Pendant plus de deux heures, Benkirane s’est plié, hier à la Chambre des représentants, aux jeux des questions de la majorité et de l’opposition. Un exercice inédit qui, dorénavant, sera mensuel
La chambre des représentants a connu, hier, le passage d’un invité particulier. Abdelilah Benkirane. Majorité et opposition ont fortement mobilisé leurs troupes respectifs, rares étaient les sièges vides. La solennité du moment en valait bien le déplacement. C’est la première fois qu’un chef de gouvernement se présente, devant les députés, juste quatre mois après l’exercice de ses fonctions.
Un rendez-vous qui, dorénavant, sera mensuel. C’est l’article 100 de la nouvelle constitution qui l’exige. « Les réponses aux questions de politique générale sont données par le Chef du Gouvernement. Une séance par mois est réservée à ces questions et les réponses y afférant sont présentées devant la Chambre concernée dans les trente jours suivant la date de leur transmission au Chef du Gouvernement ».
Pendant plus de deux heures, Benkirane s’est plié aux jeux des questions de la majorité et de l’opposition. Cette dernière n’a pas fait dans la dentelle, attendait le chef de l’exécutif de pied ferme avec des critiques acerbes. Pour Ahmed Zaidi, le président du groupe socialiste, les quatre mois du gouvernement se résumaient en un flot de «bonne intentions » mais « qui ne font pas un programme », déplore-t-il. Dans sa réponse, Benkirane a demandé plus de temps affirmant au passage que« je ne peux régler en cinq mois des problèmes de 50 ans ». et Zaidia de lui répliquer que « le peuple marocain ne peut pas attendre éternellement ».
Certes les conseillers de Benkirane lui ont préparé, d’avance, et par écrit les réponses mais, contrairement à Abbas El Fassi, qui restait scotché sur ses feuilles, il s’est permis des moments d’improvisation en darija ponctués de blagues et de vives critiques à ses opposants.
Ainsi, lorsque le volet de l’économie de rente a été soulevé, Benkirane, apparemment excédé, a lancé à l’opposition qui remettait en question sa volonté de lutter contre ce phénomène, « vous n’êtes mieux placé pour donner au gouvernement que dirige le PJD des leçons en transparence ».
Même constat avec les cahiers des charges de 2M. « Ce qui a dérangé certaines personnes ce n’est nullement la diffusion des appels à la prière et le
L’emploi divise la majorité
C’est sur le volet de l’emploi que des fausses notes ont été relevées chez la majorité. Les députés de l’Istiqlal ont reproché au chef de gouvernement sa décision de ne pas honorer le PV, du 20 juin 2011, signé entre son prédécesseur Abbas El Fassi et un groupe de plus de 2200 diplômés sans emploi, leur accordant une intégration directe à la fonction publique sans passer de concours.
Dans sa réplique, Benkirane a commencé par rappeler son engagement à encourager l’emploi dans le secteur privé. Et qu’il est contre le recrutement sous la menace de la protestation et autres sit-in. Quant au PV du 20 juin 2011, le chef de l’exécutif a souligné que l’article 31 de la nouvelle loi fondamentale et l’article 22 de la loi organique de la fonction publique lui enjoignent l’ordre de ne pas faire des distinctions entre les Marocains et les Marocaines.
Sur ce même volet, Abdelilah Benkirane a été obligé de revoir à la baisse le nombre des personnes qui pourraient intégrer la fonction publique. Il ne s’agit plus de 26.000 comme annoncé dans la loi de finances mais seulement 19.000. Les 7000 manquant à l’appel étaient déjà des contractuels qui seront titularisés.