoire du pays. Il faut remarquer que l’omniprésence des forces de sécurité dans la rue et près des bureaux de vote ont dissuadé toutes les tendances de rompre le calme requis pour l’opération de vote. En effet, une troupe de plus de 150 000 militaires, quadriait le pays. L’atmosphère reste toutefois très tendue après la décision hier soir du Conseil Suprême Militaire de dissoudre formellement l’Assemblée Nationale récemment élue et après le communiqué de ce soir émanant de cette instance qui détient réellement le pouvoir depuis la chute de Moubarak. Ce communiqué est des plus important,car sa teneur et son contexte renvoient à une situation où les militaires se donnent des compétences extraordinaires qui se prolongeront même après l’annonce des résultats définitifs de l’élection présidentielle.

Le communiqué rapporte en effet que le Conseil Suprême de l’Armée a adopté un texte complétant la Déclaration Constitutionnelle qui régit provisoirement les institutions en l’absence d’une constitution en du et bonne forme. Le nouveau texte dit « complémentaire » précise que le président élu devra prêter serment devant la Haute Cour Constitutionnelle en l’absence de l’Assemblée Nationale. Il autorise  l’armée à garder certaines compétences qui sont les siennes en cette phase de vide des institution. Le Conseil  garde à lui les compétences quant à l’organisation de l’armée, à son entretien et à la désignation de ses commandants. Selon ce texte, le Président élu ne pourra déclarer la guerre qu’apès avis dudit Conseil.  Cette déclaration donne également la possibilité pour le Conseil de prendre toutes les mesures pour sauvegarder la sécurité intérieure du pays. Elle donne possibilité au Conseil Suprême de l’Armée de désigner une constituante si au bout de 3mois l’Assemblée Nationale qui sera élue ne parviendra pas à la mettre sur pieds.

Espérant bien que leur candidat Mohamed Morsi soit élu Président, les  islamistes qui étaient majoritaires dans l’assemblée dissoute, n’ont pas exprimé leur point de vu quant à cette initiative de l’armée. Seul l’ancien candidat islamiste Abou El Fouthouh l’a condamné expressément en la qualifiant de coup d’Etat pur et simple contre lequel il faudra s’opposer. Mais le mouvement du 6 avril  vient d’appeler à une marche demain pour protester contre la démarche entreprise par le Conseil Suprême de l’Armée. Mr Labradii quant à lui a estimé que les dernières mesures de l’armée constituent d’ores et déjà une militarisation de la société égyptienne et une dérive contre la révolution.

Nombre d’observateurs ont qualifié cette démarche du conseil consistant à légiférer sur le plan constitutionnel pour le pays, une dérive à la turque lorsque la Turquie était conduite par le Conseil National de Sécurité qui pouvait changer de gouvernements et de parlements à sa guise.

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