Le Conseil de coordination de la propagande islamique appelle à des manifestations après la prière du vendredi. L’Iran a haussé le ton mercredi contre un projet d’union entre l’Arabie saoudite et Bahreïn, appelant les Iraniens à se mobiliser contre les familles régnantes dans les deux pays.
Le Conseil de coordination de la propagande islamique, qui organise les manifestations officielles du régime iranien, a ainsi appelé la population à manifester dans tout le pays après la prière du vendredi « contre le plan américain d’annexion de Bahreïn par l’Arabie saoudite et pour exprimer leur colère contre les régimes laquais d’Al-Khalifa et d’Al-Saoud ».
« Ce complot dangereux (d’union) est le résultat du triangle funeste américano-britano-sioniste pour empêcher les révoltes populaires de s’étendre dans les pays de la région et de contrôler la crise à Bahreïn que le régime d’Al-Khalifa est incapable de régler », a affirmé le Conseil iranien dans le communiqué.
La question de Bahreïn est sensible en Iran. Un courant conservateur nationaliste au sein du régime considère toujours plus ou moins cette île, qui appartenait à la Perse avant d’être colonisée par la Grande-Bretagne au 19e siècle puis d’accéder à l’indépendance en 1971, comme une province iranienne.
L’Iran soutient également l’opposition chiite à Bahreïn, hostile elle-même au projet d’union, et a violemment dénoncé l’intervention militaire saoudienne à Bahreïn en mars 2011 pour aider le pouvoir à réprimer les manifestations. »La République islamique, garante de l’intégrité territoriale de l’Iran, a le droit de vouloir le retour d’une province séparée de la patrie islamique », n’a pas hésité à affirmer mercredi Hossein Shariatmadari, directeur du quotidien ultraconservateur Kayhan nommé par le guide suprême iranien Ali Khamenei. « Les Bahreïnis se considèrent comme des Iraniens et selon des rapports ils ont le désir d’un retour à l’Iran », a-t-il ajouté.Les dirigeants des six monarchies arabes du Golfe ont décidé lundi d’étudier un projet d’union, qui pourrait regrouper dans un premier temps l’Arabie saoudite et le petit royaume de Bahreïn, secoué par des manifestations de la population majoritairement chiite, comme en Iran, contre le pouvoir sunnite. Le gouvernement et le Parlement iraniens ont violemment dénoncé ce projet, estimant qu’il violait les droits de la population bahreïnie et ne pouvait qu’aggraver la crise.
Riyad et Manama ont sommé en retour Téhéran de ne pas s’immiscer dans leurs affaires, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud el-Fayçal dénonçant lundi « une menace de l’Iran (…) inacceptable et inadmissible ». Le ministère bahreïni des Affaires étrangères a qualifié de son côté mardi les critiques iraniennes d' »atteinte à l’indépendance et à la souveraineté » du royaume.
Ces déclarations incendiaires et les manifestations prévues vendredi risquent d’aggraver encore les tensions entre l’Iran et ses voisins arabes du Golfe, exacerbées depuis un an par une accumulation de contentieux. Les relations entre Riyad et Téhéran, tendues depuis l’intervention saoudienne à Bahreïn, se sont encore détériorées après la découverte d’un « complot » contre l’ambassadeur saoudien à Washington attribué à l’Iran, que les dirigeants saoudiens accusent également de fomenter des troubles au sein de la minorité chiite du royaume.
Téhéran est exaspéré de son côté par le soutien actif de Riyad et du Qatar à l’opposition syrienne, dont les manifestations menacent le régime du président Bachar el-Assad, principal allié de l’Iran dans la région.
Les tensions latentes entre l’Iran et les Emirats arabes unis se sont par ailleurs réveillées en avril avec une visite du président iranien Mahmoud Ahmadinejad dans l’île d’Abou Moussa, à l’entrée du Golfe, contrôlée par l’Iran depuis 1971 mais revendiquée par Abou Dhabi.