Le dimanche 27 mai, le PJD a organisé à Bouznika, station balnéaire au sud de Rabat la capitale, une séance d’audition à laquelle furent conviés cinq de ses ministres en plus du Chef du Gouvernement MR ; BenKirane. Le but était; parait-il, d’ouvrir une campagne de communication interne avec la base du parti qui demande à être tenue au courant de l’action du gouvernement et à la mettre au fait des difficultés rencontrées par ses ministres durant les six mois de leur exercice.
Les cinq ministres, ainsi que Mr. Benkirane ont fait preuve d’une franchise intégrale. De fait, ils ne soupçonnaient nullement la présence de la presse en la personne du journaliste Younès Meskine qui a rapporté ces faits. La transparence dont ils ont fait preuve a permis à l’assistance de se faire une idée précise sur la façon dont ils réfléchissent et sur le mode de travail qu’ils ont du adopter dans les circonstances qui sont les leurs. A les entendre évoquer le favoritisme (l’intervention des familles influentes), leur ignorance des intentions d’un pouvoir qu’ils n’arrivent pas à cerner et l’existence de fantômes incitant aux manifestations et aux grèves, on ne peut qu’être surpris de l’ampleur des aveux auxquels ils comptaient passer. Les réponses émises par les cinq ministres et leur chef aux questions franches et pointues de la part de militants tout à fait enthousiastes et s’attendant à connaître les dessous des plaintes et des lamentations que Mr. Benkirane avait déjà émises brièvement à maintes occasions. Voici les réponses telles que rapportées par le journaliste présent. Nous laisserons aux lecteurs la possibilité d’y épiloguer là-dessus. Car; tellement précises et franches, qu’elles n’appellent pas de notre point de vue, un quelconque commentaire :
– Benkirane : « Il est important de bien collaborer avec le roi, et de maintenir de bons contacts avec lui… Jamais on ne nous prendra en défaut. Bien entendu, l’obéissance ne s’applique que dans le cas du bien ».
– El Othmani : « Ma relation avec le roi est bonne et les contacts ne sont jamais bloqués. J’ai maintenu des fonctionnaires à l’étranger car ils relèvent de familles influentes ou alors, j’ai eu des recommandations à leur sujet… Certains sont en poste depuis 10 à 12 ans ».
– Rebbah : « Vos ministres sont encore en échauffement, et nous ne savons toujours pas si le pouvoir est avec nous ou contre nous… Le match n’en est encore qu’à ses débuts… Les manifestations et les grèves se poursuivront, mais cela ne doit pas nous ébranler ».
– Choubani : « Attention aux illusions, dont la première est de considérer que nous sommes le parti au pouvoir. Les choses ne se passent pas comme cela ; nous sommes des partenaires de l’autorité, avec une majorité au sein d’un système qui regroupe, en plus de nous, le roi, le parlement et le gouvernement… Nous devons remporter la bataille des communales car les collectivités locales sont au cœur de la construction démocratique ».
– El Khalfi : « Il existe des projets pour semer la confusion dans l’action gouvernementale, et pour altérer ses projets dès leur naissance… des tentatives d’isoler le gouvernement de ses partenaires à chaque projet de réforme. Ainsi, par exemple, pour le secteur de la communication, on a activé des gens de l’intérieur même du système contre le gouvernement ; pour la justice, il en a été de même en faisant monter au créneau des gens issus du système judiciaire ; idem pour la question des associations… »
Voilà, tout y est dit ! Pas besoin de rajouter quelque chose pour expliciter encore ces propositions. La confession est faite, il faut en tirer les conclusions qui s’imposent !