La nouvelle APN sera “beaucoup plus un conseil de transition que la Constituante qu’ils nous avaient promise”, a-t-il dit.
Lors d’une réunion de son conseil consultatif tenu, hier, le Mouvement de la Société pour la Paix (MSP), a étudié la position politique à adopter vis-à-vis de ceux qu’il accuse de frauder les résultats des élections législatives . Prenant la parole à l’ouverture des travaux du conseil, Abou Djerra Soltani, président du Mouvement, a qualifié franchement les résultats annoncés comme étant le produit d’une “fraude massive et de spoliation de voix des Algériens”. Pour preuve : les résultats obtenus par l’Alliance verte lors des joutes électorales. Pour lui, cette élection traduit la volonté du régime “de rester dans une période de transition”.
“Les fraudeurs sont des nostalgiques du parti unique”, a-t-il encore asséné. L’APN sera d’après lui, “beaucoup plus un conseil de transition que la Constituante qu’ils nous avaient promise”. La future Assemblée, dans laquelle l’Alliance verte ne comptera que 47 députés, aura à décider sur des questions fondamentales dans la vie du pays. La faible présence du courant islamiste n’aura, donc, aucun effet sur les décisions qui seront prises. Sur cette question, Abou Djerra estime que le tripotage des résultats du dernier vote vise essentiellement à “exclure le courant islamiste, dans son ensemble, des enjeux politiques importants à venir”. De prime abord, Abou Djerra considère que la Chambre basse du Parlement est appelée “à confectionner une Constitution sur mesure”. Abou Djerra a appelé par la même occasion à redéfinir la légitimité du pouvoir et à mettre fin “à celle historique pour ouvrir les voies devant la nouvelle génération”.
Sans citer de noms, Abou Djerra égratigne ses ex-alliés de l’alliance présidentielle et le président Bouteflika. Devant les ministres du MSP, il a indiqué qu’avec ce “trafic”, c’est le printemps algérien qui est reporté. Et de se demander sur “la suite à donner aux réformes engagées par le Président”, en le prenant pour responsable, car “ses réformes exigent le respect de la volonté populaire”. Et d’ajouter que seule la démocratie a perdu lors des dernières élections, avec la consécration de l’abstention comme première force politique du pays et la fraude comme second parti. La réunion du majliss echoura du MSP, hier, a aussi traité des positions du parti et son probable retrait du gouvernement. Une question lancinante à laquelle Abou Djerra n’a pas répondu, même s’il a fait des allusions, en estimant que “le projet du MSP est un projet d’avenir, et ce ne sont pas les élections qui vont l’arrêter”. Le chef de file de l’Alliance verte acceptera-t-il de siéger au futur gouvernement ? Avec les résultats obtenus par la liste de l’Alliance à Alger menée par Amar Ghoul, difficile d’entrevoir un retrait du fait du poids du ministre des Travaux publics au sein du parti. Même si, en face, l’aile dite “radicale” du parti estime que figurer dans la future équipe gouvernementale risque “fortement d’imploser le parti”. Ils en veulent pour preuve l’appel “de la base à s’opposer à un pouvoir qui nous exclus par le trafic des élections”.
Quant à l’avenir du parti, dans deux mois Abou Djerra ne sera plus président selon les statuts de la formation. Il y a lieu d’ajouter que la dernière débâcle des législatives et la guerre des tranchées engagée risque de lui être fatales quant à sa place sur la scène politique algérienne.