Le présent article est repris sur Alter-Info
Les pays occidentaux et leur allié régional du pacte atlantique, la Turquie, ont engagé depuis près d’un an une offensive diplomatique et militaire contre le régime baasiste de Damas en vue de provoquer son implosion, mais cette offensive sans précédent en 40 ans de bras de fer entre la Syrie et l’Occident pourrait connaître un sérieux infléchissement avec la capture par l’Iran d’un drone sophistiqué américain en surveillance des sites nucléaires iranien, via le Béloutchistan,
Indice de l’importance des enjeux, les pays occidentaux sont engagés contre la Syrie, frontalement, sans mandat international, contrairement aux opérations de déstabilisation menées depuis 40 ans contre la Syrie, habituellement le fait des sous traitants régionaux des Etats-Unis, l’Arabie saoudite, le Qatar et les Imérats Arabes. Israël s’occupait d’une besogne beaucoup plus compliquée…!.
La bataille de la Syrie se veut ainsi une bataille décisive au sens stratégique de Clausewitz, en ce qu’elle doit provoquer une modification radicale des rapports de forces régionaux et la création d’une nouvelle réalité sur le terrain par la chute du régime baasiste dans une manœuvre de contournement visant à l’étranglement du dernier récalcitrant arabe. Elle est engagée sur fond de tractations entre les Etats-Unis et les Frères Musulmans visant à propulser la mouvance islamiste sunnite au pouvoir dans la majorité des pays arabes, en guise de substitut à la révolution, en contrepartie d’une mise en veilleuse de la revendication de la confrérie sur la question de la Palestine.
Le collapsus du point focal de l’axe de résistance à l’hégémonie israélo-américaine viserait à assurer la prépondérance sunnite sur les autres composantes de l’Islam, mais cette tractation se ferait sur la base d’un règlement a minima de la question palestinienne, contrepartie indispensable pour les occidentaux à la pérennité d’Israël en terre arabe. La réhabilitation politique de la mouvance islamiste sunnite, après les dérives talibanes des deux précédentes décennies (1990-2000), de même que la souscription de l’Islam sunnite à la pérennité d’Israël devraient ainsi, dans l’esprit des stratèges occidentaux, assurer la domination irréversible du camp occidental sur cette zone pétrolifère et faire pièce à l’accession de l’Iran au seuil nucléaire, à la montée en puissance de la Chine et le retour de la Russie au Moyen Orient. La réactivation de la vieille alliance de l’époque de la guerre froide entre les Etats-Unis et Les Frères Musulmans apparait ainsi comme un solde de tout compte aux déconvenues enregistrées par le camp sunnite dans sa longue coopération avec l’Amérique, qui a abouti au refus de l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne, et au rejet des deux plans saoudiens de paix pour la résolution du conflit israélo-arabe et à la judaïsation rampante de la quasi totalité de la Palestine et de Jérusalem, 3 ième haut lieu saint de l’Islam.
Tant le chef nominal de l’opposition syrienne, Bourhane Ghalioune, que les diverses branches de la confrérie ont déjà donné des gages en ce sens. L’universitaire franco syrien a assuré qu’un de ses objectifs diplomatiques prioritaires serait la rupture du cordon ombilical avec l’Iran et le Hezbollah libanais, tandis que, de son côté, l’opposition syrienne prenait part, en juillet 2011, à Paris, à un colloque sous le parrainage du philosophe philo sioniste Bernard Henry Lévy, parrain de l’opposition libyenne, et qu’en écho, le chef de la branche tunisienne Rachid Ghannouchi, renonçait à inscrire dans le marbre de la constitution tunisienne des dispositions ultra restrictives concernant Israël et que Jeffrey Feltman, le chef d’orchestre américain pour le Moyen orient, affichait, sans être démenti, sa confiance dans la pérennité du Traité de paix égypto-israélien et son respect par les Frères musulmans d‘Egypte . L’engagement direct des Occidentaux dans un tel objectif ambitieux a entraîné l’engagement direct des alliés historiques de la Syrie aux côtés du président Bachar Al Assad; la Russie considère la Syrie, son plus ancien et loyal allié arabe, comme une «ligne rouge infranchissable», de même que l’Iran, le chef de file de la contestation anti occidentale, et son allié régional le Hezbollah, maître d’œuvre de la guerre asymétrique contre Israël. Près d’un an après le début des troubles en Syrie, le champ de bataille présente la configuration suivante :