Ce positionnement des services français dans une zone à majorité sunnite dans la région frontalière de la Syrie, en pleine violation de la souveraineté libanaise, répond au double souci de Paris de disposer d’un levier d’influence au sein de l’opposition syrienne, en même temps qu’il vise à bonifier auprès des Arabes l’image du plus pro israélien des dirigeants français; de renflouer Saad Hariri, au moment l’ancien premier ministre sunnite libanais, en pleine déconfiture politique, a choisi curieusement Tripoli, le chef lieu du Nord Liban, au mépris de tous les usages, pour y célébrer, avec une semaine de retard, la Fête Nationale Libanaise; une action d’éclat destinée à redorer le blason de ce fugitif permanent, par l’aménagement d’une zone sécurisée visant à l’établissement d’un corridor humanitaire en direction de la Syrie, dans une démarche qui représente le degré ectoplasmique de la politique.
2- Les Etats-Unis
L’administration Obama dispose à Damas d’un véritable prince des ténèbres en la personne de son ambassadeur, Robert Ford, Ambassadeur des États-Unis en Syrie. «Political Officer» à l’ambassade des États-Unis à Bagdad de 2004 à 2006, sous l’autorité de John Negroponte, ancien ambassadeur des États-Unis au Honduras de 1981 à 1985 et futur chef du renseignement américain, Robert Ford a également servi comme ambassadeur en Algérie (2006-2008); autant de missions commandos dans les zones à risque.
Selon le journaliste américain Wayne Maden (opinion-maker.org, 12 septembre 2011), Robert Ford, en Syrie, a été chargé du recrutement d’ «escadrons de la mort» arabes auprès des unités affiliées à Al-Qaïda en Afghanistan, en Irak, au Yémen, et en Tchétchénie, pour lutter contre l’armée et les forces de police syriennes dans la Syrie assiégée. En Irak, sous la supervision de Negroponte, il a mis en œuvre l ’«option El Salvador» par l’utilisation de milices chiites irakiennes et de Peshmergas kurdes pour assassiner, enlever, et torturer des dirigeants irakiens de l’insurrection.
Sur le terrain, parallèlement au déploiement de l’insurrection clandestine, via leurs alliés locaux, le clan Hariri au Liban, ainsi que les pays frontaliers, la Turquie et la Jordanie, le Qatar et l’Arabie saoudite, les Etats-Unis se sont livrés à une démonstration de force, en dépêchant aux larges de la Syrie, le George Bush senior. L’entrée en action du porte-avions George Herbert Walter Bush sr (CVN-77), la plus importante base aéronavale mobile au monde, vise à accentuer la pression sur Bachar Al Assad, alors que la Ligue arabe votait la suspension de la Syrie et donner une impulsion à une opposition syrienne paralysée par ses divisions.
Transportant 90 aéronefs, six mille membres d’équipage, propulsé par deux réacteurs nucléaires, le porte-avions dispose d’un rayon d’action illimité. De la classe du Nimitz, le George HS Bush, est l’un des dix porte avions géants de la marine américaine. Ce bâtiment, l’un des plus modernes au monde, construit en 1998, est équipé de 14 radars de détection et de surveillance, d’un système de brouillage électronique, de deux batteries de missiles surface-air Sea Sparow MK 57 Mod3, de deux batteries de missiles surface-air RIM-116 Rollin Air Frame Missile, de quatre canons anti missiles de 20mm Phalanx.
3- La Russie
L’activisme occidental a donné lieu à une réplique de la Russie qui a dépêché trois bâtiments de sa flotte au large du port syrien de Tartous pour une mission de collecte de renseignements et de neutraliser les manœuvres des pays occidentaux, particulièrement de la France, contre un pays anciennement sous son mandat, qui lui a constamment tenu la dragée haute en soixante ans d’indépendance.
Pour la première fois depuis la chute de l’empire soviétique, il ya vingt ans, le porte-avion Amiral Kouznetzov a fait route vers la Syrie afin de montrer le pavillon et réaffirmer son opposition à une éventuelle offensive militaire atlantiste contre Damas.
Avec son groupe de bataille, l’Amiral-Kouznetzov embarque huit chasseurs Soukhoi Su-33, une dotation significative de Mig-29K d’interception et de combat aérien, deux hélicoptères Kamov Ka-27 et un armement naval fixe très lourd (12 missiles surface-surface antinavire Granit, deux systèmes ASM UDAV-1, un système de missile surface-air Kinzhal et huit batteries de canons de défense aérienne rapproché Kashtan). Des sous marins russes ont également fait relâche dans le port de Tartous et, la Russie aurait doté la Syrie d’un véritable arsenal balistique doublé d’un système de radars couvrant tous les objectifs aériens militaires jusqu’à Tel-Aviv, de même que les mouvements de la base aérienne d’Incirlik en Turquie, qui sert à l’US Air Force et aux forces de l’OTAN. La fourniture russe comporte 79 missiles de croisière Yakhont, mobiles, montés sur des camions radars, d’une portée de 300 kms pour une charge de 150 kg, propulsées à une vitesse trois fois supérieure à celle du son, en complément d’une batterie des missiles sol-air ultrasophistiqués de type SS-300; des engins capables d’intercepter des missiles balistiques ainsi que des cibles aériennes. Des experts russes se seraient rendus en Syrie pour aider à déployer et à rendre opérationnelles ces batteries de missiles. Opérationnel en 5 minutes, le missile SS-300, d’une efficacité éprouvée, est capable de poursuivre 100 cibles et d’engager une action contre 12 d’entre elles simultanément.