C’est de Sidi Bouzide qu’était partie la révolution tunisienne, c’est encore de cette ville qu’est partie hier la campagne de fermeture de bars menée par des salafistes ! Mais, si la révolution tunisienne a abouti à la fuite du dictateur Ben Ali et à la mise en place des institutions démocratiques auxquelles aspirait le peuple tunisien depuis son indépendance, la compagne sauvage et musclée menée par des salafistes pour la fermeture d’une dizaine de bars risque fort bien d’être le point de départ d’une période d’anarchie dans le pays. C’est du moins ce que pensent la majorité du peuple tunisien qui tient beaucoup à ses libertés. C’est également ce qui explique le ton énergique de la mise en garde émise aujourd’hui sur les antennes d’une radio privée par le ministre tunisien de la Justice, Noureddine Bhiri. «Je dis à ces gens là – les salafistes –, qui pensent que l’Etat a peur d’eux, que la promenade est terminée et que ceux qui dépassent les lignes rouges vont être punis», a-t-il précisé sur les ondes de la radio tunisienne privée Express FM.
Les mouvements de salafistes se sont révélés au grand jour avec la révolution. Ils se partagent entre les piétistes qui ne se mêlent pas de politique, les politiques et les djihadistes pour qui la violence est légitime pour imposer la religion.
La ville de Sidi Bouzid a connu samedi des évènements jamais enregistrés dans le pays. Selon l’AFP, plusieurs dizaines de salafistes avaient incendié un dépôt de boissons alcoolisées suscitant la colère de quelques habitants et de propriétaires de débits de boissons alcoolisées. Des citoyens dont certains vendeurs d’alcool ont alors mis le feu à leur tour à un tas de pneus et tiré avec un fusil de chasse juste près d’une mosquée. Une enquête a été immédiatement ouverte par les services compétents du ministère de l’Intérieur, et ce, pour identifier les responsables.